David Zini secoue déjà le Shin Bet

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Un tournant important est en train de se dessiner dans la politique de sécurité intérieure israélienne. La commission ministérielle des affaires législatives a donné son aval à un projet de loi présenté par la députée Zvika Fogel (parti Otzma Yehudit), qui permettrait à l’État de qualifier officiellement les organisations criminelles comme organisations terroristes. Autrement dit : lorsqu’un réseau criminel emploie des armes, menace les institutions, fait du chantage ou coopère avec un groupe terroriste, il pourrait être traité comme tel.

Ce texte prévoit que le ministre de la Sécurité nationale, avec l’accord du ministre de la Défense, puisse déclarer une organisation criminelle « terroriste ». La procédure implique que le chef du Shin Bet (service de sécurité intérieure israélien) adresse une demande motivée, appuyée par l’avis du Commissaire général de la police et l’approbation du Procureur général. Le Premier ministre pourrait, dans des cas exceptionnels, décider à lui seul via un comité ministériel ou le gouvernement entier.

Ce projet arrive alors que David Zini, récemment nommé à la tête du Shin Bet, soutient explicitement l’initiative – malgré l’avis juridique interne contraire du service. Sa prise de fonction est elle-même le fruit d’une saga politique : son prédécesseur, Ronen Bar, avait été poussé à la démission après une décision jugée illégale par la Cour suprême, tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait joué un rôle actif dans la succession.

Vers une approche plus ferme contre la criminalité

Le projet de loi s’inscrit dans la réalité de l’augmentation, en Israël, des réseaux criminels graves, notamment dans certaines municipalités ou au sein de la société arabe israélienne. D’après les discussions menées le 29 mai 2025 entre Shin Bet, police et autres services, les organisations criminelles ne se contentent plus de délits classiques : elles utilisent armes à feu et explosifs, menacent les élus ou coopèrent avec des entités terroristes. En cela, elles « agissent comme des infrastructures terroristes », selon les exposés de la commission.

En permettant à ces groupes d’être qualifiés de terroristes, l’État vise à activer tout l’arsenal de la loi antiterroriste : arrestations administratives, saisies de biens, enquêtes renforcées, poursuites pour actes de terrorisme. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben‑Gvir, s’est félicité, estimant que la nomination de Zini apportait « une perspective nouvelle et positive ».

Une nomination sous tension
Le choix de David Zini demeure controversé. En mai 2025, l’avocat général israélien a qualifié sa nomination d’« invalide et illégale », invoquant un conflit d’intérêt pour le Premier ministre dans ce dossier. Le processus d’approbation par la Cour suprême était en cours, et certains y voyaient un risque de politisation du Shin Bet, réduit à un outil du pouvoir plutôt qu’un service indépendant.

Pourtant, le gouvernement est resté déterminé. Il a nommé un chef par intérim, puis poursuivi la procédure pour Zini malgré les objections. La confiance qu’affiche Netanyahou envers cet officier supérieur de l’Armée de défense d’Israël vient rappeler que la sécurité de l’État prime, selon sa vision, sur les frilosités institutionnelles.

Vers un nouvel équilibre entre crime et terrorisme
Ce changement juridique et institutionnel marque une redéfinition claire du concept de « terrorisme » au sein d’Israël. Lorsque la criminalité organisée emploie des moyens terroristes, menace l’ordre public et s’infiltre dans les structures municipales, l’État ne souhaite plus les traiter comme de simples délits. Cela reflète aussi une prise de conscience que la frontière entre crime et terrorisme s’amenuise, et que la sécurité nationale doit s’armer en conséquence.

Pour Israël, l’heure n’est plus simplement aux interventions ponctuelles : il s’agit de structurer un filet juridique et sécuritaire plus large pour protéger la population, renforcer l’État de droit et garantir l’intégrité de la société. La nomination de Zini et l’avancée de la loi visent à donner les moyens d’agir.

En choisissant d’imposer une loi qui reconnaît que certaines organisations criminelles méritent d’être qualifiées de terroristes, Israël affirme sa détermination à défendre son peuple, sa démocratie et sa sécurité. Avec un chef du Shin Bet disposé à soutenir cette orientation, l’État juif montre qu’il ne se contentera pas de reculer devant les menaces internes : il les affrontera de front. Cette stratégie forte renforce la stabilité d’Israël et son rôle de bastion de sécurité dans une région troublée.

Jforum.fr – Illustration: Flash 90

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