Le ministre de la Défense, Israel Katz, déclare : « Sans le soutien des rabbins, il est impossible de recruter de manière significative. »
Selon lui, la loi permettra de recruter 10 000 ‘haredim en deux ans, et 50 % d’une classe d’âge en cinq ans, tout en préservant leur mode de vie. Katz prévoit que les opposants au gouvernement manifesteront contre l’intégration des ‘haredim dans Tsahal.
JDN – Zeev Gur Aryeh
Le ministre de la Défense Israel Katz a été interviewé ce matin par Kalman Libskind, connu pour son approche critique à l’égard du public ‘haredi et pour ses attaques répétées contre celui-ci au cours des deux dernières années, sur fond de débat autour de la loi sur la conscription. Au cours de l’entretien, Katz a exprimé son opinion selon laquelle la loi sur la conscription actuellement promue à la Knesset est une bonne loi et permettra, selon lui, l’intégration des ‘haredim dans l’armée.
Parallèlement, il a attaqué les opposants à la loi et les manifestants contre le gouvernement, affirmant qu’ils continueront de toute façon à manifester. Il a ajouté que Tsahal ne parvient pas aujourd’hui à recruter les ‘haredim, malgré l’application de sanctions, d’arrestations et l’envoi de dizaines de milliers d’ordres d’appel à des jeunes ‘haredim.
Le ministre Katz a également raconté que des rabbins du sionisme religieux l’ont encouragé à exiger que les ‘haredim qui s’engagent bénéficient de tous les droits et adaptations nécessaires. Ces rabbins lui ont dit qu’eux-mêmes rencontrent des difficultés sérieuses avec l’armée, qui ne respecte pas toujours les accords conclus avec eux.
Dans ses propos lors de la Conférence nationale de l’éducation du Centre des Yechivoth et oulpanoth Bné Akiva et du journal Makór Rishon, Katz a précisé que sans l’accord des ‘haredim, toutes les mesures draconiennes que tentent de promouvoir certains cercles du sionisme religieux et du grand public à l’encontre des ‘haredim ne serviront à rien.
Entretien intégral avec le ministre Katz
Kalman Libskind :
« Où vous situez-vous concernant la loi sur la conscription en cours d’élaboration ? »
Ministre de la Défense, Israel Katz :
« Je suis entré en fonction comme ministre de la Défense. Je suis un ancien de la Yechiva d’Or Etzion, je sais ce que sont la Tora et le travail, je sais ce qu’est le service militaire, je comprends la valeur du rav Kook et tout cela. Je pense, et je le pense depuis de nombreuses années, qu’il faut trouver une solution consensuelle à cette question, et qu’il n’y a rien qui ne doive se faire sans accord.
Certes, ce n’est pas un droit de veto. C’est pourquoi j’ai commencé à formuler des principes, je suis allé de personne en personne — depuis l’ancien président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense jusqu’à d’autres, en passant par les épouses de réservistes, des cercles du sionisme religieux, des rabbins des Yechivoth hesder, des rabbanim des grandes Yechivoth — afin de comprendre. J’ai élaboré des principes justes, qui permettent un service militaire significatif tout en préservant le mode de vie. »
Libskind :
« On prétend que la loi sur la conscription n’amènera pas les ‘haredim à s’enrôler. »
Katz :
« Attendez. J’ai transmis ce modèle à ceux qui s’en occupent maintenant à la Knesset. Le principe fondamental est le suivant, et j’ai tenu de nombreuses discussions avec Tsahal. Parfois, quelqu’un disait : “Nous sommes prêts, nous pouvons envoyer des ordres à 24.000, à 10.000, à 100.000.” J’ai demandé : “Et vous les recrutez ?” Ils répondent : “Non, on ne peut pas recruter de manière significative sans le soutien des rabbanim.”
Je le dis clairement : c’est une réalité qui existe depuis la création de l’État. Il y a eu divers arrangements. Je crois qu’il y a ici une opportunité, notamment à cause de ce qui s’est passé le 7 octobre, et parce que le public ‘haredi a lui aussi traversé des événements. Il y a chez eux une large acceptation de choses qu’ils refusaient auparavant. Il y a ici une opportunité de faire passer une loi juste, qui amènera à l’enrôlement de milliers, de dix mille ‘haredim au cours des deux premières années.
Ensuite, en cinq ans, on atteindra 50 % de chaque classe d’âge. C’est quelque chose de significatif. Je ne sais pas si, dans les quartiers ‘haredim, on suspend encore les uniformes sur des cordes à linge ou si tout va au sèche-linge, mais quand des uniformes seront visibles, ce ne sera plus le même soldat persécuté parce qu’il porte l’uniforme. Si 50% servent, et que l’on peut le vérifier, alors la norme changera et tout le monde servira.
