L’espion double Sergueï Skripal a été empoisonné en 2018 avec l’agent neurotoxique « Novitchok » (notre illustration), en Grande-Bretagne, lui et sa fille. Tous deux ont été hospitalisés dans un état grave mais ont survécu. Des agents russes ont introduit le poison dans le pays dans un flacon de parfum, qu’une femme ayant trouvé le flacon a pulvérisé sur sa main avant de mourir. La commission d’enquête a conclu aujourd’hui qu’il ne fait aucun doute que Poutine a ordonné l’élimination de Skripal — et qu’il porte une « responsabilité morale » dans la mort de cette femme. Selon la commission, le flacon contenait assez de poison « pour tuer des milliers de personnes ».
Ynet
Une commission d’enquête britannique a établi que le président russe Vladimir Poutine avait ordonné d’attaquer en 2018 avec l’agent neurotoxique « Novitchok » Sergueï Skripal, l’ancien agent double vivant au Royaume-Uni. La commission a aussi conclu que Poutine porte une « responsabilité morale » dans la mort d’une femme innocente exposée au produit.
Skripal, ancien officier du GRU (renseignement militaire russe), avait été condamné en 2006 pour avoir transmis des secrets d’État au Royaume-Uni. Quatre ans plus tard, il avait été transféré en Grande-Bretagne dans le cadre d’un échange d’espions.
En mars 2018, Skripal a été retrouvé inconscient sur un banc près de son domicile à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, avec sa fille Ioulia. Tous deux se sont effondrés après que du Novitchok, sous forme liquide, avait été appliqué sur la porte de leur maison. Ils ont été hospitalisés dans un état critique, ainsi qu’un policier venu les secourir — et tous trois ont finalement survécu.
En revanche, trois mois plus tard, Dawn Sturgess, une femme de 44 ans et mère de trois enfants, est décédée. Elle avait été exposée au Novitchok après que son compagnon eut trouvé un faux flacon de parfum utilisé pour faire entrer le poison au Royaume-Uni. Il s’était lui-même effondré après avoir été en contact avec le produit. Sturgess a vaporisé le contenu sur sa main — et n’a pas survécu.
Après la tentative d’assassinat, les autorités britanniques ont publié des images des deux suspects. Ils avaient quitté le Royaume-Uni après l’empoisonnement et avaient affirmé à la télévision russe être de simples touristes venus voir la cathédrale de Salisbury. Plus tard, un troisième suspect a été identifié — et lui aussi a nié toute implication.
Le président de la commission d’enquête, l’ancien juge de la Cour suprême Anthony Hughes, a déclaré être convaincu que des agents du GRU ont tenté d’assassiner Skripal :
« Je suis parvenu à la conclusion que l’opération visant à éliminer Sergueï Skripal devait nécessairement être approuvée par les plus hauts niveaux — par le président Poutine. »
Il a ajouté que les deux agents russes avaient jeté le flacon contenant le poison sans se rendre compte à quel point il était dangereux pour des innocents. L’enquête a conclu que le flacon contenait assez d’agent toxique pour tuer des milliers de personnes. Hughes estime que les assassins, leurs supérieurs du GRU et ceux qui ont autorisé l’opération — y compris Poutine — ont une responsabilité morale dans la mort de Dawn Sturgess.
La Russie a nié toute implication. En 2018, Poutine avait déclaré que Skripal était « une ordure » et que le Kremlin n’avait aucun intérêt en lui. À la suite des conclusions de la commission, le Royaume-Uni a annoncé de nouvelles sanctions contre le GRU et a convoqué l’ambassadeur russe pour protester contre une « campagne prolongée d’activités hostiles ».
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a déclaré que les résultats de la commission « rappellent brutalement le mépris du Kremlin pour la vie d’innocents. La mort inutile de Dawn est une tragédie — et une preuve durable de l’agressivité irresponsable de la Russie ».
Le Novitchok fait partie de l’arsenal chimique développé par l’Union soviétique durant la guerre froide.
