La communauté juive de Metz réinaugure une synagogue historique transformée en son temps en entrepôt nazi

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Lors d’une cérémonie émouvante et solennelle à Metz, dans le nord-est de la France, la grande synagogue construite en 1850 et rénovée ces dernières années jusqu’à retrouver son aspect d’origine a été réinaugurée, en présence de rabbanim et de personnalités publiques venus de toute la France et d’Europe.

Il s’agit de l’une des plus anciennes et des plus importantes synagogues de la communauté juive de France. Gravement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fut transformée en entrepôt militaire par les nazis.

Le Grand rabbin Fison a décrit l’événement comme particulièrement émouvant : « Ce fut un moment historique pour nous. Cette synagogue représente la continuité de la vie juive à travers les siècles. Elle a connu des périodes de prospérité, de destruction et de restauration. La voir retrouver sa splendeur d’antan est un véritable miracle. »

Classé monument historique, l’édifice a fait l’objet d’une restauration complète d’un coût d’environ 2,3 millions d’euros. Financée par l’État français et la commune, cette restauration s’inscrit dans le cadre d’un engagement en faveur de la préservation du patrimoine historique. Les travaux, qui ont duré plusieurs années, ont permis une reconstitution fidèle des façades, des murs intérieurs, de l’Arche d’Alliance et de la nef. La synagogue peut désormais accueillir environ 800 fidèles.

Durant l’occupation nazie, le bâtiment fut confisqué et utilisé comme entrepôt logistique par la Wehrmacht. Après la Libération, la synagogue était toujours debout, mais négligée et endommagée. La communauté locale y a prié pendant des décennies, faute de moyens pour investir dans une restauration complète. Ce n’est que récemment que les financements nécessaires ont été obtenus pour un vaste projet de restauration. Le bâtiment date de 1850, jusque dans les moindres détails architecturaux.

Outre l’atmosphère festive, un important dispositif de sécurité était déployé. « Lorsque nous avons invité le public, nous savions qu’une sécurité renforcée était indispensable », explique le Grand rabbin Fison. « En France, les cas d’antisémitisme sont en recrudescence et nous sommes déterminés à protéger la communauté. » Pendant l’événement, de nombreuses forces de sécurité étaient déployées autour de la synagogue.

Lors de son discours d’inauguration de la maison, le Grand rabbin Fison a déclaré : « Ce bâtiment a résisté aux guerres, aux conquêtes et aux crises. Aujourd’hui, il est de nouveau empli de prières, de joie et de rencontres juives. C’est un message important pour tous les Juifs d’Europe. Nous poursuivons notre chemin. »

La communauté de Metz compte actuellement environ 2 000 Juifs sur les 120 000 habitants de la ville. Malgré sa taille relativement modeste, elle est considérée comme stable et organisée, et dispose d’une infrastructure complète pour la vie juive : une école juive active, un mikvé, un ‘érouv et des offices rabbiniques réguliers. « Notre ‘érouv englobe les quartiers résidentiels juifs et a été créé avec l’aide d’experts néerlandais. La synagogue est active tous les jours, et des minyanim et des fêtes familiales y sont régulièrement organisés. C’est un cœur vivant, une véritable communauté », affirme le Grand rabbin.

Le Grand rabbin Fison a déclaré : « La situation en matière d’antisémitisme à Metz est meilleure que dans d’autres villes. Honnêtement, je préfère vivre ici qu’à New York. Ce qui se passe actuellement à New York est tout simplement terrible. On entend des cris dans la rue, des insultes, des accusations contre Israël. Mais il n’y a quasiment pas eu d’agressions physiques. Notre école, en revanche, est toujours sous haute sécurité. »

Outre sa pratique rabbinique, le Grand rabbin Fison est également vétérinaire et, ces dernières années, il a mené une vaste lutte en Europe, en tant que représentant de la Conférence rabbinique européenne, pour préserver le droit à l’abattage rituel juif. Selon lui, cette lutte n’est pas motivée par des raisons morales ou vétérinaires, mais bien par des raisons politiques. « La lutte contre l’abattage rituel en Europe vise principalement les musulmans. Certains veulent les restreindre et, par conséquent, promeuvent des lois qui nous affectent aussi. Pour eux, c’est un moyen de créer un nouvel ordre social. Mais en pratique, si l’abattage rituel est interdit aux musulmans, il le sera aussi aux Juifs. »

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