Deux militaires franco-israéliens sont désormais au cœur d’une affaire judiciaire en France, dans un contexte international déjà tendu autour du conflit à Gaza. Selon des informations publiées par Libération, une plainte a été déposée à Paris contre Sasha A. et Gabriel B., deux membres de l’armée israélienne, accusés d’avoir participé à des actes constituant des crimes graves durant l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Les deux militaires mis en cause sont rattachés à une unité particulière de l’armée israélienne : le 9e peloton de la compagnie auxiliaire du 202e bataillon de la brigade parachutiste. Cette unité, composée en grande partie de soldats binationaux, est surnommée l’« Unité fantôme », en raison du caractère discret de ses opérations et de la rareté des informations publiques la concernant. Elle est notamment connue pour ses activités de sniper, dans des zones de combat sensibles.
La plainte repose en partie sur un reportage diffusé sur le réseau social X (anciennement Twitter) en octobre 2024. Ce contenu, réalisé par le journaliste palestinien indépendant Younis Tirawi, présente des témoignages anonymes affirmant que des civils non armés auraient été pris pour cibles à Gaza. Le reportage évoque même une forme de liberté de tir accordée aux tireurs d’élite israéliens, en particulier contre des hommes considérés comme étant « en âge de combattre ».
Ces allégations, si elles étaient jugées fondées, pourraient constituer des violations graves du droit international humanitaire. Toutefois, la procédure judiciaire s’annonce complexe. Il appartiendra désormais aux magistrats français d’examiner la recevabilité de cette plainte et de déterminer si les éléments présentés, notamment issus de réseaux sociaux et de témoignages non vérifiés, peuvent constituer une base suffisante pour engager une instruction.
L’un des enjeux majeurs sera d’évaluer la crédibilité des sources et la capacité du système judiciaire français à poursuivre des faits commis à l’étranger, dans le cadre d’un conflit armé, par des binationaux. La France, en vertu de sa compétence extraterritoriale en matière de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, est habilitée à instruire ce type d’affaires lorsqu’un ressortissant français est impliqué.
Cette plainte s’inscrit dans un climat international où la pression juridique et diplomatique sur Israël s’intensifie, en particulier sur la conduite de ses opérations militaires à Gaza. De nombreuses ONG dénoncent des violations systématiques du droit international par l’armée israélienne, tandis que les autorités israéliennes défendent le caractère « ciblé et proportionné » de leurs actions, qu’elles justifient par la lutte contre le Hamas.
Il reviendra désormais à la justice française de dire si cette affaire peut aller plus loin, et si des poursuites pourront être engagées contre ces deux soldats franco-israéliens. Cette affaire pose aussi, plus largement, la question du rôle que peuvent jouer les juridictions nationales dans la lutte contre l’impunité en période de guerre.