Doubler la population autour de Gaza

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Israël veut doubler la population à la frontière de Gaza

En réponse à l’attaque du 7 octobre 2023 et à ses lourdes conséquences, le gouvernement israélien a présenté un ambitieux plan destiné à relancer la vie dans les communautés rurales situées à proximité de la bande de Gaza. L’objectif affiché : doubler la population locale pour atteindre plus de 120 000 habitants, contre environ 62 000 avant les attaques du Hamas.

Le plan, dévoilé lors d’une conférence organisée au kibboutz Alumim dans le sud du pays, mobilise un budget important : 560 millions de shekels de fonds publics seront injectés directement dans le projet, complétés par une garantie d’emprunts pouvant aller jusqu’à 1 milliard de shekels, à lever par l’Agence juive.

Un soutien massif à la reconstruction

Le dispositif présenté par Aviad Friedman, directeur général de Tekuma, et Zeev Elkin, chargé de la réhabilitation des zones touchées par le conflit, repose sur une approche multifacette. Pas moins de 46 localités rurales situées dans un rayon de sept kilomètres de la frontière avec Gaza sont concernées. Elles pourront choisir parmi quatre formules de soutien, selon leurs priorités et capacités.

La première option vise à alléger les coûts liés au développement des infrastructures pour les particuliers souhaitant bâtir une maison individuelle. Habituellement onéreux, ces frais seraient ramenés à environ 100 000 shekels pour un citoyen, et 50 000 pour un réserviste actif.

Une deuxième formule s’adresse aux villages désireux d’accélérer leur extension : elle permet la mise en place de logements temporaires, de type caravanes, afin de répondre rapidement à la demande.

 

Des solutions sur mesure pour les kibboutzim

 

Les kibboutzim, structures coopératives historiques d’Israël, ne sont pas oubliés. Une troisième option leur permettra de construire des unités de 85 à 120 m², en bénéficiant d’un financement partiel de l’État. Ces logements pourront être loués à tarif réglementé pendant trois ans. À l’issue de cette période, les locataires auront la possibilité d’acquérir leur habitation, avec un avantage : 75 % des loyers versés seront convertis en apport personnel.

Enfin, la quatrième formule propose un modèle géré par la société Amigur, filiale de l’Agence juive. Cette dernière prendra en charge la construction, l’entretien et la gestion des logements jusqu’à leur revente. Les communautés bénéficieront à la fois de subventions étatiques conditionnelles et de prêts garantis.

 

Une vision à long terme malgré l’insécurité

 

Si trois des quatre mesures sont prêtes à être mises en œuvre rapidement, la quatrième – l’augmentation des subventions pour les frais d’infrastructure – reste encore soumise à l’approbation gouvernementale. Mais les autorités se montrent déterminées. Outre le logement, le plan intègre aussi des mesures d’accompagnement humain : une trentaine d’enseignants devraient être relogés dans la région avant la rentrée scolaire du 1er septembre.

Pour Aviad Friedman, ce programme ne se limite pas à la réponse à une crise du logement. Il s’agit également de préparer le développement démographique et social de ces localités, en renforçant leur capacité d’accueil, leur résilience, et leur attractivité.

Une réponse au traumatisme du 7 octobre

Le contexte de ce plan est lourd de symboles. Le 7 octobre 2023, les attaques du Hamas ont dévasté plusieurs de ces localités, causant la mort de plus de 1 200 personnes et l’enlèvement de 251 autres, emmenées dans la bande de Gaza. Depuis, nombre de familles ont quitté la région, traumatisées ou déplacées, laissant des maisons vides et un vide humain difficile à combler.

Avec ce programme, l’État d’Israël affiche sa volonté de ne pas abandonner cette région stratégique et symbolique, malgré les risques sécuritaires persistants. En encourageant le retour et l’arrivée de nouveaux habitants, il tente de reconstruire un tissu social et économique fragilisé par la violence.

Ce projet de développement, fruit d’une collaboration entre plusieurs ministères (Finances, Logement, Néguev et Galilée, Résilience nationale), l’Agence juive et les mouvements coopératifs, pourrait redéfinir la géographie démographique de la frontière sud d’Israël dans les prochaines années.

 

Jforum.fr

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