L’avenir incertain des Juifs new-yorkais face à la percée de Zohran Mamdani
New York, cœur historique et culturel de la communauté juive américaine, pourrait connaître un bouleversement politique de grande ampleur. Avec plus d’1,5 million de Juifs dans l’État – soit près d’un quart de la population juive des États-Unis – la métropole a toujours représenté un refuge, une terre d’expression, et un bastion de l’identité juive en diaspora. Pourtant, un nouveau nom agite les esprits : Zohran Mamdani.
Âgé de 33 ans, Mamdani, socialiste autoproclamé et ardent défenseur du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), a récemment remporté la primaire démocrate de New York avec 56 % des voix. Originaire d’Ouganda et de confession musulmane, il a construit son image autour d’un discours résolument progressiste, militant notamment pour la justice sociale, la redistribution des richesses, et le soutien à la cause palestinienne. S’il est encore devancé dans les sondages par des figures établies comme Eric Adams ou Andrew Cuomo, de nombreux observateurs le donnent en position favorable pour l’élection municipale.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas en 2023, les actes antisémites sont en nette augmentation dans la ville. Insultes, agressions physiques, menaces dans les lieux de culte ou de vie communautaire… Selon un haut responsable du NYPD, les incidents sont devenus quasi quotidiens. Plus inquiétant encore : l’impunité dont semblent bénéficier leurs auteurs. Peu d’arrestations, peu de condamnations, et un sentiment de vulnérabilité croissant dans les quartiers historiquement juifs.
Dans ce contexte, l’évolution du climat politique inquiète au-delà de la sphère religieuse. La célèbre « fenêtre d’Overton », concept décrivant comment des idées extrêmes finissent par devenir acceptables, semble illustrer l’évolution actuelle : ce qui apparaissait impensable il y a quelques années – un candidat anti-Israël aux portes du pouvoir dans la capitale juive d’Amérique – semble aujourd’hui parfaitement envisageable.
Même des institutions culturelles, comme les librairies ou les salles de spectacle, adaptent leur programmation pour éviter les controverses. Des ouvrages jugés trop « pro-israéliens » sont retirés discrètement des rayons, tandis que les discours en faveur de la cause palestinienne gagnent en visibilité. Une évolution qui n’échappe pas à la communauté, souvent tiraillée entre attachement historique à la ville et sentiment croissant d’insécurité.
Reste à voir si les électeurs confirmeront cette orientation aux prochaines élections. Mais d’ores et déjà, le débat révèle un malaise grandissant. À mesure que certaines voix politiques montent, d’autres se taisent ou prennent le chemin de l’exil. Comme si la ville qui ne dort jamais s’apprêtait à tourner une page de son histoire, sans que tous ses habitants y soient invités.