Halte à la cupidité et à la lâcheté : l’Europe doit affronter le régime iranien

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Par Majid Rafizadeh – Gatestone

  • L’influence de l’Iran va au-delà des assassinats et des cellules terroristes. Le régime est désormais un acteur clé du plus important conflit européen depuis la Seconde Guerre mondiale : la guerre russo-ukrainienne. Photo : Des habitants inspectent un immeuble d’habitation de Kharkiv (Ukraine), endommagé par des drones suicides « Shahed » fournis par l’Iran et lancés par les forces russes le 31 décembre 2023. (Photo de Sergey Bobok/AFP via Getty Images)

La diplomatie de l’Union européenne est restée coite et spectatrice pendant que les États-Unis et Israël affrontaient seuls la République islamique d’Iran.

Au moment où les dirigeants américains et israéliens ont pris des risques réels et tangibles pour contrer la menace iranienne et celle de son réseau terroriste mondial, les dirigeants européens ont opté pour l’apaisement, le report, la lâcheté et la cupidité. Au lieu de remercier Israël qui venait à leur secours, ils vertement critiqué le gouvernement de Jérusalem.

Comme à son habitude, une grande partie de l’Europe fanfaronne, multiplie les déclarations, organise des réunions, mais n’entreprend rien de concret. Le schéma est désormais bien établi. L’UE invoque les droits de l’homme, brandit les valeurs démocratiques, pousse en avant les règles de sécurité internationale, mais se garde ostensiblement d’agir dès s’agit de l’Iran.

Halte aux rituels diplomatiques creux, aux banquets fastueux et aux déclarations moralisatrices. Que l’UE agisse pour changer !

Le régime iranien ne menace pas seulement le Moyen-Orient. C’est un régime révolutionnaire aux ambitions planétaires et l’Europe est dans sa ligne de mire. Le régime n’a jamais caché qu’il ambitionnait d’exporter sa révolution islamiste radicale partout hors d’Iran. Pour Téhéran, l’Union européenne n’est qu’un pan « d’Occident décadent » qu’il faut vaincre et démanteler. Les dirigeants iraniens ne parlent pas en l’air. Ils ont mené une campagne de terreur, d’espionnage et d’assassinats sur le sol européen, démontrant ainsi que leur influence s’étend bien au-delà de ses frontières, jusqu’en Amérique du Sud, et que leurs ennemis incluent des citoyens et des législateurs européens ordinaires, ainsi que des dissidents iraniens vivant à l’étranger.

En 2018, un complot terroriste iranien a ciblé un manifestation « Iran libre » à Paris. Ce ne fut pas une mince affaire. L’opération avait été planifiée et exécutée par un diplomate iranien, Assadollah Assadi, qui a transporté des explosifs sur un vol commercial en provenance d’Iran puis les a remis à des agents en Europe. L’objectif était de massacrer des milliers de personnes, dont des dirigeants internationaux, des militants des droits de l’homme et des journalistes. Ce complot iranien constituait un acte de terrorisme d’État au cœur de l’Union européenne. Pourtant, même après la condamnation d’Assadi en Belgique, la riposte de l’UE a été inexistante : les ambassades iraniennes sont restées ouvertes, Assadi a été libéré et les échanges commerciaux ont repris. Téhéran n’a souffert d’aucune mesure de rétorsion.

Le régime iranien est aussi impliqué dans une longue série d’assassinats – réussis ou tentés – de dissidents iraniens vivant en Europe. Aux Pays-Bas, l’Iran a été impliqué dans les meurtres des dissidents Ali Motamed en 2015 et Ahmad Mola Nissi en 2017. En Allemagne, les autorités ont déjoué des tentatives d’assassinat de membres de l’opposition iranienne. Agents et hommes de main de Téhéran opèrent avec une facilité déconcertante sur l’ensemble du continent. Les gouvernements européens ripostent avec un air grave et quelques mots qui exprimeraient leur « profonde préoccupation ». L’Iran a interprété cette passivité comme une faiblesse – et comment l’en blâmer !

L’Iran ne se limite pas aux assassinats et aux cellules terroristes. Le régime est désormais un acteur clé de la plus importante guerre européenne depuis la Seconde Guerre mondiale : la guerre russo-ukrainienne. Téhéran a fourni à Moscou des milliers de drones meurtriers, dont les tristement célèbres Shahed-131 et Shahed-136, avec lesquels la Russie a détruit des civils et des infrastructures en Ukraine. En en une seule nuit en mai 2025, la Russie a lancé plus de 700 drones suicides sur l’Ukraine. Ces armes n’ont pas été développées en vase clos ; elles sont le fruit d’une alliance qui va croissant entre l’Iran et la Russie. En continuant d’ignorer le rôle de l’Iran dans cette guerre, l’UE favorise de facto le massacre de civils ukrainiens et la consolidation d’un axe hostile anti-occidental.

