
Après plusieurs mois de silence et de discrétion sur les réseaux sociaux, Elizaveta Krivonogik, présentée depuis 2020 comme la fille illégitime du président russe Vladimir Poutine, a publié une série de messages énigmatiques qui ont ravivé l’attention médiatique autour de sa personne. Âgée de 22 ans, installée aujourd’hui à Paris, elle affirme chercher à se libérer de l’ombre pesante d’un père qu’elle n’a jamais officiellement reconnu et qu’elle accuse désormais d’avoir « ruiné sa vie ».
Née en 2003 à Saint-Pétersbourg, Elizaveta Krivonogik est la fille de Svetlana Krivonogik, une ancienne femme de ménage devenue femme d’affaires, dont la relation supposée avec Poutine a longtemps alimenté les rumeurs. L’existence de cette jeune femme est devenue publique à la suite d’une enquête journalistique en 2020. Depuis, elle a quitté la Russie et mène une vie discrète en France, loin du Kremlin, mais pas des polémiques.
Sur Telegram, où elle utilise le pseudonyme Louisa Rozova, Elizaveta a partagé récemment des messages lourds de sens. « De tous les mystères de la terre, c’est celui qui me préoccupe le plus », écrit-elle, avant d’ajouter qu’il est « libérateur de se montrer à nouveau au monde ». Ces propos, bien que voilés, laissent entrevoir une tentative de reconstruction personnelle face à un héritage familial qu’elle ne contrôle pas.
Les publications de la jeune femme surviennent dans un climat tendu. Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les personnalités associées de près ou de loin à la sphère du pouvoir russe sont scrutées avec méfiance, y compris dans les cercles culturels européens. La présence d’Elizaveta dans le milieu artistique parisien a ainsi soulevé des critiques.
L’artiste russe exilée Nastya Rodinova, elle-même réfugiée en France, a publiquement désapprouvé la collaboration entre certaines galeries et Elizaveta Krivonogik. Pour elle, même en l’absence de culpabilité directe, le nom qu’elle porte et les origines supposées de sa fortune sont incompatibles avec l’éthique de lieux qui se disent engagés pour la paix.
Elizaveta, de son côté, a tenu à répondre fermement : « Suis-je vraiment responsable des actes de ma famille, qui n’a même pas de mes nouvelles ? ». Elle insiste ne pas être en contact avec ses proches en Russie, rejette la guerre en Ukraine et affirme chercher à construire sa propre identité, distincte de toute figure politique ou dynastique.
Des accusations sans preuves formelles
Les directeurs des galeries d’art parisiennes où elle travaille ont, jusqu’ici, maintenu leur soutien à la jeune femme. Ils rappellent qu’aucun lien officiel entre Vladimir Poutine et Elizaveta Krivonogik n’a jamais été établi de façon juridique ou publique. Sa participation à la vie artistique locale semble motivée par des engagements pacifiques et une volonté de s’inscrire dans un mouvement culturel alternatif.
Une vie entre identité personnelle et pression médiatique
Le cas de Krivonogik illustre une réalité fréquente : celle des enfants issus de relations cachées ou de lignées controversées, contraints de se positionner publiquement malgré eux. Refusant l’héritage symbolique de celui que l’on présente comme son père, Elizaveta revendique le droit à l’indépendance, au détachement, à l’autodétermination.
Face aux accusations et aux pressions, elle semble plus décidée que jamais à tracer sa propre voie — loin du Kremlin, des conflits et de l’histoire familiale qui pèse sur ses épaules. Mais dans un monde hyperconnecté où tout est scruté, peut-on réellement se soustraire à un nom, surtout lorsqu’il est associé à l’un des dirigeants les plus puissants – et les plus controversés – de la planète ?