Tout ce que vous vouliez savoir sur le centre de commandement américain.
Professeur Michael Ayache
Israël coopère avec le centre américain de Kiryat Gat pour coordonner le cessez‑le‑feu et l’assistance, mais ne cède ni sa liberté d’action ni sa souveraineté, et si le Hamas refuse le désarmement exigé par le plan, l’offensive de Tsahal doit reprendre sans délai pour rétablir une sécurité durable.
Ce centre, placé sous la direction opérationnelle du lieutenant‑général américain Patrick Frank, rassemble officiers israéliens et détachements de pays alliés pour surveiller en continu la situation à Gaza, organiser les flux d’aide et préparer une force de stabilisation, avec une coordination civilo‑militaire assurée par des diplomates comme Steve Fagin mandaté par Washington. La participation de militaires français, espagnols, allemands, britanniques, grecs, jordaniens, émiratis et d’autres pays, aux côtés d’organisations humanitaires et du CICR, consacre une internationalisation qui ne doit pas se transformer en tutelle, d’autant que la symbolique d’un unique drapeau américain au‑dessus du hangar rappelle qui cadence l’ensemble. Les responsables américains qualifient la mission d’inédite, visent à empêcher la répétition d’un 7 octobre et conditionnent toute reconstruction à une stabilisation préalable et à l’exclusion du Hamas de tout rôle sécuritaire, comme l’a souligné Marco Rubio lors de sa visite du site.
L’esprit des Accords Trump est strictement conditionnel : aide, stabilisation et reconstruction ne viennent qu’après le désarmement intégral du Hamas, le démantèlement de ses réseaux et des avancées tangibles sur les otages ; à défaut, l’accord ne crée aucune obligation additionnelle pour Israël et le cessez‑le‑feu reste un outil, non une fin. Les acteurs américains du centre reconnaissent mener la coordination, avec des alliés qui suivent et un Israël qui accueille, sans que cela ne limite le droit souverain de Jérusalem à neutraliser une menace lorsque l’adversaire sape l’objet même de l’accord. La position de principe, d’inspiration réaliste, demeure limpide : sécurité d’abord, politique ensuite, et aucun État n’acceptera l’ingérence du Hamas dans la sécurité future de Gaza.
Dans ce cadre, les obligations du Hamas sont nettes et vérifiables : restitution intégrale de tous les otages et des dépouilles selon un calendrier assorti de points de passage désignés ; désarmement total via remise des roquettes, RPG, mortiers, explosifs, drones et composants de production, malgré ses déclarations publiques rejetant le désarmement; démantèlement et scellement des tunnels avec cartographie exhaustive, accès sans restriction et contrôle technique ; dissolution des structures de commandement et interdiction de toute reconstitution d’unités armées. Ces exigences incluent la fin des tirs, de l’ingérence sécuritaire et du racket sur l’aide, l’arrêt de l’incitation via les vecteurs médiatiques affiliés, la transparence financière avec interdiction des « taxes » parallèles et audits partagés, ainsi que la coopération 24/7 avec les équipes de vérification pour l’accès aux sites et souterrains et la géolocalisation des dépôts.
Le dispositif de vérification s’appuie sur des indicateurs concrets — zéro roquette, zéro tir de harcèlement, aucune reconstitution d’unité, progression hebdomadaire sur remises d’armes et neutralisation des tunnels — avec des jalons publics et des livrables vérifiables comme les listes d’armes, coordonnées de galeries et état des commandements neutralisés. La supervision comprend des moyens ISR, y compris des drones déployés récemment pour suivre le respect du cessez‑le‑feu par toutes les parties, afin de réduire l’ambiguïté et d’appuyer la documentation des violations. En cas d’écart grave non corrigé rapidement, la réponse doit être automatique : notification via le centre puis riposte israélienne immédiate et proportionnée, la condition posée par Washington — stabilisation avant reconstruction et exclusion du Hamas — justifiant la suspension des arrangements et renforçant la légitimité d’une reprise des opérations.
Cette lecture réaliste n’est pas expliquée dans les médias car elle repose sur une évidence : la souveraineté israélienne n’est pas délégable, la documentation internationale aide à prouver les manquements, mais la décision de frapper appartient à Israël seul lorsqu’il s’agit de protéger ses citoyens. Gadi Taub met en garde contre une internationalisation mal cadrée qui fige des compromis affaiblissant dissuasion et indépendance stratégique, d’où la nécessité de clauses de sortie nettes et d’objectifs mesurables. Sur le plan institutionnel et juridique, les analyses de Moché Cohen‑Eliya sur la dérive « juristocratique » rappellent la primauté du mandat démocratique et le caractère indisponible du devoir régalien de sécurité face aux menaces persistantes.
Opérationnellement, la doctrine de lignes rouges s’impose : tout tir de roquette, missile antichar ou drone armé appelle une riposte immédiate contre les cellules de tir et leurs chaînes de commandement ; tout détournement d’aide ou taxation illégale justifie le ciblage des nœuds de contrôle et des dépôts logistiques ; tout refus d’accès aux tunnels ou inventaire lacunaire impose des opérations d’ingénierie et de domination de zone ; toute reconstitution de bataillons, reprise de l’incitation ou présence « policière » du Hamas entraîne arrestations offensives, raids ciblés et neutralisations préventives.
Le message aux partenaires est de coopération sans renoncement : partenariat oui, tutelle non, avec des jalons courts et publics dont chaque manquement documenté entraîne un palier de pression puis la riposte, l’ordre logique restant stabilisation avant reconstruction et exclusion du Hamas de la sécurité. La priorité absolue demeure le retour des otages, faute de quoi la fenêtre diplomatique se referme et la coercition reprend ses droits dans un cadre de légitime défense assumée.
*En définitive, le plan n’engage Israël que si le Hamas honore ses obligations de désarmement, de démantèlement et de restitution des otages ; à défaut, l’État d’Israël reprend le combat avec pleine légitimité politique, stratégique et morale, et le centre de Kiryat Gat sert d’outil de preuve des violations plutôt que de frein à la défense d’Israël.



























