Il faut terminer le procès de Netanyahou le plus rapidement possible. Pas pour lui, pour nous

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Ma’ariv – Kalman Liebskind

Toutes les raisons pour lesquelles il faut arrêter le procès | Le président Herzog doit intervenir | La conseillère juridique Baharav-Miara doit se demander quel est l’intérêt public | Une tribune rédigée avant le tweet de Trump.

La semaine dernière – alors que l’attaque de Tsahal contre l’Iran battait son plein, alors que les avions de chasse bombardaient des cibles à des milliers de kilomètres de nos frontières, alors que les citoyens israéliens couraient vers les abris et que des immeubles s’effondraient à Be’er Sheva et Bat Yam – j’ai fait un rêve.
Dans mon rêve, j’ai vu la conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav-Miara, se hisser à la hauteur du moment, téléphoner à Amit Hadad, avocat du Premier ministre, et l’inviter à une réunion urgente.
Elle lui aurait dit : « Je mets de côté les tensions entre Netanyahou et moi, et j’ignore les confrontations quotidiennes avec son gouvernement. Dans les circonstances sécuritaires actuelles, et en tant que représentante de l’intérêt public, il est clair pour moi qu’il faut tout faire pour mettre fin au procès de Netanyahou. Comment et à quelles conditions ? C’est ce dont je veux parler avec vous. »

Dans mon rêve, j’ai aussi vu le président de l’État, Itshak Herzog, libérer son agenda et annoncer qu’il consacrerait toute son énergie à ce dossier. Qu’il inviterait encore aujourd’hui les représentants du parquet et le Premier ministre ou ses avocats, et qu’il ne se reposerait pas tant que ce procès, qui secoue la société israélienne depuis des années, ne serait pas terminé.

Ce débat doit être séparé en deux parties : le problème et la solution.
Quant au problème : celui qui ne le voit pas dans une réalité où le Premier ministre, entre toutes ses charges vitales pour l’avenir du pays, consacre une grande partie de son temps à gérer son procès — est dispensé de continuer à lire cette tribune.

Nous vivons une époque critique pour Israël : combat contre le Hamas, guerre contre le Hezbollah, révolution en Syrie, attaques en Iran, missiles depuis le Yémen. Ces sujets préoccupent chaque citoyen, et mille fois plus celui qui doit prendre des décisions quotidiennes, voire horaires, à leur sujet.
Cette période exige des décisions équilibrées, un chef d’État pleinement concentré, libre de son temps, attentif au renseignement, aux consultations, aux avis juridiques, et aux réunions cruciales.

Les décisions que prend Benyamin Netanyahou avant, après, voire pendant les audiences de son procès sont des décisions qu’un dirigeant prend une fois par génération. Des décisions qui peuvent affecter l’histoire du peuple juif.
Et pendant ce temps, au tribunal de district, dans une réalité parallèle, se déroule une scène totalement folle : l’homme le plus important du pays, celui dont dépend sa sécurité, celui qui signe les décisions les plus graves, l’homme dont une erreur pourrait déclencher une guerre mondiale, passe de longues heures à la barre à répondre à des questions sur une rencontre avec Noni Mozes il y a 11 ans, ou sur un article de Walla en 2015 concernant un ultimatum posé par l’ancienne maison juive sur la construction en Judée-Samarie.

Ici, on doit lui faire passer des petits papiers pour l’informer des événements mondiaux ; là, il doit interrompre son témoignage une demi-heure pour parler avec Steve Witkoff, envoyé de Trump sur la question des otages.
Un jour, il demande à raccourcir l’audience pour une réunion diplomatique, prévenant que le lendemain il y aura des « affaires sécuritaires ». Quand la juge lui demande d’« essayer de s’adapter à nous autant que possible », il lui répond : « Nos ennemis ne coopèrent pas vraiment ».
Une autre fois, il doit demander l’autorisation d’annuler des journées d’audience pour aller rencontrer Donald Trump à la Maison Blanche.

Il faut se frotter les yeux pour croire que trois juges de district convoquent le chef du renseignement militaire pour un briefing, afin qu’il les persuade de raccourcir les témoignages du Premier ministre pour raisons urgentes.
Il faut se cogner la tête au mur pour comprendre comment ce trio de juges est devenu une sorte de super-cabinet de sécurité décidant quels événements sont urgents ou quels briefings peuvent être différés.

