« La majorité des insoumis ne sont pas des orthodoxes » !

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Les faits n’ont pas d’importance : des députés furieux après qu’un représentant de Tsahal a révélé que « la majorité des insoumis ne sont pas des orthodoxes ! »

Le chef du département de la planification et de la gestion des ressources humaines de Tsahal a déclaré ce matin devant une commission de la Knesset que la majorité des insoumis au service militaire ne sont pas issus du public ‘harédi (orthodoxe). Des députés de l’opposition se sont emportés face à cette révélation factuelle, affirmant : « C’est une phrase que tu aurais mieux fait de ne pas dire ».

JDN

Tous les chiffres et les arguments ci-dessous.

Le général de brigade Shaï Taïeb (notre photo) a déclaré ce jour, lors d’un débat de la commission des ressources humaines de Tsahal à la Knesset, que la majorité des insoumis au service militaire ne sont pas des ‘harédim.

Il a également évoqué le fait que la police militaire n’a pas mené d’arrestations de déserteurs durant les premiers mois de la guerre : « Nous avons relancé les opérations physiques. Durant les neuf premiers mois de la guerre, aucune opération n’a été menée. À partir de la conscription d’août dernier, nous avons commencé à réactiver les opérations ciblant les périodes de recrutement actives. Il faut reconnaître honnêtement que l’attention de la police militaire est accaparée par de nombreuses missions liées à la guerre, comme la gestion des infiltrés terroristes (combattants illégaux de Hamas). »

Le général Taïeb a aussi révélé que : « En 2024, le nombre d’absents et de déserteurs dans le service régulier a légèrement diminué. Dans les réserves aussi, on constate une stabilité ces deux dernières années. Et ce malgré un niveau d’activation beaucoup plus élevé. Cela montre que les gens comprennent la gravité du moment. »

Concernant les sanctions contre les jeunes ‘harédim ne s’enrôlant pas, il a déclaré : « Nous pensons clairement que des sanctions personnelles – pas seulement l’interdiction de quitter le pays – seraient bien plus efficaces. Si l’on veut traiter des chiffres aussi élevés, il faut des sanctions supplémentaires. Les sanctions actuelles sont très limitées. Si l’État le décidait, elle pourrait établir un système dans lequel le citoyen reçoit des services, mais s’il ne s’est pas enrôlé, on lui en refuse certains. »

Durant la commission, des données ont été présentées par des représentants de Tsahal sur les jeunes retardés à l’aéroport Ben-Gourion pour ne pas s’être présentés aux bureaux de recrutement.
Depuis le début de l’année, 411 jeunes ont été retardés à l’aéroport, parmi eux seulement 61 étaient des ‘harédim convoqués dans le cadre de la dernière vague d’ordres de conscription envoyés en 2024.

En réaction aux propos du général Taïeb selon lesquels Tsahal hiérarchise ses priorités en matière d’application des lois contre les insoumis, le président de la commission, le député El’azar Stern (Yesh Atid), l’a accusé : « Hiérarchiser les priorités, c’est de l’application sélective. »

Stern, qui œuvre activement à faire enrôler les ‘harédim par Tsahal, a demandé à Taïeb : « Pour enrôler des milliers de jeunes, quels outils vous faut-il ? Arrestations, interdiction de quitter le pays, retrait du permis de conduire – vous ne les utilisez pas. »

Taïeb a répondu : « Ces outils et sanctions ne sont pas mis en œuvre. La majorité des insoumis à Tsahal ne sont pas des ‘harédim. »

Des députés de l’opposition ont attaqué ses propos en disant : « C’est une phrase que tu aurais mieux fait de ne pas dire. »

Le général Dan Harel, ancien chef d’état-major adjoint, a déclaré : « L’armée traîne les pieds, elle ne veut tout simplement pas enrôler les ‘harédim. Vous ne respectez pas la loi. Il n’y a pas d’avenir pour l’État d’Israël sans enrôlement des ‘harédim. Toutes les formations sont raccourcies, il n’y a plus d’entraînements. Le système est en effondrement moral. »

Comme évoqué, le général Taïeb a réaffirmé : « La majorité des insoumis à Tsahal aujourd’hui ne sont pas des ‘harédim. »

Les députés de l’opposition, peu soucieux des faits, l’ont attaqué en répétant :
« C’est une phrase que tu aurais mieux fait de ne pas dire. »

Taïeb a insisté : « Je le répète : la majorité des insoumis ne viennent pas du public ‘harédi. Les chiffres augmentent à cause de l’annulation de l’accord légal. Les sanctions en dehors des arrestations sont très rares. Si l’État décidait que quiconque ne s’enrôle pas n’aura pas de permis de conduire ou d’autres services, la situation changerait. »

Plus loin dans la discussion, Stern a demandé : « Un insoumis qui a reçu un ordre 12 (réquisition immédiate) peut-il prendre l’avion ? »

Taïeb : « Cela dépend du jugement à l’aéroport Ben-Gourion. Depuis le début de l’année, 411 jeunes ont été retenus, dont 61 avaient un ordre 12. Parmi eux, 43 ont été empêchés de quitter le pays. »

Stern a encore déclaré : « On ressent fortement une absence de progrès dans le dossier de l’enrôlement des ‘harédim. Tsahal nous présente les mêmes chiffres, encore et encore. Même le chiffre de 4 800, adopté par le ministre de la Défense, ne correspond pas à ce dont l’armée a besoin, mais à ce qu’elle est capable de former – ce qui est très différent. Le chef d’état-major a d’ailleurs précisé que tout jeune qui se présentera sera enrôlé. Même le chiffre symbolique de 4 800 pour la première année ne sera pas atteint, alors que l’année de conscription se termine en juillet. »

Stern a ajouté : « Deux conditions sont nécessaires pour atteindre l’objectif : des sanctions personnelles et générales, et le soutien des leaders ‘harédim. Les sanctions ont timidement commencé, et uniquement grâce à la Cour suprême. Je suis désespéré de croire qu’à court terme une autorité rabbinique ‘harédi appellera à s’enrôler. Dans ma vision du monde, ce n’est pas à Tsahal de recruter, c’est à l’État. Quand il manque de l’argent à l’armée, on ne lui demande pas d’aller en chercher, donc ce n’est pas à elle non plus de gérer le manque de main-d’œuvre. »

Il a aussi été révélé qu’à peine 1 212 jeunes se sont présentés au bureau de recrutement sur les 24 000 ordres de conscription envoyés aux ‘harédim, sans préciser combien se sont réellement enrôlés. Dans le passé, Tsahal avait indiqué qu’il s’agissait d’environ 1,5 % des destinataires.

Ces chiffres montrent que la grande majorité du public ‘harédi suit les instructions de ses rabbanim et ne se présente pas au recrutement. Il convient de noter que parmi ceux qui se présentent, certains sont parfois classés à tort comme ‘harédim par l’armée. La définition même de ce qu’est un « ‘harédi » pour Tsahal reste floue.

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