Ce parc à Dublin provoque un clash entre Israël et l’Irlande

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Le changement de nom du parc Herzog relance un débat sensible, mêlant mémoire juive, diplomatie israélienne et crispations politiques irlandaises.

Le conseil municipal de Dublin débat de l’opportunité de renommer le parc « Parc Hind Rajab » ou « Parc de la Palestine libre ».

Chaim Herzog, mort en 1997, fut président d’Israël de 1983 à 1993 et son fils est l’actuel président du pays. Né à Belfast, en Irlande du Nord, il a grandi à Dublin, auprès de son père, qui était, lui, Grand rabbin en Irlande.

Le Premier ministre irlandais, Micheál Martin, s’est opposé dimanche à la proposition faite à Dublin de renommer un parc portant le nom de Chaim Herzog, sixième président d’Israël.

 

« La proposition de renommer Herzog Park doit être retirée intégralement et ne pas être mise en œuvre », a déclaré Martin dans un communiqué. « Cette proposition effacerait la contribution unique et précieuse de la communauté juive à la vie irlandaise pendant de nombreuses décennies, notamment sa participation active à la guerre d’indépendance irlandaise de 1919-1921 et à la création de l’État irlandais », a-t-il ajouté.

 

« Cette proposition renie notre histoire et sera sans aucun doute perçue comme antisémite. Elle est ouvertement source de division et erronée. La contribution de notre communauté juive irlandaise à l’évolution de notre pays sous toutes ses formes doit toujours être chérie et reconnue à sa juste valeur. »

Samedi, Helen McEntee, ministre d’État irlandaise au ministère des Affaires étrangères et du Commerce, a fait part de ses propres objections au changement de nom proposé.

 

Chaim Herzog, dont le fils est actuellement président d’Israël, est né à Belfast et a grandi à Dublin, a souligné McEntee. Le père de Chaim Herzog, Yitzhak HaLevi Herzog, était grand rabbin d’Irlande.

 

Dans un communiqué, Mme McEntee a déclaré soutenir les critiques de son gouvernement à l’égard des politiques israéliennes à Gaza et en Judée-Samarie, mais que « le fait de retirer le nom d’un Irlandais juif n’a rien à voir avec cela et n’a pas sa place dans notre république inclusive. À mon avis, ce changement de nom ne devrait pas avoir lieu, et j’exhorte les conseillers municipaux de Dublin à voter contre. »

Le conseil municipal de Dublin se réunira lundi pour délibérer sur la proposition de renommer le parc.

Deux pétitions distinctes ont demandé au comité d’adopter les noms de « Parc Hind Rajab », en hommage à une jeune fille qui aurait été tuée par les Forces de défense israéliennes à Gaza en 2024, et de « Parc Palestine libre ».

Selon le média irlandais The Journal, la conseillère travailliste Fiona Connelly a présenté une motion en décembre 2024 concernant le nom du parc, qui a été adoptée par le comité de la zone sud-est du conseil municipal.

Cette décision a suscité des critiques internationales.

« Quand on pense que la situation en Irlande concernant l’animosité envers Israël et le peuple juif ne peut pas empirer, elle vient de le faire », a écrit le sénateur Lindsey Graham (RS.C.) sur X dimanche.

« Je ne sais pas ce que les Dublinois essaient de dire, mais voici ce que j’entends : un bouleversement complet de l’histoire en ce qui concerne le peuple juif et l’État d’Israël », a-t-il poursuivi.

« L’Irlande moderne est un beau pays aux paysages magnifiques, mais malheureusement, elle est devenue un véritable foyer d’antisémitisme », a conclu Graham.

En décembre 2024, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a ordonné la fermeture de l’ambassade d’Israël à Dublin en raison de la position hostile de l’Irlande envers l’État juif.

En annonçant cette décision, Sa’ar a évoqué « la politique anti-israélienne extrême du gouvernement irlandais ».

« Les actions et la rhétorique antisémites que l’Irlande adopte à l’encontre d’Israël reposent sur la délégitimation et la diabolisation de l’État juif et sur une politique de deux poids, deux mesures », a déclaré Sa’ar.

« L’Irlande a franchi toutes les lignes rouges dans ses relations avec Israël. Israël investira ses ressources dans la promotion des relations bilatérales avec les pays du monde en fonction des priorités qui découlent également de l’attitude des différents pays à son égard », poursuit le communiqué.

La communauté juive en colère

Le petit parc se trouve près de l’unique école juive de Dublin.

Les réactions de la population juive irlandaise ont été immédiates. Le Grand rabbin d’Irlande, Yoni Wieder, a jugé qu’un acte de la sorte reviendrait à «effacer un point central de l’histoire irlando-juive et adresserait un message d’isolement à notre petite communauté».

Le chef du Conseil représentatif juif d’Irlande, Maurice Cohen avait lui affirmé que la proposition était perçue par la communauté juive irlandaise, qui compte environ 3000 personnes, «comme un acte grossier d’antisémitisme».

Le chef de la diplomatie israélienne, Gidéo Saar, a affirmé samedi sur les réseaux sociaux que «Dublin est devenu la capitale de l’antisémitisme dans le monde».

Jforum.fr avec jns, www.watson.ch/fr et CNEWS

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