Après avoir refusé de promouvoir la loi sur l’exemption du service militaire dans la version voulue par la coalition, le député Yuli Edelstein a été évincé de la présidence de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense. Il a été remplacé par le député Boaz Bismuth du Likoud, dont la nomination a été approuvée par un vote de 9 contre 7.
Ynet
Lors du vote houleux, en présence de familles d’otages, des tensions ont éclaté, notamment du fait des pressions exercées par les partis orthodoxes et par le Likoud, qui ont exprimé leur défiance à l’égard de la direction d’Edelstein. Ce dernier a mis en garde : « Si je suis évincé, la Knesset ne sera plus jamais la même ». Il a dénoncé une manœuvre politique visant à imposer une loi d’exemption déguisée.
Bismuth entre en fonction
Après sa nomination, Bismuth a déclaré : « Le lien entre l’étude de la Tora et Tsahal est un lien gagnant ». Il a affirmé qu’il assumait son rôle « avec un sens sacré, en pleine guerre qui exige une unité nationale ». Il a appelé à la coopération entre coalition et opposition : « L’ennemi ne distingue pas entre les communautés juives. Nous sommes tous dans le même bateau ».
Il a également répondu aux critiques sur le fait que son fils ne ferait pas l’armée : « Mon fils a 12 ans », a-t-il dit, appelant à l’unité au sein de la société israélienne.
Edelstein contre-attaque
Avant le vote, Edelstein s’est excusé auprès des familles d’otages présentes :
« Je comprends votre étonnement face à une réunion de plus de 5 heures dans les circonstances actuelles. Je vous demande pardon pour l’angoisse que vous ressentez ».
Il a raconté avoir été insulté près de chez lui, traité de « traître » et de « déchet », ajoutant : « Contrairement à l’image qu’on essaie de faire passer, nous avons exercé une surveillance constante sur le système de défense ».
Il a révélé le projet de loi qu’il avait rédigé, rejeté par les partis orthodoxes, et a déclaré :
« Je voulais une bonne loi sur la conscription, mais les ‘harédim n’en voulaient pas. Vous avez entendu leurs rabbins : interdiction absolue de toute structure militaire ». Selon lui, son remplacement « n’apportera rien, si ce n’est davantage de chaos quand Tsahal devra lancer des opérations de coercition ».
Le projet Edelstein : des sanctions lourdes
La version du projet de loi d’Edelstein comprenait :
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Retrait de l’aide au logement et des subventions pour les crèches.
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Interdiction de quitter le territoire.
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Suspension ou refus du permis de conduire.
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Système de contrôle biométrique avec empreinte digitale trois fois par jour à la Yechiva.
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Sanctions pénales pour les responsables de fausses déclarations.
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Pouvoir accordé au ministre de la Défense de radier une Yechiva ne respectant pas les conditions.
Ces mesures ont été perçues comme une ligne rouge par les partis religieux.
Polémique autour de l’éviction
La conseillère juridique de la Knesset, ‘Hagit Apik, a critiqué le remplacement d’un président de commission pour des raisons politiques : « Cela ne doit être fait que dans des cas extrêmement exceptionnels ». Elle a averti que cette démarche pourrait porter atteinte à la validité juridique de la future loi sur la conscription et peiner à passer l’examen de la Cour suprême.
Elle a rappelé que le président d’une commission dispose de pouvoirs étendus et qu’il est crucial qu’il agisse de manière indépendante. Bien qu’elle n’ait pas déclaré la procédure illégitime, elle a souligné le risque qu’elle crée un précédent dangereux.
Réactions politiques
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Michaeli (Travailliste) : « L’intérêt personnel de Netanyahou l’emporte encore sur l’intérêt national ».
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Sharon Nir (Israël Beitenou) : « Une démocratie post-traumatique, une coalition déconnectée, une Knesset qui vire son président pour des motifs partisans ».
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Karine Elharrar (Yesh Atid) : « Galant vous gênait ? Adieu. Halevi aussi ? Au revoir. Maintenant c’est Edelstein. Vous ne vous arrêterez pas là ».
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Naor Shiri : « Vous êtes un régime monarchique. Un président de commission ne vous convient pas ? Vous le virez ».
Témoignage poignant
La mère de Matan Angrest, soldat otage, a brandi l’ordre d’enrôlement de son plus jeune fils : « Il veut être combattant, mais ne veut pas tuer son frère. Regardez ce que Matan a vécu – lynché alors qu’il défendait ce pays pendant que vous dormiez. Et vous ne le sauvez pas. Vous l’abandonnez pendant que vous discutez d’une loi pour échapper à l’armée ».
Une manœuvre planifiée
Des sources ‘harédithes ont confirmé que la désignation de Bismuth faisait suite à un dialogue fluide avec lui. Il leur a assuré qu’il serait capable de faire passer une loi qui permettrait en pratique à des milliers de jeunes d’être exemptés.
Ophir Katz, chef de la coalition, a défendu l’éviction : « Nous lui avions laissé le champ libre, mais il n’a jamais soumis de version définitive, ni mené les débats. Cela a provoqué une crise au sein de la coalition ».
Lapid dénonce
Yair Lapid a qualifié la révocation d’Edelstein de « trahison totale envers nos soldats ». Il a mis Bismuth au défi : « Tu es un sioniste, un homme de principes. Si tu signes une loi sans sanctions réelles, tu trahis tout ce que tu as défendu ».