«Risque de guerre civile» : la sombre prédiction d’un professeur du King’s College de Londres pour la France.
Dans la revue anglophone Military Strategy Magazine, l’universitaire David Betz classe la France et le Royaume-Uni parmi les pays particulièrement exposés à un risque de conflit intérieur. Il identifie plusieurs signaux faibles, tels que les attentats terroristes, les émeutes dans les banlieues et les soulèvements anti-immigration.
Un risque croissant
Pour le chercheur, les conditions propices à une guerre civile en France et au Royaume-Uni seraient réunies : fractures culturelles, stagnation économique, perte de confiance dans les institutions et excès d’influence des élites. « Selon les meilleures estimations de la littérature existante, dans un pays où ces conditions sont réunies, le risque d’une véritable guerre civile est de 4 % par an. En partant de cette hypothèse, nous pouvons conclure que ce risque est de 18,5 % sur cinq ans », constate-t-il.
David Betz décrit plusieurs caractéristiques probables d’un tel conflit : grandes villes devenant ingouvernables ; sabotages d’infrastructures énergétiques, de transports ou de communication ; destruction des repères de la conscience collective ; déplacement de populations civiles à grande échelle pour fuir les risques de violences. Face à ce scénario du pire, le professeur d’études militaires appelle à une réorientation stratégique des armées et des gouvernements. Selon lui, il serait impératif de créer des zones sécurisées pour les civils, de sécuriser les infrastructures critiques et les armes stratégiques ou encore de développer des doctrines et plans d’action adaptés aux spécificités des guerres civiles.
En conclusion, l’auteur met en garde contre le « biais de normalité » qui pousse à sous-estimer le danger. « Les conditions généralement reconnues comme annonciatrices d’un potentiel de guerre civile sont manifestement présentes dans de nombreux États que l’on a longtemps considérés comme à l’abri de ce type de conflit », cingle-t-il. Avant d’insister sur l’urgence de reconnaître que l’Occident – et plus particulièrement la France et la Grande-Bretagne – n’est plus à l’abri de ce type de catastrophe : « Suggérer que la guerre civile est imminente et ascendante, précisément dans les régions du monde considérées jusqu’alors comme les plus riches et les moins agitées, est contraire aux attentes, mais c’est bien là où nous en sommes ».
Le JDD – JForum – Illustration : crise de février 1934, place de la Concorde, Paris (Wikipédia)