La CPI rejette l’appel d’Israël contre les mandats d’arrêt contre Netanyahu et Galant

0
34
Pour mémoire, ces mandats avaient été émis le 21 novembre 2024, après que la CPI a estimé qu’il existait « des motifs substantiels de croire » que Netanyahu et Galant étaient responsables, en tant que co-auteurs, de crimes de guerre — notamment l’utilisation de la famine comme méthode de guerre — et de crimes contre l’humanité commis dans la bande de Gaza entre le 8 octobre 2023 et le 20 mai 2024.

Depuis l’annonce, l’État d’Israël rejette catégoriquement la compétence de la CPI pour juger ses hauts responsables. Le gouvernement affirme que les opérations militaires ont été menées dans un cadre de légitime défense et ne peuvent être jugées comme crimes par une Cour dont le pays ne fait pas partie. Malgré cela, la CPI a souligné que la question de la compétence n’avait pas encore été tranchée, mais que cela ne permettait pas de geler les mandats pendant l’examen.

En réaction à la décision, Israël a exprimé sa colère : les plus hauts responsables du pays ont qualifié la procédure de « politique », d’« attaque contre Israël » et d’« inacceptable ». La position américaine est également intervenue : les États-Unis, non signataires du Statut de Rome, ont exprimé leur rejet de la décision et pris des mesures contre plusieurs juges de la CPI, estimant que la Cour outrepassait son mandat.

L’enjeu juridique est sans précédent : jamais auparavant un dirigeant d’un pays démocratique soutenu par l’Occident n’avait fait l’objet de mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerre. Cet élément rend la situation particulièrement tendue, tant sur le plan diplomatique que sur le plan de la crédibilité de l’institution judiciaire internationale.

Sur le terrain stratégique, l’impact pour Israël est lourd. Le maintien de ces mandats met en lumière la vigilance accrue de certains juges internationaux face aux actions militaires israéliennes dans les territoires palestiniens. Cela complique aussi la diplomatie israélienne à l’étranger : tout déplacement du Premier ministre ou du ministre concerné dans un pays membre de la CPI pourrait théoriquement déclencher une arrestation. Cela crée un risque pour la liberté de mouvement de responsables israéliens et pour les efforts de normalisation ou de dialogue à l’international.

Malgré cela, Israël peut tirer parti de cette situation en s’affirmant comme défenseur de la légitime défense contre les organisations terroristes, et en consolidant ses alliances pour répondre à ce qu’il perçoit comme une tentative de délégitimation de son action. En mettant en avant son droit à se protéger face à des menaces existentielles — comme les attaques du 7 octobre 2023 — Israël peut renforcer son soutien international et rappeler que la guerre contre le Hamas ne se situe pas hors-cadre du droit, mais dans un contexte de lutte contre le terrorisme.

La décision de la CPI oblige aussi l’État israélien à intensifier sa stratégie diplomatique : renforcer ses alliances (notamment avec les États-Unis, certains pays européens et arabes modérés), défendre ses actions militaires et humanitaires, et mettre en avant son bilan de démocratie dans une région marquée par l’instabilité. En parallèle, l’incertitude juridique expose Israël à des pressions nouveaux tant sur le plan politique qu’économique — dans certaines capitales, l’obligation de coopération avec la CPI pourrait être invoquée.

En définitive, alors que la CPI confirme son contrôle sur les mandats d’arrêt, Israël se trouve à un carrefour : il doit simultanément répondre aux reproches internationaux tout en préservant sa sécurité nationale. La manière dont Tel-Aviv gérera cette double obligation déterminera sa position à l’international et sa capacité à préserver sa souveraineté militaire et diplomatique.

Pour Israël, cette décision de la Cour pénale internationale représente une nouvelle phase de contestation de sa légitimité à se défendre. Mais elle offre également l’opportunité de renforcer la cohésion interne et de mobiliser ses partenaires stratégiques autour de la notion de défense face au terrorisme. En affirmant que ses actions sont guidées par le droit à la protection de ses citoyens, l’État hébreu peut transformer un défi juridique en levier diplomatique. Forte de cette posture, Israël demeure déterminé à assurer sa sécurité et à rappeler que la lutte contre le Hamas est un impératif d’existence, non un choix négociable.

Jforum.fr

Aucun commentaire

Laisser un commentaire