Israël face à l’instabilité croissante à sa frontière orientale
La province syrienne de Soueida, peuplée majoritairement de Druzes, est le théâtre d’un affrontement brutal entre milices bédouines et civils druzes. Alors que le régime d’al-Sharaa peine à restaurer l’ordre, les appels au secours des leaders druzes, tant en Syrie qu’en Israël, se multiplient. L’État hébreu, inquiet de voir un massacre en cours à ses portes, a opéré un virage diplomatique inattendu : après avoir ordonné des frappes contre les troupes pro-régime, Israël en est venu à demander le redéploiement de ces mêmes forces dans le sud syrien, à condition qu’elles soient discrètes — sans uniforme ni armement lourd.
Trois objectifs israéliens clairs
Face à ce désordre grandissant, Israël doit affirmer une politique cohérente à l’est de ses frontières. Trois axes stratégiques émergent :
Ces démarches doivent s’inscrire dans un dialogue étroit avec Washington, principal allié d’Israël, et s’appuyer sur une surveillance étroite des actions du président syrien al-Sharaa.
Pendant ce temps, le sud d’Israël reste en alerte. À Gaza, les combats prennent une tournure de plus en plus asymétrique. Le Hamas, acculé, multiplie les actions de guérilla, infligeant des pertes croissantes aux Forces de défense israéliennes. L’usure des troupes et la complexité du terrain urbain soulèvent des risques accrus d’erreurs et de dommages collatéraux.
La possible visite du médiateur américain Steve Witkoff à Doha pourrait relancer les négociations sur les otages. Un accord envisagerait l’échange de dix captifs vivants et d’une quinzaine de corps contre un cessez-le-feu temporaire et la libération de prisonniers palestiniens. Malgré l’impasse apparente, les deux parties semblent motivées à parvenir à un compromis, ne serait-ce que pour des raisons tactiques.
Alors que l’attention reste focalisée sur la Syrie et Gaza, la situation en Cisjordanie devient préoccupante. Des éléments d’extrême droite israéliens entretiennent un climat d’instabilité que le gouvernement semble tolérer tacitement. La visite récente de l’ambassadeur pro-israélien Mike Huckabee dans le village chrétien de Taybeh, dénonçant les attaques de colons, rappelle que le calme apparent peut dissimuler de profondes tensions.
Sur le front nucléaire, Israël et les États-Unis auraient récemment infligé un coup dur à Téhéran, selon plusieurs sources israéliennes. Les frappes ciblées auraient touché l’ensemble des sites nucléaires iraniens, retardant leur programme d’au moins 18 mois. Le régime iranien, fragilisé par cette opération, serait encore en train d’évaluer sa riposte. Toutefois, l’absence de réaction immédiate ne garantit pas la fin des ambitions nucléaires de l’Iran.
Enfin, un certain paradoxe entoure les accusations israéliennes à l’égard de l’ingérence étrangère. Alors que des rapports américains évoquent un possible financement de manifestations anti-gouvernementales en Israël, certains membres du gouvernement entretiennent ouvertement des relations avec des États comme le Qatar. Ces contradictions pourraient nuire à la crédibilité diplomatique de Jérusalem, à un moment où elle a le plus besoin de soutien international.
La complexité des enjeux actuels – conflits tribaux en Syrie, guerre d’usure à Gaza, instabilité en Cisjordanie, menace iranienne – oblige Israël à une vigilance extrême et à une clarification urgente de sa stratégie régionale. Dans ce contexte incertain, chaque décision pèse lourd, et chaque hésitation peut avoir des répercussions bien au-delà de ses frontières.
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