Professeur Michael Ayache – Illustration : la Cour suprême
« L’État profond » en Israël semble bien reposer sur un alignement concret d’élites sécuritaires, judiciaires et bureaucratiques qui se sont arrogé, au fil des années, un pouvoir de veto informel sur les décisions du gouvernement élu. Ces élites, non élues et non responsables devant le public, utilisent leur contrôle sur les procédures, le droit et les mécanismes de sécurité pour neutraliser, ralentir ou vider de leur substance les choix stratégiques d’une majorité sortie des urnes.
Dans l’appareil sécuritaire et militaire, ce phénomène s’est manifesté de façon dramatique autour du 7 octobre. Les enquêtes internes et panels d’experts parlent de « défaillances systémiques » et de « faiblesses structurelles de longue durée » : renseignement ignoré, sous‑estimation idéologique du Hamas, culture d’autosatisfaction, incapacité à traduire les alertes en décisions opérationnelles. Dans une lecture de droite, ces échecs ne sont pas seulement techniques : ils illustrent une caste sécuritaire persuadée de savoir mieux que le pouvoir civil ce qui est bon pour l’État, et qui a préféré maintenir ses paradigmes, ses budgets et son prestige plutôt que d’admettre que sa doctrine de « gestion » de Gaza et de containment du Hamas menait droit à la catastrophe. L’affaire Oren Salomon, et plus largement la bataille autour des ta’ḥkirim (les analyses) du 7 octobre, met à nu cette logique : quand un officier tente de faire remonter une vérité qui dérange les sommets, c’est contre lui qu’on enquête et on tente de le faire taire, pendant que les décideurs permanents se protègent derrière le vocabulaire des « erreurs collectives » sans visage.
Dans l’appareil judiciaire et bureaucratique, l’« État profond » se manifeste par un contrôle sans équivalent des leviers clé de la souveraineté. La Cour suprême et les hauts juristes ont construit au fil des décennies une jurisprudence hyper‑activiste qui leur permet d’annuler lois, nominations, décisions de sécurité et de politique étrangère au nom de notions largement auto‑définies de « raisonnabilité » ou de « proportionnalité », transformant une démocratie parlementaire en régime où une poignée de juges et de conseillers juridiques peut, de fait, faire plier un gouvernement majoritaire. Le système de sélection des juges, la toute‑puissance de la Conseillère juridique du gouvernement et l’autonomie des hauts fonctionnaires ont créé une situation unique en Occident : des acteurs jamais élus, quasi inamovibles, peuvent bloquer des réformes structurantes sur la sécurité, l’immigration, la question judiciaire ou la gouvernance en invoquant des « principes supérieurs » qui n’ont jamais été soumis au verdict populaire.
Ce même réseau judiciaire‑bureaucratique joue un rôle clé dans la paralysie du gouvernement sur des dossiers vitaux. Lorsque la Cour suprême impose au cabinet de débattre d’une commission d’enquête « à sa manière » sur le 7 octobre, tout en choisissant elle‑même les juges qui contrôleront la procédure, le message est clair : même la façon dont le politique peut enquêter sur un désastre sécuritaire relève d’un contrôle supérieur, non élu.
Lorsqu’un Premier ministre et ses ministres se voient menacés par des procédures, des injonctions et des injonctions judiciaires dès qu’ils touchent à la réforme judiciaire ou à la chaîne de commandement sécuritaire, une partie de la droite voit là non pas des « garde‑fous démocratiques », mais un chantage institutionnel permanent : le gouvernement peut gouverner tant qu’il respecte les lignes rouges fixées par ce noyau dur, sinon il est accusé de « fin de la démocratie », attaqué à l’international et entravé par des grèves et des campagnes orchestrées.
Dans cette perspective, l’« État profond » ne se contente pas de freiner ponctuellement des lois ; il sabote au quotidien la capacité de l’État juif à se défendre et à se projeter. En entretenant la peur des poursuites au sein des officiers, en imposant des règles d’engagement pensées davantage pour satisfaire des forums juridiques internationaux que pour protéger des communautés du sud, en bloquant des réformes de la gouvernance et de la nomination des juges, il désarme la souveraineté israélienne de l’intérieur. Il transforme l’IDF, la police, les services de renseignement et les administrations en bastions corporatistes où l’on protège des positions, des récits et des alliances médiatico‑judiciaires avant de protéger le kibboutz, la ville du sud ou la famille dans la plaine côtière.
Dans une telle analyse, restaurer l’autorité du gouvernement d’Israël élu démocratiquement n’est pas un caprice partisan, mais une exigence existentielle. Il s’agit de rappeler que les généraux, les juges, les conseillers et les hauts fonctionnaires ne sont pas les tuteurs du peuple, mais ses serviteurs ; que leur expertise n’a de sens que si elle se met au service d’un mandat clair, défini par les urnes ; et que lorsqu’ils utilisent leur position pour imposer leur agenda idéologique ou protéger leurs échecs, ils cessent d’être des gardiens de la démocratie pour devenir un obstacle à la mission historique de l’État juif. Dans cette optique, dénoncer l’« État profond » et le désarmer institutionnellement n’est pas « affaiblir la démocratie », c’est au contraire la condition pour que la souveraineté israélienne – sécurité, identité, continuité du projet sioniste – ne soit plus otage d’un pouvoir parallèle qui n’a jamais été choisi par le peuple.



























Le problème est beaucoup plus profond d’un point de vue spirituel que ce qui est décrit ici, le Zohar nous raconte que seule la généralisation de l’étude de la pnimiout à la fin des temps permettra de détruire le Erev Rav. C’est aussi mida keneged mida, nous ne voulons pas d’Hachem pour dirigeant, nous aurons à la place les pires dirigeants les plus stupides et corrompus que nous puissions imaginer. Mais puisque qu’on reste dans la lecture superficielle et rationnelle des choses, ici aussi les choses sont bien plus graves que ce qui est évoqué : en fait tout ce qui est dit est vrai, à une subtilité près ; ce Erev Rav, ce Deep State savent très bien tout ça et voient ce genre d’article et… Ca les fait rire. Ils sont indéboulonnables et ils le savent et nous le savons, rien n’est possible et rien ne le sera, les choses ne feront qu’empirer jusqu’à ce qu’on traite le problème à la racine : Emouna et dvekout