Friedrich Merz en Israël, Macron à la porte

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Friedrich Merz en Israël : un “nouveau départ” pour les relations germano-israéliennes ?

Merz en Israël, ce que Macron ne peut plus faire, montre que l’Allemagne est le seul poids lourd de l’Europe et que la France est hors jeu au Moyen-Orient, comme elle l’est dans le conflit ukrainien.

Dans le domaine de la défense européenne, l’Allemagne fédère un certain nombre de pays autour de sa vision et pousse d’autres États à la rejoindre dans le cadre d’achats d’armes de défense de fabrication israélienne ou de services de cybersécurité, au grand dam de la France, qui propose ses propres produits dont le développement reste encore inachevé. Macron peste à ce sujet pour deux raisons : le choix d’Israël d’une part avec qui il est en froid sibérien, et le rejet de la France d’autre part qui n’a pas d’armes comparables à celles d’Israël.

L’arrêt temporaire des exportations d’armes allemandes vers Israël, en août dernier, a tendu les relations entre Berlin et Tel Aviv. À l’occasion de sa première visite officielle dans l’État hébreu depuis son arrivée au pouvoir, le chancelier conservateur Friedrich Merz espère apaiser les tensions.

“C’est une période décisive pour le chancelier Friedrich Merz”, annonce Bild, ce samedi 6 décembre. Après avoir remporté un vote stratégique sur les retraites, le dirigeant conservateur allemand enchaîne avec un autre dossier sensible : après un arrêt en Jordanie, il effectue ce week-end “sa première visite officielle en Israël” en tant que chef de gouvernement. Un voyage diplomatique “sur la corde raide”, affirme le tabloïd conservateur allemand, qui rappelle que “les relations entre le chancelier et le gouvernement de Benyamin Netanyahou se sont récemment tendues”.

“Depuis son arrivée au pouvoir il y a sept mois, Friedrich Merz tente de maintenir les liens particuliers qui unissent l’Allemagne à Israël”, explique la Deutsche Welle. L’Allemagne considère que la sécurité d’Israël relève de la “raison d’État” en raison de sa responsabilité historique particulière vis-à-vis des Juifs ; et le pays a longtemps soutenu l’État hébreu sur le plan international. Mais récemment, “plusieurs conflits entre Berlin et Tel Aviv ont émergé concernant les actions d’Israël dans la bande de Gaza”.

Le 8 août dernier, le gouvernement de Friedrich Merz a notamment annoncé la suspension d’une partie des exportations d’armes allemandes vers l’État hébreu, afin d’éviter qu’elles ne soient utilisées contre des civils palestiniens à Gaza. Des restrictions qui ont suscité les critiques de l’ambassadeur israélien en Allemagne Ron Prosor et qui ont finalement été levées en novembre dernier à la faveur du cessez-le-feu avec le Hamas. “La première visite officielle de Merz à Jérusalem est par conséquent une mission difficile”, commente la chaîne d’outre-Rhin.

Un pays encore en guerre

Et elle est d’autant plus complexe que le dirigeant allemand se rend dans le pays “à une période délicate”, analyse Der Spiegel. “Délicate, non seulement parce qu’il est le premier chef de gouvernement d’un grand pays européen à visiter Israël depuis plus d’un an, pour y rencontrer un Premier ministre visé par un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI).” Mais aussi parce que sa visite intervient au moment où le monde se demande si “le passage de la phase 1 à la phase 2 du ‘plan de paix’ de Donald Trump pour Gaza sera un succès”.

Actuellement, le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre reste instable. Il est émaillé de heurts et des frappes ont même été menées par l’armée israélienne après ce que l’État hébreu a qualifié de violations répétées de l’accord par le Hamas. “En se rendant ce week-end en Israël pour sa première visite officielle, Merz ne voyage pas dans un pays qui a mis la guerre derrière lui, assure l’hebdomadaire de centre gauche. Bien au contraire : c’est un État qui est encore en plein dedans.”

Chacun défend ses intérêts

Mais le chancelier allemand a aussi en ligne de mire les intérêts allemands, analyse Die Welt. Alors qu’elle se réarme, “l’Allemagne est plus dépendante des armes israéliennes que l’inverse”, notamment s’agissant du dispositif antimissiles Arrow 3, des drones Heron TP ou encore de pièces spécifiques d’artillerie. “Elle a aussi besoin d’Israël dans les domaines du numérique et de la cybersécurité, continue le quotidien conservateur. Sans les services de renseignements israéliens, les autorités admettent à demi-mot qu’elles n’auraient pas pu empêcher de nombreux projets d’attentats sur le territoire national.”

“Merz veut réussir un numéro d’équilibriste lui permettant d’afficher une solidarité pleine et entière à Israël et de critiquer ouvertement les opérations militaires à Gaza”, assure Bild, qui voit dans ce déplacement “une sorte de nouveau départ pour la relation particulière qui unit [Berlin à Tel Aviv]”. Interrogé, l’historien israélien Moché Zimmermann estime néanmoins que l’État hébreu demandera des contreparties. “Le gouvernement israélien compte sur l’Allemagne pour défendre la politique israélienne auprès des autres pays européens.”

La Deutsche Welle ne se prononce pas sur ce point. Mais elle estime que la visite de Friedrich aura un caractère “symbolique”, car le chancelier se rendra également au Mémorial de l’Holocauste Yad Vachem. “Il n’a pas échappé aux Israéliens qu’il a lutté pour ne pas pleurer, lors d’un discours donné à la mi-septembre lors de la réouverture d’une synagogue détruite 87 ans plus tôt par les nazis à Munich”, précise la chaîne allemande. Friedrich Merz a néanmoins attendu sept mois avant de se rendre en Israël. Ses prédécesseurs Olaf Scholz et Angela Merkel avaient effectué des visites similaires dans les trois mois suivant leur arrivée au pouvoir.

JForum.Fr et Courrier International

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