L’un des grands sujets de controverse qui court actuellement sur la scène internationale est l’implication des Polonais dans l’innommable crime de guerre commis par les nazis. La Pologne veut instaurer une loi permettant de jeter pour trois ans en prison toute personne qui oserait parler des camps de concentration polonais, tandis que de notre côté, de grands efforts sont déployés pour entraver cette surprenante proposition de loi du gouvernement polonais.
Bien des choses ont déjà été dites à cet égard, et nous nous sommes déjà fait l’écho des paroles du directeur de Yad vachem, le rav Israël Méïr Lau : le fait est que c’est en Pologne que les grands camps de concentration ont été érigés, et nulle part ailleurs, sans que l’on ait vu une réelle opposition à ce fait troublant…
La personnalité d’un non-juif polonais a été citée ces jours-ci (in Yated Nééman, Tou bichevat) à cet égard : il s’appelle Zbiegniew Nizinski. Sportif, adorant les promenades en bicyclette, il a rencontré à l’occasion un vieux polonais dans un village de son entourage. De la discussion est ressortie l’information qu’il a enterré durant la Shoah un Juif tué alors ; il a amené Zbiegniew Nizinski à localiser l’endroit, et ce dernier a cherché l’identité de ce Juif, puis ses proches, afin de déposer sur sa tombe une pierre tombale. Il y est parvenu, et cela l’a encouragé à poursuivre ses recherches, troublé par l’image qui commençait à lui apparaitre, celle de nombreux Juifs abattus en ces temps-là, souvent par des gens de son propre peuple, et jetés dans des fosses communes.
Il passe d’un village à l’autre, et entame des conversations avec des autochtones. Il s’intéresse aux tombes juives : « Celles du cimetière, ou les autres ? »… De la sorte, il a découvert rapidement quelques cinquante fosses de cet ordre, que nul ne connaissait, y a déposé des pierres tombales, ou des plaques souvenir. Il a fini par monter une association dans ce but…
Le Grand rabbin de la Pologne a été informé de ce que faisait cet homme : « A dire vrai, j’étais sous le choc : on avait connaissance de l’existence de certaines grandes fosses communes à proximité des ghettos et des camps de concentration « allemands », mais nul ne pensait qu’il y en aurait plus. Il y en a plus, beaucoup plus : l’un d’entre eux contient mille corps, un autre six cents… D’autres sont plus petits. »
Une histoire spécifique ? « Celle de cette famille qui s’était réfugiée dans la forêt, tandis qu’un non-juif de la région leur fournissait de quoi vivre. Ils ont été découverts. Les nazis leur ont fait creuser une fosse, et se sont mis à tirer. La mère a protégé sa fille de son corps, et a été elle aussi tuée. Le lendemain matin, quand les Polonais sont venus, la fille s’est montrée, et a demandé de l’aide. Tous ont refusé, sauf une femme, qui a accepté de l’accueillir. Elle a été sauvé de la sorte, a survécu à la guerre, et est arrivée en Erets Israël. Quand Nizinski est arrivé en Terre sainte à l’occasion d’une célébration quelconque, il a cherché cette rescapée, et a fini par la trouver. Grâce aux renseignements qu’elle a fourni, il a été possible de retrouver l’emplacement de la fosse, et d’y déposer une pierre souvenir. »
Il s’est avéré du reste que les nazis avaient exigé que ces Juifs soient jetés dans une fosse au milieu du village, afin que tous sachent quel sort leur est réservé, mais dans les faits, ils ont creusé une autre fosse, à un kilomètre du site…
Depuis lors, 200 fosses communes ont été identifiées…
La question reste posée : qui a été responsable de la mort de tous ces Juifs ? La réponse ne jaillira pas des enquêtes de Nizinski, qui ne cherche qu’à retrouver ces fosses et à perpétuer le souvenir des gens qui y reposent. Il prouve également que certains Polonais ont tenu à aider les Juifs, parfois au prix de leur vie. Nul doute que d’autres Polonais ont participé à l’assassinat de Juifs, sans doute plus qu’en France, où l’on a rarement entendu parler de citoyens qui participent activement à de tels massacres – mais ont pu informer les Allemands de la présence de Juifs, avec les incidences dramatiques que telles dénonciations pouvaient avoir alors. En France aussi, on a pu trouver des résistants, qui ont accepté de travailler en parallèle avec les Juifs du maquis ; en Pologne, il semble bien que les résistants locaux pouvaient s’en prendre aux Juifs et en tuer…
Que l’Eternel ait pitié de toutes ces âmes tuées durant cette période, de ces tsadikim mis à mort uniquement parce qu’ils étaient juifs !
L’association de Zbiegniew Nizinski :
info@fpkt.org.pl
Web: www.fpkt.org.pl
Address: Fundacja Pamiec Ktora Trwa
- Grojecka 22/24 lok. 32
02-301 Warszawa, Poland