Le rav Yits’hak Yossef, président du Conseil des Sages de la Tora, a raconté samedi soir une anecdote personnelle marquante, évoquant ses années de jeunesse à la Yechiva de ‘Hévron, où les cours étaient donnés en yiddish – une langue qu’il ne comprenait pas. Il a révélé un geste exceptionnel de compassion de la part du rav Meïr Hadach zatsal, le seul à s’être soucié des élèves sefarades. Un témoignage fort, qu’il a partagé en présence de son fils, le doyen des machgui’him, le tsaddik rav Naftali Hadach.
Be’hadré ‘Harédim – Moche Weisberg
Lors d’un moment émouvant qui s’est tenu samedi soir à la synagogue Yazdim de Jérusalem, le rav Yits’hak Yossef, ancien Grand Rabbin sefarade d’Israël, a donné son cours hebdomadaire. À la fin du cours, il s’est tourné vers le rav Naftali Hadach, assis à ses côtés, et a partagé avec lui un souvenir de sa jeunesse à la Yechiva de Hévron, il y a plus de 50 ans, concernant le rav Meïr Hadach, père de rav Naftali et légendaire machgui’a’h (surveillant spirituel) de la Yechiva.
« Nous avons eu le mérite d’étudier à la Yechiva de ‘Hévron », a-t-il commencé.
« Tous les rabbanim de la Yechiva – rav ‘Hatzkel Sarna, rav Moché ‘Hévroni, rav Sim’ha Zissel Broïda, rav Meïr Hadach – parlaient en yiddish. Et moi… je ne comprenais pas un mot de yiddish », a-t-il avoué avec franchise.
Il a alors décrit la difficulté vécue par lui et ses amis, des jeunes issus des communautés sefarades, qui ne maîtrisaient pas le yiddish, pourtant langue principale d’enseignement dans les Yechivoth ashkenazes de l’époque : « Qu’est-ce qu’on faisait ? On fuyait dans la bibliothèque, à la galerie des femmes… On cherchait un endroit où aller pendant les cours. »
Puis est venu le témoignage central de cette soirée : « Le seul qui a pensé à nous », a-t-il déclaré avec émotion, « Le seul qui s’est soucié de nous, c’était le rav Meïr Hadach. »
Le rav Yossef a alors raconté : « Le jour même où un cours était donné à la Yechiva, le soir, chez lui – il habitait juste en dessous de la Yechiva – nous nous rassemblions tous dans son salon. Et là, le machgui’a’h reprenait le cours en hébreu. »
Il a poursuivi en évoquant l’approche éducative de son propre père, le rav Ovadia Yossef zatsal, qui avait volontairement envoyé ses enfants à la fois dans des Yechivoth sefarades et ashkenazes, afin qu’ils s’inspirent du meilleur des deux traditions : « Dans les Yechivoth ashkenazes, nous avons appris l’importance d’encourager les jeunes élèves. Il faut les soutenir, les valoriser », a-t-il insisté.
Les paroles du rav Yossef ont suscité une vive émotion chez les auditeurs – en particulier chez le rav Naftali Hadach, touché par ce rare et précieux témoignage sur son père. Une histoire qui reflète plus que tout la véritable grandeur : la sensibilité à l’autre, l’amour d’Israël pur et sans distinction entre origines ou communautés.