Fermer Galé Tsahal, dit le ministre Katz, pour préserver l’armée
Le ministre de la Défense Israel Katz a annoncé qu’il soumettrait au gouvernement la fermeture de Galé Tsahal (Army Radio), la station de l’armée israélienne, avec un arrêt des émissions visé au 1er mars 2026. L’objectif affiché : protéger la neutralité de Tsahal et éviter que l’institution militaire ne soit aspirée dans le tumulte politique. Katz estime qu’une radio opérée par l’armée mais agissant comme un média civil constitue une anomalie démocratique et nuit, en temps de guerre, au moral comme à l’effort national.
Sur le plan pratique, le ministère prévoit une équipe dédiée pour piloter l’extinction de la station, traiter les modalités de départ des salariés civils et garantir leurs droits. Le calendrier politique reste toutefois déterminant : la proposition doit être approuvée en Conseil des ministres, et la mise en œuvre suppose une coordination avec l’état-major comme avec l’autorité de régulation des fréquences.
Les arguments des partisans de la fermeture sont connus. D’abord, la singularité d’un média d’actualité placé sous le parapluie de l’armée, situation jugée sans équivalent dans les démocraties comparables. Ensuite, les plaintes, survenues durant la guerre, de soldats et de familles reprochant à la station d’abriter des opinions perçues comme hostiles à Tsahal, mal comprises à l’étranger et parfois interprétées – à tort – comme « la voix » officielle de l’armée. Enfin, la volonté d’ôter à l’institution toute apparence d’implication dans la joute partisane.
Face à cela, les critiques dénoncent une atteinte à la liberté de la presse et au pluralisme. Galé Tsahal s’est forgé, en 75 ans d’antenne, une réputation d’indépendance éditoriale, largement écoutée par le grand public bien au-delà des rangs militaires. Ses responsables contestent la méthode, parlent d’un processus précipité et affirment que fermer une rédaction aguerrie priverait l’espace public d’une voix expérimentée en temps de crise. Des organisations professionnelles et des figures de l’opposition y voient un signal inquiétant, à l’heure où d’autres réformes touchant l’audiovisuel public sont discutées.
Le volet juridique ajoute à la tension. La procureure générale a déjà exprimé des réserves, pointant un risque d’ingérence politique dans le service public de l’information et un possible heurt avec la liberté d’expression. Le ministère de la Défense rétorque que la procédure suivie – examen, recommandations, décision gouvernementale, équipe d’exécution – respecte les normes, et que la finalité n’est pas de museler la critique mais de clarifier la frontière entre une armée « au-dessus de la mêlée » et le débat civique.
La suite dépendra de trois verrouillages : l’aval du gouvernement, la robustesse juridique du dispositif et la capacité opérationnelle à basculer l’antenne tout en préservant Galgalatz. Si la fermeture est entérinée, elle marquera la fin d’une institution médiatique singulière ; si elle est amendée, la station pourrait renaître sous un format apolitique recentré sur les soldats. Dans les deux cas, la question centrale demeure : comment concilier, en période sensible, l’exigence de neutralité de l’armée et le besoin d’un espace médiatique critique et pluraliste ?
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