Cette prise de position survient au lendemain d’une rencontre aussi spectaculaire que discrète à la Maison Blanche. Reçu par le président Donald Trump, al-Sharaa a multiplié les signaux d’ouverture envers Washington tout en martelant ses lignes rouges régionales. Aucune conférence de presse conjointe, un accès par une entrée latérale, des images publiées d’abord par la partie syrienne : la mise en scène traduit l’équilibre recherché entre prudence diplomatique et message fort. Côté américain, la tonalité a été pragmatique : encouragements à la stabilité syrienne, compliments personnels, et promesse d’un dialogue suivi — sans faire miroiter, pour l’instant, de percée sur Israël.
Le volet économique est tout aussi révélateur. Le secrétaire d’État Marco Rubio a annoncé une suspension partielle et conditionnelle de plusieurs mesures prévues par la loi César, l’arsenal adopté en 2019 pour sanctionner les soutiens au régime syrien. L’objectif affiché : tester la capacité de Damas à engager des réformes tangibles, relancer son économie exsangue et renouer, prudemment, avec les circuits internationaux. Dans les faits, la suspension n’est ni générale ni illimitée ; elle vise à desserrer certains verrous financiers et humanitaires, tout en laissant la possibilité d’un rétablissement rapide si les engagements ne sont pas tenus.
À l’international, le balancier bouge. Plusieurs capitales testent un « déconfinement » diplomatique à l’égard de Damas, tandis que des mesures de sanctions sont allégées çà et là. Cependant, nul ne s’y trompe : un allègement n’est pas une levée, et une suspension n’est pas une absolution. La crédibilité des gestes syriens — gouvernance, droits, sécurité des frontières, lutte contre les groupes armés — conditionnera la profondeur du dégel. Quant à l’idée d’un « grand marchandage » incluant une voie rapide vers la normalisation avec Israël, elle demeure hypothétique tant que les paramètres territoriaux et sécuritaires fondamentaux ne bougent pas.
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