L’autre aspect de la question de l’incorporation à l’armée…

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Editorial du Yated (7 mars 2024)

L' »égalité dans le joug » utilisée pour attaquer les étudiants en Tora, non sans oublier d’user de belles paroles à la manière de « nos frères orthodoxes » fait oublier qu’il y a un second aspect de ce sujet. Il faut du courage pour le mettre sur la table, en particulier en ces temps où l’armée combat dans le sud et le nord du pays et paye un lourd tribut en sang.
Mais c’est aspect existe, et représente cet « éléphant dans la pièce » que tout le monde voit, mais refuse de s’en occuper. Le pourcentage de ceux qui s’enrôlent à l’armée chaque année est d’environ 60% des jeunes qui doivent le faire et selon le dernier rapport du contrôleur de l’État, ce chiffre a une tendance à la baisse. Chaque année, de moins en moins de recrues se présentent, et donc 40% des jeunes qui doivent être enrôlés ne rejoignent pas l’armée. Si la part des orthodoxes représentent environ 10%, cela signifie que 30% des non orthodoxes ne se présentent pas au service militaire pour diverses raisons, bien plus que le nombre de ‘Harédim qui ne s’enrôlent pas.

Nous ne parlerons pas d’idéologie mais de chiffres. L’armée affirme qu’elle manque de bras. Voici devant ses yeux un grand nombre de jeunes non orthodoxes, qui trouvent moyen de ne pas se faire enrôler, et l’armée ne fait aucun effort pour encourager leur conscription… En réalité, l’armée sait pertinemment qu’elle ne tirera rien de ceux qui ne veulent pas s’enrôler. C’est ce que dit le bon sens, c’est ce que disent les agents de santé mentale
qui accordent des certificats d’exonération à presque tous ceux qui souhaitent échapper à l’enrôlement. Ceci est vrai, tant qu’on ne parle pas des jeunes orthodoxes. Face à eux, se développe l’idée débile, qui semble même s’infiltrer dans la tête des responsables de l’armée, de recruter de force des orthodoxes.

Nous n’aurions pas soulèvé cette question, car cela ne nous regarde pas de savoir qui s’enrôle et qui ne le fait pas, et pourquoi, mais un journaliste aguerri, qui est loin d’observer les mitsvoth ou d’avoir une certaine sympathie pour le public orthodoxe, soulève la question et présente la vérité connue de tous. Face aux appréciations véhiculées par les médias à l’égard des combattants au front qui luttent farouchement contre les tueurs de Gaza, il y a aussi l’autre côté. Ce n’est peut-être pas la majorité, mais c’est certainement une minorité existante et lourde.

Dans l’article publié par le journaliste Dan Margalit, il commence bien entendu par parler du recrutement du public orthodoxe, mais après avoir déversé toute son amertume contre l' »évasion » orthodoxe, il évoque aussi le revers de la médaille, ce qui se passe du côté laïc. Il écrit : « Depuis des décennies, les deux maisons – celle des parents et celle des écoles – dans les quartiers laïcs et même dans ceux traditionnels, se sont retirées de l’éducation
et de la conception selon lesquelles l’engagement envers les autres est en tête des objectifs à inculquer aux jeunes, engagement envers la communauté, le public, la nation. Non seulement la mère juive a cessé de diriger les jeunes vers la médecine, l’enseignement et la fonction publique, mais sous l’influence de la conception moderne elle a transformé les valeurs d’avant en un slogan actuel : « profiter de soi-même ». Les parents s’attendent à ce que leur progéniture n’œuvrent presque exclusivement que pour eux-mêmes.

« La mère d’aujourd’hui n’encourage pas ses enfants à se diriger vers la médecine mais
vers l’administration d’affaires, non pas vers les études mais vers la bourse ; pas pour un voyage dans la vallée de Jezreel, mais vers un parc en Californie. Et tout le monde comprend quelle est cette maladie qui se révèle à nos yeux (sans vouloir en parler) quand nos descendants prennent d’assaut les ambassades démocratiques pour demander un passeport étranger. En effet, ils se mentent à eux-mêmes, affirmant que tout cela n’est fait que pour leur permettre d’être acceptés à la Sorbonne française ou à Oxford en Angleterre, mais au fond de leurs cœurs ils savent très bien qu’il y a un rapport entre le passeport étranger et le retour fort maigre dans le pays de parmi les milliers de gens partis à l’étranger qui ont emprunté l’avion, plutôt que de revenir dans le corps d’un tank ou sur le haut d’un navire de guerre, une fois que la nouvelle du drame du 7 octobre a été connu. Nous sommes également un peu responsables du manque des 7.000 soldats dans le cadre de Tsahal… »

Mais, comme dit, on ne parle pratiquement pas de cela. Il est tellement plus facile de salir et de calomnier les gens les plus élevés du peuple juif, les érudits de la Tora qui sont bénis de louanges, ces gens qui laissent derrière eux toute la vanité du monde, ils ne sont pas intéressés à faire carrière personnelle, trouver de l’argent et des honneurs, mais toute leur volonté est de s’élever spirituellement, d’arriver à plus de profondeur dans la Tora, plus d’exaltation dans la prière, en une chasse continue aux valeurs spirituelles, sachant qu’ils portent tout le peuple juif sur leur dos, son passé, son présent et bien sûr son avenir. Ces gens pour lesquels la réussite personnelle maximale n’est pas lié au royaume de la matière, mais uniquement au domaine spirituel. Ces « gardiens de la ville, du pays et du monde, que toutes les tempêtes extérieures ne parviennent pas à pénétrer la barrière fortifiée qui les entoure avec des milliers de pages de Guemara, des livres de morale et de prières, qui forment le mur protecteur du peuple juif.

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