Un haut responsable de la branche militaire du Hamas affirme qu’à la veille du massacre du 7 octobre, des agents doubles ont été activés afin de transmettre de fausses informations au service de sécurité générale israélien (le Shabak), dans le but de créer l’illusion d’une routine sécuritaire dans la bande de Gaza. Selon ce responsable, ces informations ont influencé l’évaluation du renseignement israélien et ont permis de dissimuler les préparatifs de l’attaque meurtrière.
JDN
D’après lui, les services de sécurité du Hamas avaient, dès 2017, découvert un vaste réseau d’espionnage au service d’Israël. Certains des agents démasqués auraient été réutilisés par les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, comme agents doubles chargés de recueillir des renseignements sur les méthodes du Shabak, l’identité de ses agents et les équipements à leur disposition.
Selon Mahmoud Mardawi et Jasser Barghouti, deux cadres du Hamas interrogés en février 2025, l’un des tournants fut l’arrestation de 45 Palestiniens identifiés comme agents israéliens, à la suite de l’assassinat de Mazen Fuqaha en 2017. Mardawi affirme que ces arrestations ont « paralysé la capacité de l’ennemi à obtenir du renseignement » et ont empêché Israël de recevoir des alertes pertinentes avant l’attaque. Barghouti ajoute que, grâce au démantèlement de ce réseau, le Hamas a pu comprendre les modes opératoires du renseignement israélien – et ainsi activer des agents doubles transmettant des informations ciblées ou erronées.
Selon lui, ces agents ont biaisé les évaluations israéliennes et ont joué un rôle dans l’opération « Déluge d’al-Aqsa », nom donné à l’attaque du 7 octobre.
L’opération « Illusions »
Selon des publications officielles du Hamas, la stratégie de tromperie du renseignement israélien avait débuté bien avant octobre 2023. Dans un documentaire diffusé sur la chaîne Al-Mayadeen en décembre 2019, le Hamas a présenté l’opération « Illusions », menée entre 2016 et 2018.
D’après cette version, un agent ayant accès à l’unité de roquettes des Brigades al-Qassam aurait été retourné par le Shabak pour localiser et détruire des rampes de lancement – mais en réalité, il opérait sous les ordres du Hamas.
Le documentaire montre que l’agent aurait volontairement induit le renseignement israélien en erreur, dévoilé l’identité de ses officiers traitants du Shabak, et même obtenu d’eux du matériel sensible. Une conversation enregistrée avec son officier israélien est présentée comme preuve de sa double allégeance.
Le Hamas affirme que l’objectif du documentaire était de « surprendre l’ennemi » et de démontrer sa capacité à contrecarrer les opérations de renseignement à l’avenir.
Réactions israéliennes
Les autorités sécuritaires israéliennes refusent de commenter officiellement les affirmations du Hamas. Toutefois, des sources sécuritaires mettent en garde : « Il faut considérer avec la plus grande prudence les publications de propagande d’une organisation terroriste, qui cherche à gonfler ses capacités et à revendiquer de faux succès. »
Des experts en renseignement estiment qu’il est possible que le Hamas ait effectivement réussi à activer certains agents doubles, mais ils doutent de sa capacité à mener une campagne de renseignement d’une telle ampleur et complexité.
Ces allégations sur l’usage d’agents doubles révèlent un aspect supplémentaire de l’échec du renseignement, actuellement examiné par diverses commissions d’enquête. La capacité du Hamas non seulement à dissimuler ses intentions, mais aussi à injecter activement de fausses données dans le système de renseignement israélien, soulève de graves questions sur les méthodes employées dans les territoires contrôlés par l’organisation.
Si certains de ces éléments s’avèrent exacts, il s’agirait de l’un des plus graves échecs de renseignement de l’histoire d’Israël – ayant permis l’une des pires tragédies nationales jamais connues.