Les Pays-Bas ont classé Israël comme une menace

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Dans un tournant diplomatique inédit, un rapport officiel publié aux Pays-Bas a classé Israël parmi les menaces directes pesant sur la sécurité nationale néerlandaise. Cette décision, issue d’une analyse conjointe des principaux services de renseignement du pays, marque une évolution significative dans les relations entre les deux nations.

Un signal fort des services de renseignement
Le document intitulé « Situation des menaces étatiques 2025 » émane des trois grandes agences de sécurité néerlandaises : le Service général de renseignement et de sécurité (AIVD), le renseignement militaire (MIVD) et le Coordinateur national pour la lutte contre le terrorisme et la sécurité (NCTV). Pour la première fois, Israël figure sur cette liste aux côtés de pays comme la Russie, la Chine et l’Iran.

Le cœur du reproche formulé à l’encontre d’Israël réside dans ses actions visant la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice, toutes deux situées à La Haye. Selon le rapport, les démarches entreprises par Israël – souvent en coordination avec les États-Unis – sont perçues comme des pressions et menaces directes contre le bon fonctionnement de ces institutions juridiques internationales.

L’ordre juridique international en jeu

Les auteurs du rapport soulignent que ces actions pourraient aller jusqu’à paralyser l’activité des deux cours en restreignant leur accès à des ressources financières ou logistiques, remettant ainsi en cause l’un des fondements de la politique étrangère néerlandaise : la défense de l’ordre juridique international.

Ce positionnement est d’autant plus sensible pour les Pays-Bas qu’ils accueillent sur leur sol ces institutions internationales, et qu’ils en garantissent la sécurité et le bon fonctionnement. Toute tentative de saper leur légitimité ou leur capacité d’action est donc considérée comme une atteinte à la souveraineté néerlandaise.

Des actions diplomatiques jugées intrusives

Outre les tensions autour des institutions judiciaires, le rapport évoque des tentatives d’influence politique et médiatique de la part d’Israël. Un épisode précis est mentionné : la diffusion ciblée, par le ministère israélien de la Diaspora, d’un rapport envoyé directement à des responsables politiques et journalistes néerlandais après un match entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv.

Le gouvernement néerlandais a exprimé un vif mécontentement à l’égard de cette démarche, qualifiée d’« inhabituelle et indésirable ». Selon le rapport, de telles initiatives pourraient provoquer des tensions internes, voire exposer les personnes ciblées à des intimidations ou menaces.

Une menace d’un nouveau genre

À la différence d’autres pays mentionnés dans le rapport, comme la Russie (associée à des cyberattaques ou à l’espionnage militaire), Israël n’est pas accusé de représenter une menace militaire ou économique. La nature de la menace identifiée est juridico-diplomatique et politique. Elle concerne la capacité d’un État étranger à influencer des décisions ou à miner des institutions considérées comme centrales pour l’identité et la stabilité néerlandaises.

Le rapport souligne également que le climat international, marqué par les guerres en Ukraine et à Gaza, crée un contexte propice à une remise en question des alliances traditionnelles. Dans ce cadre, les Pays-Bas cherchent à repenser leur posture face aux acteurs étrangers, y compris ceux historiquement considérés comme alliés.

Une rupture dans la relation bilatérale

Jusqu’à récemment, les Pays-Bas étaient souvent perçus comme un partenaire fidèle d’Israël en Europe, tant sur le plan diplomatique qu’économique. Toutefois, des signes de tension sont apparus ces derniers mois. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Waldekamp, a par exemple appelé à revoir l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne, un signal clair de distanciation.

L’inclusion d’Israël dans ce rapport comme une menace directe est donc un changement d’orientation majeur, révélateur d’une plus grande vigilance vis-à-vis des actions étrangères qui, même sans intention hostile apparente, sont perçues comme compromettant la souveraineté ou la stabilité démocratique du pays.

Ce repositionnement stratégique illustre une tendance plus large des démocraties européennes à reconsidérer leurs priorités sécuritaires dans un monde marqué par des rapports de force de plus en plus flous et imprévisibles.

Jforum.fr

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