Dans un rapport dressant l’état des otages revenus lors du dernier échange, le ministère de la Santé dévoile la gravité de la situation de ceux qui restent encore captifs : « Torture physique et psychologique destinée à briser le moral et provoquer des dommages psychologiques ».
Le rapport décrit des mauvais traitements, un abandon médical et des conditions infrahumaines dans lesquelles les otages ont été détenus.
JDN
Un rapport du centre d’information médicale et psychologique, recueilli par le ministère de la Santé à partir de témoignages de 12 otages libérés dans le cadre des phases de l’opération « Ailes de liberté » (janvier-février 2025), ainsi que d’entretiens avec des professionnels de santé et des thérapeutes, brosse un tableau alarmant.
Les données ont été collectées avec leur plein consentement, tout en respectant leur vie privée et leur dignité.
« La priorité absolue est de libérer les otages afin qu’ils puissent recevoir des soins médicaux susceptibles de leur sauver la vie », a déclaré lors d’un briefing la Dre Hagar Mizrahi, cheffe de la division médicale du ministère de la Santé.
Ce rapport contient des informations dures, mais indispensables à la compréhension des conditions extrêmes dans lesquelles les otages ont été maintenus.
Il détaille les conditions cruelles de détention et leurs lourdes conséquences physiques et psychologiques, tout en apportant des éléments permettant d’évaluer la situation probable des otages encore retenus.
Les descriptions font état de schémas persistants de sévices, de privation de soins médicaux et de conditions de vie infrahumaines, assimilables à de la torture et constituant de graves violations du droit humanitaire international.
« La réalité de la captivité, selon les témoignages, semble avoir été intentionnellement conçue pour infliger une souffrance physique et mentale, miner le moral, causer un traumatisme psychologique et faciliter le contrôle sur les captifs », est-il écrit dans le rapport.
Le personnel médical ayant pris en charge les rescapés rapporte de graves séquelles médicales, dont la plupart auraient pu être évitées ou atténuées si les otages avaient bénéficié de soins appropriés et en temps utile.
Le ministère de la Santé avertit que l’analyse de la condition médicale des rescapés fait craindre pour la vie des otages encore détenus depuis 676 jours, exposés à un danger immédiat.
« Je ne peux pas dire combien de temps il leur reste. Les otages actuellement à Gaza sont en danger de mort immédiat », a ajouté la Dre Mizrahi.
Le rapport indique que les otages ont été détenus dans des conditions variables, la majorité passant de longues périodes sous terre et de courtes phases « en surface ».
Certains ont été gardés dans des tunnels souterrains pendant plusieurs mois, n’étant autorisés à remonter à la surface que pour quelques jours isolés.
Les transferts, lorsqu’ils avaient lieu, se faisaient de manière soudaine et terrifiante, avec un sentiment constant de menace sur leur vie.
Dans certains cas, les otages ont dû marcher de longues distances dans l’obscurité totale, franchissant des obstacles dangereux, ce qui a entraîné des chutes et des blessures.
Les conditions de vie décrites sont qualifiées « d’inhumaines et de violation flagrante de toute convention internationale ».
Nombre d’otages ont été maintenus dans des tunnels étroits d’environ deux mètres carrés, d’une hauteur inférieure à 1,50 mètre, où jusqu’à six personnes étaient entassées sans possibilité de mouvement ni de sortie pendant de longs jours.
L’hygiène personnelle était impossible à maintenir : pas de toilettes, pas d’eau courante, douches seulement tous les quelques mois, à l’eau froide et avec une serviette partagée, changement de vêtements très rare.
Ce rapport, anonyme et non nominatif, se veut une source d’information fiable et un appel urgent à l’action.