Le front nord : du sentiment de frustration à un coup décisif – les commandants de la Sayeret Alexandroni parlent de tout

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Une rencontre avec les commandants de la Sayeret Alexandroni au Liban révèle une réalité totalement nouvelle : là où les forces du Hezbollah menaçaient directement les localités israéliennes, ce sont désormais les soldats de Tsahal qui tiennent le terrain et contrôlent le sud-Liban. Les officiers décrivent un changement radical dans l’équilibre des forces. |

JDN – Interview exclusive – Photo : Naharia, vue de l’un des points de tir d’alors


D’une menace existentielle à une réalité inversée

Sur le poste « Magen Yehuda », situé à l’intérieur du territoire libanais au-dessus de Rosh Hanikra, les combattants de la Sayeret Alexandroni observent un paysage totalement transformé. Là où le Hezbollah dominait et surveillait les villages israéliens, c’est désormais Tsahal qui tient la position.

Le lieutenant-colonel (réserve) R., commandant de la Sayeret Alexandroni, résume : « Le changement avant et après est dramatique. Ici même, avant le mouvement terrestre, des forces du Hezbollah étaient déployées face aux villages et au territoire israélien. On comprend à quel point cette position est stratégique et ce que cela signifie d’être assis ici aujourd’hui. »

Depuis le poste, on domine tout le golfe de Haïfa et la Galilée.

« La situation d’avant, où le Hezbollah contrôlait cette zone et observait nos localités, est révolue. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes ici, qui défendons les habitants depuis l’avant-poste, et non plus derrière la frontière. »

Une stratégie nouvelle : des soldats avant les civils

Le major (réserve) H., commandant de compagnie, explique la logique derrière la présence israélienne au Liban : « C’est une des grandes leçons de la guerre : avoir des soldats devant les civils. Nous avons commencé la guerre ici même, dès la nuit du 7 octobre. Ce site contrôlait tout et nous empêchait d’observer. Aujourd’hui, le fait que Tsahal soit en avant permet aux habitants de Shlomi de dormir en sécurité. »

Le choix des positions n’est pas aléatoire : topographie et barrière entre villages israéliens et Liban.

« Chaque poste est conçu pour créer un tampon et donner à Tsahal un espace de manœuvre libre avant que les terroristes n’atteignent notre territoire. »

De la défense statique à l’offensive

Le passage de la phase défensive au « demi-nord » (l’opération terrestre) a été marqué par une frustration immense, notamment chez les soldats.

« Être statiques, c’était très dur. J’ai eu des blessés graves rien qu’à cause de ça. Mais la stratégie a payé : l’usure infligée au Hezbollah pendant cette phase défensive a préparé le terrain. Quand nous avons lancé l’offensive, ils ont fui. Nous n’avons trouvé que des corps. »

Le bataillon a mené des assauts majeurs dans deux villages stratégiques du secteur est : « Nous avons détruit des infrastructures, des stocks d’armes et éliminé des cellules. Aujourd’hui, nous récoltons les fruits de ce travail. »

Empêcher toute reconstitution du Hezbollah

La politique de Tsahal est claire : les villages où des infrastructures militaires ont été trouvées ne seront pas reconstruits.

« Chaque maison qui servait de poste du Hezbollah ne pourra pas se relever. Par des actions discrètes ou par l’aviation, on s’assure que ces zones restent telles quelles. »

Les villages chrétiens de la zone – comme Rmeish et Alma al-Shaab – n’ont pas été détruits.

« Nous savions qu’ils s’opposaient au Hezbollah et qu’ils n’avaient pas permis son implantation. Ce n’est pas par hasard qu’ils sont restés debout. Le message est clair : celui qui ne laisse pas le Hezbollah se baser en temps de paix, sera épargné. »

Une présence opérationnelle permanente

Même après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les activités continuent : « Ici, il y a des opérations presque chaque nuit. Nous travaillons en coopération étroite avec l’unité 869 de renseignement. Nous avons aussi opéré en Syrie il y a deux semaines pour frapper des agents iraniens du Qods. »

Depuis novembre 2024, Tsahal a éliminé plus de 220 combattants du Hezbollah au sud-Liban et en profondeur.

« Notre rôle principal ici, c’est d’empêcher toute tentative de reconstruction. Nous participons à l’acquisition de cibles, et la plupart des frappes viennent de l’air. »

Un prix humain énorme

Derrière le succès militaire, un coût personnel considérable : « Les familles portent le vrai poids. J’ai cinq enfants à la maison, et mes soldats cumulent plus de 400 jours de réserve. Durant cette période, il y a eu quatre naissances et cinq fiançailles dans la compagnie. »

Le bataillon en est à sa quatrième mobilisation en moins de deux ans, avec des périodes de 1,5 à 5 mois à chaque fois.

Un nouvel équilibre des forces

Aujourd’hui, la situation reflète un basculement stratégique : « Ils ne sont plus là. Ils se sont éloignés. Ils se sentent traqués. Nous restons l’initiateur, nous ne relâchons pas la pression. »

Le lieutenant-colonel R. conclut : « Il faut rester vigilant, ne pas s’endormir sur ces succès. Empêcher coûte que coûte le Hezbollah de reconstruire ses capacités dans le sud-Liban. »

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