Toute réforme — et j’en ai mené beaucoup, que ce soit comme ministre des Transports ou ailleurs — nécessite deux conditions :
-
qu’elle soit nécessaire,
-
qu’elle soit possible.
Ce qui n’est pas nécessaire, ne le fais pas. Ce qui n’est pas possible, ne le fais pas. Ici, c’est nécessaire et c’est possible. Il faut le faire et intégrer les ‘haredim, dans Tsahal, dans l’économie et dans tous les autres domaines.
Ce sont nos Juifs. Ils font partie de notre force, de notre majorité ici, de la préservation de notre héritage. Et je vais vous dire plus que cela : quand j’ai rencontré les rabbins du sionisme religieux et que je les ai aidés à préserver cette œuvre immense, d’où sortent aussi des milliers de combattants, qu’est-ce qu’ils m’ont dit ? Je leur ai posé la question. Ils m’ont répondu qu’il fallait absolument garantir le respect du mode de vie, car eux aussi, les rabbins sionistes, ont des problèmes avec certains aspects de l’armée. »
Libskind :
« Je veux quand même protester contre ce mot “consensus”. Mon fils vient de commencer, je crois, son sixième tour de service, il est en Syrie. On ne l’a pas appelé “avec son accord”. Il a reçu un ordre et il est venu. »
Katz :
« Ma responsabilité est plus grande, parce que j’ai été le principal moteur… »
Libskind :
« Pourquoi devons-nous attendre leur accord ? Pourquoi chaque jeune de 18 ans ne va-t-il pas à l’armée ? Vous avez dit : ce sont des Juifs. Nous aussi, nous sommes des Juifs. »
Katz :
« J’ai été le principal moteur de l’entrée en Syrie et du maintien au Liban dans la zone de sécurité, contrairement aux accords, et de l’application maximale. Je vois là-bas les soldats de réserve, je les rencontre — peut-être même votre fils. C’est tout simplement impressionnant. Quand il a fallu renforcer Gaza, nous y avons envoyé des réservistes. Mais je regarde la réalité de manière pragmatique et je dis : le consensus est nécessaire pour que ce soit réaliste.
Je ne parle pas de dire “je veux 100 %” et ne même pas obtenir 50 %. Aujourd’hui, à peine 1 800 ‘haredim s’enrôlent dans Tsahal, dont la majorité sont des ‘Habad qui servent de toute façon, et qu’on classe comme ‘haredim. Il n’y a pas de véritable recrutement ‘haredi. Tous ceux qui ont été chefs d’état-major ou ministres de la Défense et qui parlent aujourd’hui — qu’ont-ils recruté lorsqu’ils étaient en fonction ? Zéro. Zéro.
Les prisons ? La Cour suprême a statué qu’il est permis de les incarcérer. Je n’ai empêché l’envoi d’aucun ordre : ni les 3 000, ni les 7 000, ni les 14 000, ni les 24 000. Et quel est le résultat ? Je demande au chef des ressources humaines de Tsahal : qu’est-ce que cela a apporté ? Rien. Et vous pensez que cela apportera quelque chose ? Non.
On peut continuer sur cette voie et ne pas obtenir de service militaire. Moi, je pense qu’il est nécessaire et vital que les ‘haredim s’intègrent dans un service significatif. Aujourd’hui, Tsahal se prépare à pouvoir les accueillir si la loi est adoptée : les placer aux bons endroits, dans les bons cadres, tout en protégeant leur mode de vie. Cela peut être une révolution grande et réaliste.
Je ne porte pas actuellement la loi — elle est à la Knesset. Je dis simplement que, sur le principe, c’est ma vision. Il faut intégrer les ‘haredim. Si nous voulons que l’État d’Israël reste fort à l’avenir, nous devons intégrer ce public dans la sécurité, l’économie et tous les autres domaines.
Je peux vous dire une chose : si une loi sur la conscription est adoptée et qu’elle permet le recrutement de plus de 10 000 ‘haredim en deux ans, je vous promets une chose : tous ceux qui manifestent aujourd’hui contre le gouvernement, pour des raisons politiques et non autres, manifesteront alors contre la réalité où les ‘haredim “prennent le contrôle” de Tsahal.
Sans aucun doute. Je vous le dis clairement : ceux qui n’agissent pas par souci réel de la question mais politiquement ne veulent pas du service des ‘haredim — ils veulent faire tomber le gouvernement. Ils manifesteront en criant : “Qu’est-ce que l’exclusion des femmes ? Qu’est-ce que le service dans des unités séparées ?” — exactement comme ils l’ont fait contre le sionisme religieux. »


























