Deux semaines après sa libération, Yossef ‘Hayim O’hana parle

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 « À chaque fois que nous voyions une lampe torche, c’était l’angoisse. On aurait préféré qu’on ne vienne pas pendant une semaine, un mois — qu’on nous laisse tranquilles. »
« Ils nous ont fait choisir qui tuer et qui blesser. »

O’hana, qui a été libéré il y a deux semaines, décrit les violences et les tortures infligées par ses geôliers : les coups répétés dans les tunnels, les humiliations et les scènes où des ravisseurs pointaient une arme sur sa tempe en lui ordonnant de dire combien de personnes il avait tuées. « C’était spontané », raconte-t-il à Segal, en retraçant un épisode où un homme nerveux a mis le pistolet contre sa tête en criant « dis combien de personnes tu as tuées, maintenant je te tue ». O’hana dit avoir supplié, et qu’un autre détenu a arraché l’arme au moment où l’homme s’apprêtait à tirer.
Il rapporte qu’il y avait aussi des scènes délibérément organisées pour semer la terreur : on les faisait asseoir, on leur criait que « votre État a fait ceci, ceci », puis on annonçait des représailles. « Ils nous ont donné le choix entre l’un et l’autre — qui tuer, qui blesser — ils ont même procédé par tirage au sort », raconte-t-il.

O’hana décrit l’un des tunnels où ils étaient détenus : un corridor obscur à gauche, un autre à droite. « Nous n’avions qu’une lampe LED. Quand quelqu’un arrivait avec une lampe, au début on espérait qu’il apporterait peut-être une théière. » Mais très vite, cette lumière est devenue un signal annonciateur de mauvais présages. « Une fois ils sont venus, on les a salués, et tout à coup ils ont commencé à nous frapper. On a reçu l’ordre — ils ont commencé à nous frapper. Ils nous ont fait nous tenir contre le mur, nous ont dégrafé la chemise et nous ont battus. »

Depuis, ils appelaient ça « les lampes arrivent ». Chaque lumière provoquait une attaque de panique : « personne ne savait quoi faire — me tenir debout ? m’asseoir ? qui sera le premier à se prendre un coup ? On voulait se recroqueviller au fond de la pièce, mais on savait que ça ne ferait qu’empirer les choses. On aurait préféré qu’ils nous laissent une semaine, deux semaines, un mois. »

Quand il a fallu convaincre les ravisseurs de ne pas le tuer, O’hana dit qu’il a tenté d’appeler leur logique. « À ce stade je les connaissais déjà et je savais ce qui était important pour eux, pourquoi ils m’avaient enlevé — ma détention était une carte utile. Je leur ai dit : “Vous allez vous venger de moi pour satisfaire vos civils, mais qu’en est-il des prisonniers qui doivent être libérés en échange ? Si je meurs, moins d’autres prisonniers seront libérés.” » Cette argumentation, dit-il, a contribué à le préserver.

Lui qui, dans les tunnels, avait dû parler arabe pour négocier chaque instant, avoue aujourd’hui : « J’essaie d’oublier cette langue. Je veux parler seulement hébreu. »

Mais au-delà de la survie, Yossef ‘Haim O’hana confie qu’il a gardé la capacité d’aimer.

Source: La Matinale – l’info en direct d’Israël – JForum.fr

Illustration : Yossef ‘Hayim, avec le loulav que son père a acheté pour lui en veille de Souccoth, sûr qu’il était qu’il pourrait encore dire la bénédiction sur cette mitsva, ce qui a été le cas le jour de sa délivrance, la veille de Sim’hath Tora !

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