Par Allistair Heath
Il y a quelque chose chez Israël qui met mal à l’aise, et ce n’est pas ce qu’ils prétendent.
Ils pointent du doigt la politique, les colonies, les frontières et les guerres. Mais si l’on creuse sous la colère, on découvre quelque chose de plus profond. Mal à l’aise non pas avec ce qu’Israël fait, mais avec ce qu’Israël est.
Une nation si petite ne devrait pas être si puissante. Point final. Israël n’a pas de pétrole. Pas de ressources naturelles particulières. Une population à peine plus grande qu’une ville américaine moyenne. Ils sont encerclés par des ennemis. Détestés par l’ONU. Cibles du terrorisme. Dénoncés par des célébrités. Interdits, vilipendés et attaqués.
Et pourtant, ils prospèrent comme s’il n’y avait pas de lendemain. Dans l’armée. Dans la médecine. Dans la sécurité. Dans la technologie. Dans l’agriculture. Dans le renseignement. Dans la moralité. Dans une volonté pure et inébranlable. Ils transforment le désert en terres agricoles. Ils produisent de l’eau à partir de l’air. Ils interceptent les roquettes en plein vol. Ils sauvent des otages au nez et à la barbe des pires régimes du monde. Ils survivent à des guerres censées les anéantir et gagnent. Le monde les observe sans comprendre.
Alors, ils font ce que font les gens lorsqu’ils sont témoins d’un pouvoir qu’ils ne comprennent pas. Ils supposent que c’est une arnaque. Ce doit être l’aide américaine. Ce doit être un lobbying étranger. Ce doit être de l’oppression. Ce doit être un vol. Ce doit être une ruse obscure qui a donné aux Juifs ce genre de pouvoir. Ce doit être du chantage. Parce que D’ nous en préserve, c’est réel. D’ nous en préserve, c’est acheté. Ou pire, c’était prédestiné. Le peuple juif était censé disparaître depuis longtemps. C’est ainsi que l’histoire des minorités exilées, asservies et détestées est censée se terminer.
Mais les Juifs n’ont pas disparu. Ils sont bel et bien rentrés chez eux, ont reconstruit leur pays, ont ressuscité leur langue et ont ressuscité leurs morts – avec mémoire, identité et pouvoir.
Ce n’est pas normal. Ce n’est pas politique. C’est biblique. Il n’existe aucun code de triche expliquant comment un groupe de personnes retourne dans son pays après 2 000 ans. Il n’existe aucun chemin rationnel depuis les chambres à gaz jusqu’à l’influence mondiale.
Et il n’existe aucun précédent historique à ce qu’on ait survécu aux Babyloniens, aux Romains, aux Croisés, à l’Inquisition, aux pogroms et à l’Holocauste, et qu’on soit encore au travail un lundi à Tel-Aviv. Israël n’a aucun sens. À moins de croire en quelque chose qui dépasse les mathématiques.
PEUT-ÊTRE QUE D’ N’EST PAS UN MYTHE
C’est ce qui rend le monde fou. Parce que si Israël existe, si cette nation improbable, ancienne et détestée est encore élue, protégée et prospère, alors peut-être que D’ n’est pas un mythe après tout. Peut-être qu’Il est toujours présent dans l’histoire. Peut-être que l’histoire n’est pas le fruit du hasard. Peut-être que le mal n’a pas le dernier mot. Peut-être que les Juifs ne sont pas seulement un peuple… mais un témoignage. C’est ce qu’ils ne supportent pas.
Parce que dès l’instant où l’on admet que la survie d’Israël n’est pas seulement impressionnante, mais divine, tout change. Votre boussole morale doit se remettre à zéro. Vos présupposés sur l’histoire, le pouvoir et la justice s’effondrent. Vous réalisez que vous n’assistez pas à la fin d’un empire, mais au début de quelque chose d’éternel. Alors ils le nient. Ils le vilipendent. Et s’enflamment contre lui.
Parce qu’il est plus facile de qualifier un miracle de « fraude » que d’envisager la possibilité que D’ tienne ses promesses. Et Il les garde sous silence.
Alistair Heath, journaliste britannique, paru dans le Daily Telegraph
Amen