« Des centaines d’agents du Mossad » : comment l’opération ‘Am Kelavi a été préparée depuis des mois
Le service de renseignement avait méthodiquement planifié en amont l’attaque contre un régime qui traque les collaborateurs de l’État hébreu.
Par Damien Licata Caruso
La campagne de frappes israéliennes contre des généraux et des infrastructures critiques iraniens a été précédée d’une planification méticuleuse et d’une infiltration en profondeur dans un des pays les plus fermés du monde.
Selon des médias israéliens et américains, l’offensive « Am Kelavi » (Lion dressé) a associé des drones bardés d’explosifs, préalablement introduits en Iran, à des missiles et avions de chasse.
L’État-major israélien a qualifié l’opération de « plus grand succès dans la collaboration entre les services de renseignements et l’armée dans toute l’histoire du pays ».
D’après le journaliste israélien spécialisé Barak Ravid, « des centaines d’agents du Mossad, à la fois à l’intérieur de l’Iran et au siège, ont été impliqués, y compris une unité spéciale d’opérateurs iraniens travaillant pour le Mossad ».
Jamais avare en histoires qui consolident le mythe de sa toute-puissance, Israël a distillé des détails techniques sur l’opération à la chaîne américaine Fox News. « Le Mossad a travaillé avec un nombre énorme de personnes, dont de nombreux agents à l’intérieur de l’Iran opérant au plus haut niveau de pénétration imaginable. Certains ont agi comme des commandos pour mener des missions critiques » a témoigné une source sécuritaire.
Des missiles introduits « cachés dans des rochers »
Leur œuvre s’est découpée en trois phases qui ont facilité les bombardements. « Nous avons détruit les infrastructures de missiles surface à surface et surface à air, visé des scientifiques confirmés et anéanti de larges portions de leurs défenses antiaériennes ».
Ce déploiement a aussi mis hors d’état les batteries de missiles balistiques susceptibles de viser Israël en riposte immédiate.
Les moyens employés ? Des drones kamikazes et des missiles introduits en contrebande et parfois « cachés dans des rochers ».
Au nez et à la barbe des services de contre-espionnage iraniens. Deux officiels du régime ont expliqué au New York Times ne pas savoir quand ou comment ces armes avaient fait leur entrée dans le pays.
Des sabotages ont aussi été menés en amont comme une opération digne d’un roman d’espionnage où plusieurs hauts gradés de l’armée de l’air iranienne auraient été convaincus de se réunir au même endroit pour une opération de communication du régime. Précipitant leur élimination en une seule frappe.
Planifiée pendant entre 8 mois et deux ans, l’action au sol s’est appuyée sur une infiltration israélienne bien plus ancienne. « Cela fait plus de 15 ans qu’Israël suit le programme nucléaire » iranien, relève Michael Horowitz, géopoliticien israélien. Les frappes constituent « l’aboutissement d’années de collecte de renseignements et de pénétration de la République islamique ».
Régulièrement traqués par le régime des Mollahs, les collaborateurs sont passés à l’action après des années en mode sous-marin. La police iranienne a encore arrêté ce week-end deux personnes soupçonnées d’avoir des liens avec le Mossad.
En perte de vitesse après plusieurs revers à l’étranger, le célèbre service de renseignements extérieurs avait déjà redoré son blason avec deux opérations réussies coup sur coup après les explosions des bipeurs du Hezbollah et l’assassinat d’Hassan Nasrallah.
Mais aussi l’élimination en plein cœur de Téhéran, d’Ismaïl Haniyeh, chef politique du mouvement islamiste palestinien Hamas. Autant d’affronts au régime iranien et à ses redoutables gardiens de la Révolution.