Dreyfus devrait être promu à titre posthume, 130 ans après le scandale de trahison français
Le capitaine juif de l’armée, exilé de France sous de fausses accusations, se verra décerner le grade de général de brigade.
L’officier juif fut condamné à tort pour trahison en 1894, déchu de son grade et déporté au bagne de l’île du Diable, au large de la Guyane française.
L’affaire Dreyfus, comme on l’a appelée, a provoqué la polémique contemporaine « J’accuse » d’Émile Zola et a donné lieu à des adaptations littéraires récentes, notamment le roman de Robert Harris, Un officier et un espion.
Les députés français de la commission de la Défense et des Armées de l’Assemblée nationale ont voté mercredi à l’unanimité l’approbation du projet de loi promouvant Dreyfus au grade de général de brigade, le grade qu’il aurait probablement atteint sans la décennie perdue.
Le projet de loi, qui devrait être soumis au vote de l’Assemblée nationale le 2 juin, constitue une forme de réparation posthume pour l’officier dont la condamnation était symbolique de l’antisémitisme français de la fin du XIXe siècle.
L’ambassade de France en Israël a déclaré dans un communiqué sur X : « La nation française est imprégnée de justice et n’oublie pas, et elle promeut à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade.
« Pour réparer un tort. Pour honorer un combattant. Pour souligner que l’antisémitisme – celui d’hier comme celui d’aujourd’hui – n’a pas sa place et n’aura pas sa place dans la République. »
« L’antisémitisme qui a frappé Alfred Dreyfus n’appartient pas au passé. Les actes de haine d’aujourd’hui rappellent que ce combat est toujours d’actualité », a-t-il déclaré.
Les actes antisémites en France ont presque quadruplé en 2023 par rapport à l’année précédente, selon le Conseil des institutions juives de France, reflétant une montée de la haine antijuive depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre.
Né en 1859 dans une riche famille juive de l’industrie textile, Dreyfus se destinait à la carrière militaire et étudia à l’École polytechnique de Palaiseau. En octobre 1894, alors jeune officier au ministère de la Guerre, il fut accusé de vendre des secrets militaires aux Allemands et arrêté.
Son procès se déroula à huis clos, et les preuves étaient spécieuses. Il fut piégé sur la base d’une note contenant des détails secrets sur un nouvel équipement d’artillerie, découverte par une gouvernante dans la corbeille à papier de l’ambassade d’Allemagne à Paris, et dont on prétendait qu’elle était de la main de Dreyfus.
À mesure que les failles de l’accusation furent révélées, la campagne pour obtenir sa libération s’intensifia, menée par des personnalités publiques comme Zola. D’autres intellectuels, comme Maurice Barrès, écrivain et homme politique de droite, maintinrent une position antidreyfusarde.
La nature antisémite de ce cadrage était largement reconnue par les partisans contemporains de Dreyfus, Zola formulant explicitement cette accusation dans son article de journal de 1898 « J’Accuse ».
En 1899, Dreyfus fut ramené en France pour un nouveau procès. Il fut reconnu coupable mais immédiatement gracié, une situation qu’il déplora mais accepta pour éviter d’être renvoyé au bagne. Ce n’est qu’en 1906 que toutes les condamnations furent annulées.
La France veut-elle se faire passer pour une nation ayant le sens de la justice. Il se peut que ce ne soit qu’une illusion d’optique alors que l’antisémitisme est au plus haut grâce à son élite politique, et son Président.
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