La pression politique européenne sur Israël s’intensifie

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La France mène une pression croissante sur Israël au sein de l’Union européenne
Le climat diplomatique autour d’Israël se durcit. Ces derniers jours, la France a rejoint une série de pays occidentaux en appelant ouvertement à une réévaluation de l’accord d’association qui régit depuis des décennies les relations politiques, économiques et sécuritaires entre Israël et l’Union européenne. Ce traité, central pour la coopération bilatérale, pourrait être remis en question à la lumière des opérations israéliennes en cours dans la bande de Gaza.

Un accord central en question

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré mardi matin que la France soutenait une « reconsidération » de l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne. Cet accord, signé en 2000, structure l’ensemble des liens institutionnels entre les deux parties, notamment dans les domaines du commerce, de la sécurité et de la coopération scientifique.

Barrot a jugé insuffisantes les initiatives humanitaires récentes d’Israël envers Gaza, estimant qu’elles ne répondaient pas à l’urgence humanitaire dans la région. Cette position française fait suite à une déclaration similaire du ministre néerlandais des Affaires étrangères, Casper Waldekamp, pourtant réputé pour ses positions traditionnellement favorables à Israël. Celui-ci avait récemment qualifié de « catastrophique » le blocage de l’aide humanitaire vers Gaza, évoquant une violation du droit humanitaire international.

Des alliés historiques qui s’éloignent
La France, les Pays-Bas, mais aussi l’Espagne, l’Irlande et désormais même des alliés traditionnellement proches d’Israël comme l’Allemagne, l’Italie ou la Grande-Bretagne, multiplient les critiques à l’encontre de la politique menée par le gouvernement israélien, en particulier dans le contexte de l’offensive militaire en cours à Gaza.

Lors d’une sortie commune remarquée, Emmanuel Macron, le Britannique Keir Starmer et le Canadien Mark Carney ont mis en garde contre une poursuite des combats, menaçant Israël de « conséquences concrètes » si les hostilités ne cessaient pas rapidement. Tout en soutenant les efforts de médiation menés par les États-Unis, le Qatar et l’Égypte, les trois dirigeants ont dénoncé un « niveau de souffrance insoutenable à Gaza » et se sont opposés à toute extension des opérations militaires israéliennes.

Un consensus difficile au sein de l’Union

Malgré la multiplication des appels à suspendre ou renégocier l’accord d’association, toute décision à ce sujet nécessite l’unanimité des 27 États membres de l’Union européenne. Or, plusieurs pays comme la Hongrie, la République tchèque, la Pologne et l’Allemagne ont historiquement bloqué toute tentative de sanction contre Israël.

Cependant, le ton semble changer même à Berlin. Ce week-end, le chancelier allemand Friedrich Merz a exprimé ses préoccupations face à la nouvelle phase de l’offensive terrestre à Gaza. Bien que réaffirmant le droit d’Israël à se défendre, il a rappelé ses obligations humanitaires. De son côté, le ministère allemand des Affaires étrangères a également indiqué que la situation actuelle suscitait une « profonde inquiétude ».

Vers une reconnaissance d’un État palestinien ?
Une autre dimension s’ajoute à la pression diplomatique : plusieurs États européens, notamment la France, l’Espagne et le Royaume-Uni, envisagent de reconnaître officiellement un État palestinien. Emmanuel Macron a récemment annoncé que cette reconnaissance pourrait intervenir dès juin. Des responsables britanniques ont confié au Guardian que Londres pourrait suivre Paris dans cette démarche si elle se concrétise.

L’Espagne, pour sa part, a durci son ton. Le Premier ministre Pedro Sanchez, lors d’un sommet de la Ligue arabe à Bagdad, a accusé Israël de commettre un « génocide » à Gaza, appelant à une intervention de la Cour internationale de justice. Madrid, déjà critique par le passé, voit aujourd’hui ses positions reprises par d’autres capitales européennes.

Une diplomatie de plus en plus hostile
Même au sein de gouvernements européens de droite, la tonalité change. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tiani, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la fin des souffrances des civils à Gaza. L’Union européenne dans son ensemble semble se diriger vers une posture plus critique, y compris dans ses cercles traditionnellement prudents.

Dans ce contexte, l’avenir de l’accord d’association apparaît incertain. Bien que sa suspension reste techniquement difficile à obtenir sans consensus, la pression politique croissante, l’isolement diplomatique relatif d’Israël, et les critiques même de ses partenaires traditionnels, pourraient entraîner des conséquences significatives, tant sur le plan économique que diplomatique.

Jforum.fr – Illustration : Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe

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