La traque d’Israël contre les finances du Hamas

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A Palestinian holds Hamas flags while waiting for the release of prisoners in exchange for Israeli hostages held by Hamas, in Ramallah in the occupied West Bank on November 27, 2023. French, German and Argentinian dual nationals are among 11 Israeli hostages to be freed in a fourth group by Hamas in exchange for 33 Palestinians in Israeli prisons, Qatar said on November 27, 2023. (Photo by JOHN MACDOUGALL / AFP)

Un service de renseignements israélien spécialisé dans la finance traque les transferts de fonds pour le Hamas.

Par Pascal Brunel – Les Echos

La guerre d’Israël contre le Hamas se mène aussi, de façon plus discrète que sur le champ de bataille, sur le front financier. Objectif : assécher toutes les sources de financement du mouvement islamique. Pour remplir cette mission, l’Etat hébreu mise sur ce qui a tout d’un service de renseignements : l’Autorité israélienne contre le blanchiment et le financement du terrorisme (IMPA en anglais), qui dépend du ministère de la Justice.

Cette institution est sortie de sa discrétion depuis le début de la guerre le 7 octobre. Trois jours après le début des combats, l’Autorité a lancé un appel à une coopération internationale, tandis que sa patronne, Ilit Ostrovitch-Levi s’est exprimée de façon exceptionnelle dans les médias. « Des transferts de millions de dollars sont bloqués chaque jour », s’est-elle félicitée à propos de son tableau de chasse.

Aide humanitaire

Les fonds bloqués proviennent notamment de l’argent versé en réponse aux appels lancés sur les réseaux sociaux pour financer une aide humanitaire destinée aux habitants de la bande de Gaza, alors que la branche militaire du Hamas serait en fait la principale bénéficiaire de ces dons.

L’appel de l’IMPA a été entendu. Selon Ilit Ostrovitch-Levi, son organisation reçoit depuis le début de la guerre un flot continu d’un millier d’informations sur ces transferts recueillies dans le monde, soit dix fois plus que durant la période qui a précédé la guerre. Autre signe : l’IMPA a obtenu 50 rapports détaillés de la part d’organismes officiels américains et européens en un mois, le double par rapport à la période précédente.

Experts de la Silicon Valley

Un groupe de travail informel rassemblant des représentants allemands, néerlandais, américains et israéliens notamment, en vue de renforcer cette collaboration, a été formé. Des experts privés en matière de renseignements et de haute technologie israéliens et étrangers, employés notamment dans la Silicon Valley, se sont aussi portés volontaires pour participer à cette traque aux transactions « suspectes ».

Les autres services de renseignement israéliens tels que le Mossad, le Shin Beth, le service de sécurité intérieure responsable de la lutte contre le terrorisme et Aman, les renseignements militaires, sont aussi mobilisés.

Réseau d’agents de change

La bataille est rude et tortueuse, tant les techniques utilisées sont nombreuses. Outre les simples cartes de crédits et les cryptomonnaies, le Hamas recourt à la pratique dite du « Halawa », qui permet d’effectuer des paiements informels via un réseau d’agents de change :

Un donateur verse une somme d’argent à un agent de change par exemple en Turquie, qui contacte un de ses collègues dans la bande de Gaza pour l’informer de cette opération. Les fonds sont alors remis au représentant du Hamas dans la bande de Gaza, tandis que le premier changeur est remboursé par la suite.

L’Iran en première ligne

Une autre technique consiste à surfacturer les importations, comme cela a été le cas récemment pour une cargaison de barres en chocolat transitant par Israël destinée à la bande de Gaza. La différence de prix est ensuite empochée par le Hamas.

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