
Faute d’accord entre les rabbanim ashkenazes sur la loi d’exemption du service militaire, la coalition tente de formuler une autre solution : le subventionnement des crèches pour les réfractaires en échange du vote du budget.
Le parti Shas œuvre malgré tout à faire accepter la loi au sein de ses partisans — mais attend surtout la décision des rabbanim lituaniens.
Ynet
Alors que, dans les partis orthodoxes, on admet que le conflit entre les différentes cours rabbiniques ashkenazes est ce qui bloque l’avancement de la « loi Bismuth » (sur la conscription), la coalition travaille avec les représentants ‘harédim sur une proposition alternative : une loi sur la subvention des crèches, en échange de l’adoption du budget.
Cette loi annulerait les sanctions imposées aux crèches lorsque les parents ne font pas leur service militaire, apaisant ainsi la colère du public orthodoxe face à la situation où, tant que les hommes ‘harédim ne s’enrôlent pas dans Tsahal, l’État refuse de financer les garderies pour leurs enfants.
Une impasse politique et rabbinique
Faute d’accord des rabbanim lituaniens, la coalition ne dispose pas de majorité pour faire passer la loi de conscription proposée par Boaz Bismuth, président de la commission de la défense et des affaires étrangères.
De plus, le Premier ministre Benyamin Netanyahou n’a aucun intérêt à ouvrir les discussions sur ce texte — qui n’a même pas encore été déposé officiellement devant la commission — de peur de subir une forte critique publique, y compris dans son propre camp de droite, pour une loi qu’il sait quasiment inapplicable.
Le plan de repli : la loi sur les crèches
La coalition et les partis orthodoxes élaborent donc un scénario alternatif, dans le cas où la loi sur la conscription ne serait pas adoptée dans les prochaines semaines.
La contrepartie envisagée serait donc : le vote du budget contre une loi sur la subvention des crèches, voire la fixation d’une date consensuelle pour de futures élections.
Cette loi avait déjà été évoquée l’an dernier comme mesure temporaire de remplacement à la loi d’exemption du service militaire.
Mais il est incertain qu’un texte annulant les sanctions contre les réfractaires puisse passer juridiquement.
Concrètement, la loi permettrait le financement des crèches même lorsque seule la mère travaille, ce qui reviendrait à maintenir le subventionnement des familles d’étudiants en Yechiva (avrékhim), même si le père échappe au service militaire.
Pression budgétaire
Les partis orthodoxes comprennent bien que sans budget 2026, ils seront les premiers touchés — surtout les réseaux d’éducation religieuse, qui devront affronter des coupes importantes et auront du mal à payer les enseignants.
Si le nouveau budget de l’État n’est pas voté, le gouvernement fonctionnera avec un budget mensuel reconduit au douzième, priorisant les secteurs vitaux (défense, santé), au détriment du reste.
Dans ce cadre, les budgets des institutions éducatives ‘harédioth, qui ne sont pas intégrés au budget de base, seront nécessairement réduits.
Acceptabilité dans le public haredi
Reste la question : un tel compromis — un financement des crèches sans loi de conscription — sera-t-il acceptable par la société orthodoxe, alors qu’il ne règle pas leur statut officiel ?
Même au sein du Likoud et du sionisme religieux, on hésite : est-il politiquement judicieux, en année électorale, d’annuler la principale sanction contre les réfractaires, alors que tout accord de ce type ne durerait que jusqu’à l’été prochain ?
Le Shas attend Deguel HaTora
Pendant ce temps, le parti Shas travaille depuis plusieurs semaines à préparer ses électeurs à soutenir la loi sur la conscription, malgré l’opposition du courant de Jérusalem et d’autres factions du monde ‘harédi.
Même parmi les rabbanim du Shas, on observe des réticences envers la loi dans sa forme actuelle.
Mais le Shas attend Deguel HaTora, dont le feu vert servirait de garantie spirituelle que le texte ne constitue pas un compromis portant atteinte à la « Tora ».
Les députés de Deguel HaTora ont rencontré le rav Moshé Hillel Hirsch, l’un des deux principaux chefs du courant lituanien (avec le rav Dov Landau).
Le rav Hirsch semble incliné à accepter le texte proposé, mais souhaite l’accord préalable du rav Landau, son aîné.
Ce dernier pourrait cependant refuser la version Bismuth.
La semaine dernière, les proches du rav Hirsch ont parlé avec Netanyahou après la rencontre du député Moshé Gafni avec le rav, et ont fait état d’une évolution positive concernant la loi d’exemption.
Mais, selon des sources citées par Ynet, si Netanyahou estime que les rabbanim orthodoxes restent divisés sur la version actuelle, il proposera d’adopter le budget 2026 en y incluant des fonds supplémentaires pour le secteur ‘harédi, plutôt que de risquer une crise politique immédiate.


