Benyamin Netanyahou est un homme aux capacités phénoménales. Même ses ennemis le reconnaîtront.
Je connais des gens dont la vie a été bouleversée par un simple acte d’accusation.
Netanyahou, lui, semble construit autrement. Il a des dons rares.
Sa capacité à diviser son attention est stupéfiante. Discuter d’une guerre contre l’Iran, résoudre des crises de coalition avec Goldknopf et Gafni, et répondre à des questions sur sa relation avec Milchan dans les années 2010 — tout cela simultanément, dépasse l’entendement du commun des mortels.

Mais malgré tout, en tant que simple citoyen inquiet pour ma vie, celle de ma famille et de mon peuple, je veux un Premier ministre concentré uniquement sur ses responsabilités d’État.
Si 0,25 % de son cerveau ou 0,25 minute de sa journée est occupé par ses procédures judiciaires plutôt que par les otages, la destruction du Hamas ou l’attaque contre l’Iran — cela m’effraie.
Penser qu’il doit diviser son temps entre réunions avec le chef du Mossad et séances avec son avocat pour lire le dossier pénal est quelque chose qui devrait nous empêcher de dormir.

Notre besoin, pas le sien
Voilà le problème. Si vous ne l’avez pas compris, je ne peux pas vous l’expliquer davantage. Parlons maintenant de la solution.

Je ne sais pas quel est le mécanisme approprié pour mettre fin à cette affaire.
Que ce soit médiation, conciliation, suspension des procédures, grâce, ou tout autre arrangement accepté par les deux parties.
Car sans l’accord du parquet d’un côté et de Netanyahou de l’autre, rien ne pourra se faire.

Mais une chose est certaine : il faut trouver une sortie à cette situation intenable.

Cette tribune n’est pas écrite pour récompenser Netanyahou pour sa gestion de la guerre en Iran. Ce qui se passe au tribunal ne nuit pas à Netanyahou. Cela nuit à la sécurité d’Israël.
C’est pourquoi l’arrêt du procès est notre besoin à nous, pas le sien.

Pourquoi je m’adresse au président et à la conseillère juridique, et pas à Netanyahou ? Parce qu’un accusé — même Premier ministre — pense d’abord à ses intérêts.
Seul lui paiera le prix en cas de condamnation.
En revanche, le président de l’État et le ministère de la Justice doivent penser à l’intérêt public.

Le président a déjà laissé entendre qu’il comprend l’ampleur du dommage. Selon Haaretz, il aurait tenté une médiation.
Dans Yedi’oth A’haronoth, il a qualifié un accord de plaidoyer de « bonne idée ».
Au congrès de Makor Rishon, il a dit qu’une grâce n’était « pas à l’ordre du jour » mais n’a pas exclu l’idée.

Ce n’est pas un cas de destitution
Certains diront : si Netanyahou ne peut pas gouverner, il doit se mettre en congé d’office.
Mais je ne parle pas ici en son nom. Je parle en tant que citoyen.
Et depuis ses précédentes déclarations, le pays a basculé dans une guerre sur de multiples fronts.

Pourquoi pas la destitution ? Parce que s’il veut partir, il peut le faire.
Mais tant qu’il reste, il est le représentant d’un large public.
L’écarter serait exclure une grande partie du peuple.

Autre argument opposé : l’intérêt public exige au contraire de poursuivre le procès.
Mais soyons réalistes : le procès ne se terminera pas avant 2030, soit 15 ans après les faits.
Et vu la polarisation autour de Netanyahou, aucun jugement ne convaincra l’autre camp.
Qu’il soit acquitté ou condamné, chacun restera campé sur ses positions.

Ce n’est pas une demande de faveur, mais un appel à la responsabilité.
Ceux qui sont en charge de l’intérêt public doivent se hisser au-dessus des débats partisans et œuvrer à un accord qui nous libérera de ce fardeau.

Une dernière remarque : cette tribune était prête à être publiée lorsque Donald Trump a tweeté son appel à arrêter le procès de Netanyahou.
Je me souviens de la joie de certains quand Joe Biden s’est exprimé contre la réforme judiciaire.
Je n’aimais pas cette ingérence alors, et je ne l’aime pas aujourd’hui.
Nous devons gérer nos affaires internes nous-mêmes, sans Biden ni Trump.


Kalman Liebskind – Maariv

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