Au lieu d’agir, que fait l’UE ? Elle parle. Comme dans les années 1930, les dirigeants des démocraties européennes capitulent sans combat, espérant que la tempête s’apaisera avant qu’ils aient à lever le petit doigt. L’UE agit envers l’Iran aussi lâchement que la classe dirigeante européenne a agi face à Hitler. Son inaction donne à Téhéran l’espace, le temps et la confiance nécessaires pour se renforcer. Les Britanniques et les Américains n’ont pas sauvé l’Europe du fascisme pour que ses dirigeants se prosternent aujourd’hui, devant les ayatollahs de Téhéran.

L’UE – surtout l’Allemagne et la France – peut et doit déclencher le mécanisme de sanctions « snapback » prévu par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU. Les « trois pays de l’UE » – la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni – disposent toujours de l’autorité légale pour lancer ce mécanisme. S’ils agissent avant le 18 octobre 2025, ils peuvent imposer à l’Iran l’intégralité des sanctions qui prévalaient avant que le très défaillant accord de 2015 sur le nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action) autorise à les lever. Ces sanctions comprennent des restrictions sur le programme de missiles iranien, ses exportations militaires et ses réseaux financiers. Dire que Téhéran a violé le JCPOA est un euphémisme. Les ayatollahs ont pulvérisé l’accord en enrichissant l’uranium bien au-delà des limites légales et en faisant obstruction aux inspecteurs nucléaires internationaux.

Si cette date du 18 octobre n’est pas respectée, il deviendra pratiquement impossible de mobiliser le Conseil de sécurité de l’ONU pour imposer à nouveau des sanctions : la Chine et la Russie bloqueront toute action future. Des années d’efforts, de pression et de diplomatie seront anéanties. Il a fallu des décennies pour mettre en place le régime international de sanctions que le président américain Barack Obama a tragiquement démantelé en 2015 avec le JCPOA. Laisser cette structure s’effondrer complètement constituerait une trahison impardonnable envers la sécurité mondiale et une invitation faite à l’Iran de poursuivre impunément sa route vers l’arme nucléaire.

Au-delà du mécanisme de rétablissement des sanctions, l’UE pourrait rompre toutes ses relations diplomatiques et économiques avec la République islamique, fermer toutes les ambassades iraniennes en Europe, expulser tous les ambassadeurs iraniens, mettre fin à tous les accords commerciaux, geler tous les avoirs et sanctionner tous les responsables liés à l’appareil terroriste du régime. Maintenir le statu quo fait comprendre aux dirigeants iraniens que l’UE n’est pas disposée à affronter le danger quand il surgit sous ses yeux.

La réalité est que l’Europe affirme défendre la démocratie et les droits de l’homme mais continue de faire des affaires avec le « principal sponsor du terrorisme dans le monde ».

Si les dirigeants de l’UE sont trop faibles, trop lâches ou trop compromis pour affronter le régime iranien, qu’ils cessent au moins de saper les actions d’Israël et des États-Unis. Soutenez vos alliés ! Partagez des renseignements. Apportez un soutien public et diplomatique. Ne vous réfugiez pas derrière la rhétorique et la « neutralité » alors que d’autres risquent leur vie pour combattre l’un des régimes les plus dangereux au monde – et qui a pour objectif de vous dévorer. À tout le moins, l’UE ne devrait pas entraver les efforts de ceux qui sont prêts à agir.

La lâcheté, l’indécision et une dangereuse volonté d’apaiser le régime iranien sont les principales caractéristiques de la politique de l’UE envers l’Iran. Octobre approche. Si l’UE n’enclenche pas maintenant un régime de sanctions, si elle ne rompt pas ses relations diplomatiques, si elle ne suspend pas les échanges commerciaux et si elle ne soutient pas ses alliés – elle se discréditera une fois de plus. Mais l’Europe a-t-elle jamais eu honte ?

Le Dr Majid Rafizadeh est politologue, analyste diplômé de Harvard et membre du conseil d’administration de la Harvard International Review. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère des États-Unis.

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