Commentaire
La résolution 2334 ou résolution Obama, adoptée le 23 décembre 2016 par le Conseil de Sécurité de l’ONU n’est pas, comme l’ONU la présente, une délibération relative aux implantations israéliennes.
C’est un réquisitoire, une sentence infamante. Elle accuse l’État hébreu d’être un « occupant, » et un « colonisateur, » une charge particulièrement écrasante à l’aune de la doxa occidentale postcoloniale. En qualifiant d’emblée Israël de « puissance occupante », l’ONU refuse le statut de « territoires disputés » aux territoires où Israël est aujourd’hui présent suite à l’entrée de la Jordanie dans la guerre des Six-Jours. La résolution en donne la propriété intégrale aux Palestiniens, balayant de la manche toute prétention légitime d’Israël. Ces territoires sont disputés parce qu’ils sont soumis à des revendications concurrentes, celles des Israéliens et celles des Palestiniens. Un tel litige peut se régler définitivement soit par la négociation, le compromis, soit par la guerre. Certainement pas par un oukase émis depuis Washington par des groupes d’influence aux intentions obscures.
Or la résolution Obama a une implication bien claire. Elle clôt solennellement le cycle de la négociation israélo-palestinienne, du moins dans le cadre conceptuel actuel, celui des accords d’Oslo, de la solution à deux États, ou des « territoires contre la paix ». Imaginons en effet que nous soyons au premier jour de la négociation israélo-palestinienne. Que feraient les Palestiniens? Ils exciperaient logiquement la résolution stipulant qu’Israël exerce une occupation illégale, « en violation du droit international ». L’objet de la négociation se limiterait alors à la liquidation de cette situation, c’est-à-dire aux modalités d’un retrait israélien. Il ne faut pas en savoir beaucoup sur la diplomatie pour comprendre qu’Israël refuserait une négociation de ce genre, où le partenaire tirerait de sa poche les conclusions de la rencontre et les mettrait à la signature avant même le début de la conversation.
La négociation impossible, c’est l’aboutissement exact de la résolution Obama qui ratifie comme frontières « les lignes de 1967 », et qui souligne en gras qu’il s’agit des « territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est ». Et on a là le second travers du vote américain : dans les derniers instants de son mandat Obama aura apposé le sceau de l’Amérique sur un tissu de falsifications. Il n’en sortira rien de bon, pour personne, car le succès ne fait pas bon ménage avec la négation de la réalité et de la vérité.
D’ailleurs, il n’est pas interdit de s’interroger sur les motifs de la décision tardive mais entêtée du président américain. L’Égyptien Sissi commis par les Arabes pour présenter la résolution au Conseil de Sécurité avait décidé de la reporter à la demande du président élu Donald Trump. Hillary Clinton avait pointé aussi au cours de sa campagne, l’aberration d’une absence de veto US, désastreux pour l’avenir des relations entre les deux adversaires du Moyen-Orient. Mais Obama a fait pression en coulisse sur quatre membres du Conseil de sécurité qui ont présenté le texte à la place de Sissi. Il voulait absolument infliger un dernier camouflet à Israël avant son départ. Sa décision n’avait rien de politique.
A quelques jours de sa fin de mandat, un décret onusien condamnant Israël ne pouvait pas entrer dans un plan d’action politique ou diplomatique. Ce n’était pas la politique, mais la passion de l’homme Obama qui tenait les manettes. C’était le fidèle du suprémaciste et antisémite noir Jérémy White, son pasteur pendant 20 ans, C’était l’ami d’Edward Saïd l’orientaliste antisémite, de Rachid Khalidi, le littéraire de Harvard collecteur de fonds du Hamas, ou de Bill Ayers, le pacifiste poseur de bombes. C’était l’homme de couleur, du prototype frustré, amer et vengeur, un genre plutôt répandu dans les milieux noirs radicaux.
Le petit noyau de fidèles encore présents à la Maison Blanche a prétendu que l’absence de veto américain (qui équivalait à un feu vert pour la résolution arabe) se justifiait pour sanctionner la politique de « colonisation » d’Israël et pour préserver la solution à deux États.
La vérité c’est que les Palestiniens n’ont jamais voulu aboutir à un compromis négocié avec Israël. Il ont vu dans le processus d’Oslo un moyen de dévorer Israël par tranches. Ils appellent cela le processus par étapes. A leurs yeux, nous en sommes à la tranche « Cisjordanie et Jérusalem ». La prochaine tranche est déjà en chantier. Ce qui motive au plus profond leur attitude, c’est le refus viscéral d’un pouvoir non-musulman sur une terre qui a été un jour sous la férule de l’Islam.
La vérité, c’est que les Palestiniens ne désirent surtout pas un État qui les contraindrait à vivre « aux cotés d’Israël » et non à la place d’Israël. Ils savent qu’ils constituent un groupe mais pas un peuple, seulement une variante régionale du peuple arabe. Ils savent qu’ils n’ont aucune vocation à « faire nation », à partager un passé commun qui n’existe pas, à se référer à des héros nationaux authentiques hors le ramassis habituel de militants violents et terroristes, ou de dirigeants corrompus jusqu’aux os. Ils n’ont jamais exprimé un projet constructif pour leur hypothétique État, ni aucune espérance à vivre en commun, sauf la perspective de détruire leurs voisins Juifs et leur État. Un État qui leur renvoie, par son succès l’image grimaçante de leur échec historique.
Que peuvent espérer les détracteurs d’Israël de la résolution 2334 ? Une détérioration de l’image d’Israël ? Peut-être. Mais Israël a été déjà tellement diffamé dans les milieux où ils prospèrent qu’on voit mal comment ils iront plus loin. Des complications diplomatiques? Encore une fois, les attitudes envers Israël sont si tranchées que ses adversaires seront toujours aussi passionnés tandis que ses amis et partenaires poursuivront leur coopération, toujours fondée sur l’intérêt réciproque. Par contre, il faudra trouver des réponses aux campagnes racistes et antisionistes menées sur les campus européens et américains par des manipulateurs experts qui trouveront dans la résolution 2334 de quoi alimenter leurs argumentaires. La question sera de savoir à quel point la jeunesse vulnérable qui formera les futures élites occidentales sera intoxiqué par le vieux poison antisémite.
Un vieil adage recommande de ne pas tirer sur les ambulances. On s’abstiendra donc de commenter les prises de position des Européens encore aux affaires, en particulier celles de la France. Un changement d’ampleur est en marche dans de nombreux pays; il bouleversera peut-être les vieux schémas unilatéraux qui accusent obsessionnellement l’État juif.
Jean-Pierre Bensimon
CET ARTICLE EST REMARQUABLE EN TOUS POINTS ET CE SERAIT REGRETTABLE QUE LES ABONNES DE LA REVUE KOUNTRASS FAMILLE NE LE LISENT ET NE RELISENT PAS..