Le chef de l’armée visé : Yaïr Netanyahu crie au coup d’État

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Un conflit inattendu vient d’éclater au sommet de l’État israélien, mettant aux prises l’armée, le gouvernement et même la famille du Premier ministre. Le général Eyal Zamir, chef d’état-major de Tsahal, se retrouve au cœur d’une tempête politico-médiatique, après avoir exprimé ses réticences quant au plan gouvernemental d’occupation totale de la bande de Gaza.

C’est le fils du Premier ministre, Yaïr Netanyahu, qui a allumé la mèche, en suggérant sur les réseaux sociaux que Zamir se rendait coupable d’un « coup d’État militaire » en s’opposant à la politique officielle. Des accusations explosives dans un pays démocratique, d’autant plus qu’elles visent le plus haut gradé de l’armée en temps de guerre.

Un désaccord stratégique lourd de conséquences
Le différend repose sur une divergence stratégique profonde. Lors d’une réunion du cabinet sécuritaire, Eyal Zamir aurait mis en garde contre une occupation complète de Gaza, soulignant le danger qu’une telle opération représenterait pour les 50 otages israéliens encore détenus, l’épuisement des troupes déjà mobilisées depuis des mois, et le risque d’enlisement dans une zone urbaine dense et instable.

Pour le chef d’état-major, une avancée militaire totale pourrait transformer Gaza en « piège » pour Tsahal, sans garantir la réalisation des objectifs de guerre. Une analyse qui tranche avec la position politique défendue par certains membres du gouvernement, notamment ceux issus des partis ultranationalistes, qui réclament depuis longtemps une reprise totale du territoire.

Katz monte au créneau pour défendre l’armée
Face à cette attaque frontale, le ministre de la Défense Israel Katz a pris position, publiquement et fermement, en faveur du chef d’état-major. Dans un message publié sur X, Katz a rappelé que Zamir avait non seulement le droit mais aussi le devoir de s’exprimer au sein des instances sécuritaires, et que Tsahal continuerait à exécuter les ordres du gouvernement, comme elle l’a toujours fait.

Le ministre a également confirmé qu’il avait personnellement soutenu la nomination de Zamir à la tête de l’armée. Il a salué son action et celle des soldats sur tous les fronts, en soulignant l’importance de poursuivre les opérations pour atteindre les objectifs de la guerre : affaiblir durablement le Hamas, sécuriser les villes israéliennes et œuvrer, si possible, à la libération des otages.

Un échange tendu avec le Premier ministre

La tension est montée d’un cran lors de la réunion du cabinet restreint, lorsque Zamir a interpellé Benjamin Netanyahu au sujet des propos de son fils : « Pourquoi m’attaque-t-on publiquement alors que je remplis mon devoir en pleine guerre ? » aurait-il demandé. Le Premier ministre a répondu sèchement : « Mon fils est un adulte, je ne contrôle pas ses publications. » Il aurait également reproché à Zamir ses déclarations dans la presse évoquant une possible démission, qu’il considère comme une pression inacceptable.

Derrière cet échange se cache une dynamique plus profonde. Certains proches de Netanyahu estiment que l’armée s’exprime trop ouvertement, au risque d’empiéter sur la légitimité de l’exécutif. Inversement, au sein de Tsahal, des voix s’élèvent pour dénoncer des décisions politiques prises sans réelle considération pour la réalité du terrain.

Les otages, enjeu central de la discorde
L’un des principaux points de friction reste la question des otages. Les familles des captifs se montrent de plus en plus inquiètes face à la perspective d’une opération de grande envergure à Gaza, qui pourrait mettre en péril la vie de leurs proches. Depuis plusieurs semaines, les négociations avec le Hamas sont au point mort, et les pressions internes sur le gouvernement se multiplient.

Le plan d’occupation totale, s’il était adopté, rendrait toute issue diplomatique quasi impossible à court terme. Il relancerait les combats dans les zones encore partiellement contrôlées par le Hamas, et risquerait de bloquer l’acheminement de l’aide humanitaire, déjà très difficile dans l’enclave.

Un débat qui dépasse les lignes militaires
Ce désaccord entre les plus hauts responsables civils et militaires illustre les tensions croissantes dans la gouvernance israélienne. Alors que Tsahal contrôle actuellement environ 75 % de la bande de Gaza, le débat porte sur l’opportunité – et les conséquences – d’étendre cette emprise à l’ensemble du territoire.

Israel Katz, longtemps perçu comme un soutien indéfectible du Premier ministre, semble aujourd’hui chercher à ménager une position d’équilibre entre loyauté politique et respect de l’institution militaire. Son soutien à Zamir, tout en réaffirmant les objectifs de la guerre, marque un changement de ton et peut-être une prise de distance calculée.

Vers un nouveau point de rupture ?

Alors que la guerre contre le Hamas se prolonge, et que les divisions internes s’exacerbent, Israël traverse une période de turbulences institutionnelles inédites. L’altercation entre Zamir et la famille du Premier ministre pourrait bien n’être que le symptôme d’une crise plus large : celle de la confiance entre pouvoir civil et commandement militaire, à un moment où l’unité nationale est plus que jamais nécessaire.

Jforum.fr

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