
Le 7 octobre 2023, il y a deux ans, en ce jour saint de Chabbath et de Sim’hath Tora, les islamistes du mouvement Hamas se sont livrés à un massacre génocidaire d’une barbarie inouïe, en terre d’Israël, transformant ce jour de fête en jour de deuil.
Deux ans après, les fêtes de Tichri 5786 restent marquées par l’angoisse et l’attente de la libération des 48 otages, toujours aux mains des terroristes du ‘Hamas et de leurs complices, et de la fin du calvaire des habitants de Gaza.
Deux ans après nous sommes dans le temps d’un deuil différé pour les otages assassinés dont les corps toujours retenus à Gaza n’ont pas été rendus à leur famille.
Depuis deux ans, nous sommes dans le temps de la mémoire des 1.188 morts, hommes, femmes, enfants, vieillards, massacrés après avoir subi des tortures, les femmes violées et éventrées.
Ce temps de deuil différé et ce temps de mémoire portent le passé au présent et nous obligent pour l’avenir.
Zakhor al tichkah, « Souviens toi, n’oublie jamais »
Pendant longtemps, on a cru qu’il suffisait de résister à l’antisémitisme en pensée, en faisant mémoire de la Shoah pour se rappeler que ces pensées même secrètes pouvaient mener ou laisser faire jusqu’au pire des crimes. Et puis il faut lutter à nouveau contre l’antisémitisme en paroles et en actions, en guettant et condamnant tout propos, inscriptions et agressions de tout type, nous rappelant les années les plus sombres de notre histoire ou niant la réalité de la Shoah.
Ne sommes-nous pas dans une souffrance sans fin face aux manipulations du vocabulaire et des concepts, faisant passer les victimes pour des bourreaux, les terroristes pour des résistants, le tortionnaire pour un héros ?
Ne sommes-nous pas dans une souffrance sans fin, lorsque de si nombreux intellectuels, artistes et même sportifs, si totalement silencieux le 8 octobre et les jours suivants, devant les cris de souffrance des suppliciés et les hurlements de joie des tortionnaires, se transforment en boycotteurs même des artistes, écrivains et sportifs juifs ?
En 1982 – il y 43 ans ! -, un grand acteur de l’amitié judéo-chrétienne, le père oratorien Jean Dujardin écrivait à propos d’une intervention d’Israël au Liban, contre des organisations terroristes : « Nous nous découvrons impuissants au niveau d’une action politique immédiate, mais nous sommes gravement responsables de l’information de l’opinion sur ces problèmes. Devant le spectacle atroce des victimes de la guerre, nous pleurons et nous demandons spontanément que justice leur soit rendue. Mais voilà qu’Israël dont nous avons longtemps admiré le courage, parce qu’il l’emporte militairement, mis et lui seul au ban des accusés. Les Mass Media n’hésitent plus à lui appliquer des épithètes infamantes, à l’accuser des mêmes crimes dont le peuple juif a été victime du fait des Nazis. Qu’on ose cette comparaison au mépris d’une connaissance historique élémentaire. Quel scandale ! […] Nous ne pouvons admettre ce langage pour nous donner à nouveau bonne conscience. L’antisémitisme latent y a déjà trouvé son compte. » (« Des événements qui nous déchirent », dans Sens, 1987, n° 7/8, p. 165).
Depuis cette rentrée, les appels au boycott se multiplient à grande échelle dans tous les domaines, culturels, médiatiques, sportifs et deviennent quotidiens et innombrables. La question même de décider si Israël doit être exclu (comme à l’Eurovision et dans des compétitions sportives) devient légitime, et ce n’est que le vote de majorités de plus en plus fragiles qui peuvent encore éviter cette infamie ! Aujourd’hui, il n’est pas besoin d’un nouveau « Statut des Juifs » pour exclure de la société et promettre à une mort sociale, voire à une mort tout court, des citoyens parce qu’ils sont juifs : une simple omission suffit. On n’affiche plus (ou pas encore) des panneaux « Interdit aux Juifs » devant des lieux publics, mais on y revient de fait. Les enfants juifs ne sont pas exclus de l’Éducation nationale, mais de nombreux établissements scolaires publics ne les accueillent plus, renonçant à assurer leur sécurité.
Aujourd’hui, la vocation de l’AJCF demeure dans une actualité qui nous oblige à renouveler ce cri du cœur, pour que les mêmes mensonges n’amènent pas aux mêmes erreurs et aux mêmes omissions, qui donnent une justification à ceux qui n’attendent que notre silence et notre indifférence pour accomplir de nouveaux crimes contre nos concitoyens juifs, avant de s’attaquer à tous les autres qui ne se soumettront pas.
Du 5 au 7 octobre 2025, l’Amitié Judéo-Chrétienne se doit d’être présente aux rassemblements organisés à la mémoire des victimes du pogrom du 7 octobre, partout où de tels rassemblements sont organisés :
- Pour exiger la libération des otages encore détenus à Gaza par le Hamas
- Pour dire STOP à la haine antisémite
- Pour affirmer notre amitié et notre solidarité avec les Juifs où qu’ils se trouvent, près de nous, comme en Israël.
Dans l’espérance d’une paix dans la vérité et la justice, fondée sur la reconnaissance mutuelle des peuples et des États de la région.