Le gisement de gaz qui pourrait générer des milliards de revenus pour les Palestiniens

1
51
Le gisement gazier de Marin, au large de Gaza, fait l’objet d’un litige juridique depuis 30 ans. Michael Baron, expert en la matière, affirme que l’exploitation du réservoir pourrait mettre fin à la dépendance économique des Palestiniens à l’aide extérieure.
La reconnaissance internationale de la Palestine comme État souverain pourrait lever les doutes juridiques quant à son droit à exploiter les ressources gazières du gisement de gaz marin au large de Gaza, selon un expert ayant travaillé sur ce projet retardé. Michael Baron, auteur d’un nouvel ouvrage sur les réserves gazières inexploitées de la Palestine, estime que le gisement pourrait générer des revenus d’environ 4 milliards de dollars. On estime que le gisement contiendrait 30 milliards de mètres cubes (BCM) de gaz naturel.
Selon lui, comme il l’a déclaré au Guardian britannique, ces revenus « ne transformeront pas les Palestiniens en prochains Qataris ou Singapouriens, mais ce sera un revenu indépendant plutôt qu’une aide étrangère, dont l’économie palestinienne reste dépendante. » Les plans de développement du champ ont été retardés pendant près de 30 ans, des litiges juridiques sur la propriété empêchant toute exploration et tout développement ultérieurs.

Un cabinet d’avocats représentant des organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme a envoyé une lettre d’avertissement à l’entreprise publique italienne ENI, affirmant qu’il lui est interdit d’exploiter les gisements de gaz dans la zone connue sous le nom de « Zone G », où le ministère israélien de l’Énergie lui a, entre autres, accordé six licences d’exploration.

Dans leur lettre, les avocats affirment qu’environ 62 % de la zone se trouve dans des territoires maritimes revendiqués par la Palestine, et par conséquent « Israël ne peut pas vous accorder de droits d’exploration valables, et vous ne pouvez pas légalement acquérir de tels droits. »

S’appuyer sur les accords d’Oslo
La Palestine a déclaré ses frontières maritimes, y compris une zone économique exclusive, lorsqu’elle a rejoint la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) en 2015, et a présenté une revendication détaillée en 2019. Israël n’est pas signataire de ce traité.

Baron soutient que la reconnaissance de la Palestine, en particulier par les pays où les principales compagnies pétrolières sont enregistrées, mettrait fin à l’ambiguïté juridique et fournirait à l’Autorité palestinienne non seulement une nouvelle source de revenus sûre, mais aussi un approvisionnement régulier en énergie indépendant d’Israël.

Il convient de noter que depuis la lettre d’avertissement juridique, ENI a informé les groupes de pression en Italie qu’« aucune licence n’a été délivrée et qu’aucune activité d’exploration n’est en cours ». Un autre groupe, Global Witness, affirme que le gazoduc de la Méditerranée orientale, parallèle à la côte de Gaza, est illégal car il traverse les eaux palestiniennes et ne rapporte aucun revenu à l’Autorité palestinienne. Ce gazoduc de 90 kilomètres transporte du gaz d’Ashkelon, en Israël, jusqu’à El-Arish, en Égypte, où il est transformé en gaz naturel liquéfié pour être exporté, notamment vers l’Europe.

« Les accords d’Oslo signés en 1993 confèrent clairement à l’Autorité palestinienne la compétence sur les eaux territoriales et le sous-sol, ainsi que le pouvoir de légiférer sur l’exploration pétrolière et gazière et d’accorder des licences à cet effet », a ajouté Baron. « Le contrôle des ressources naturelles était un élément important du programme de construction de l’État du dirigeant palestinien Yasser Arafat. L’exploitation israélienne des ressources palestiniennes était et reste un élément central du conflit. »

Du gaz a été découvert dans le champ gazier de Marin en 2000, dans le cadre d’une coentreprise détenue par BG Gas Group, filiale privatisée de British Gas, et la Palestinian United Contractors Company. Le projet prévoyait d’utiliser le gaz comme seule centrale électrique de la bande de Gaza afin de mettre fin à la pénurie énergétique persistante de la région. Le projet a été entravé par des problèmes de viabilité commerciale et par une décision de justice israélienne déclarant que l’eau n’appartient à personne, en partie parce que l’Autorité palestinienne n’est pas une entité souveraine dotée de pouvoirs d’autorisation clairement définis.

La Cour n’a pas non plus tranché la question de savoir si les droits sur les eaux territoriales palestiniennes établis par les accords d’Oslo incluent une « zone économique exclusive » palestinienne, une zone qui s’étend généralement à 320 km des côtes. Les accords d’Oslo ne devaient constituer qu’un accord temporaire avant l’accession à la souveraineté de l’État et ne définissaient donc pas l’intégralité des frontières maritimes. Les eaux territoriales sont généralement définies comme se trouvant à seulement 12 ou 20 miles des côtes, et Israël a fait valoir que toute licence d’exploitation de gaz marin, située à 32 km des côtes de Gaza, devait être considérée comme un don d’Israël à l’Autorité palestinienne, et non comme un droit.

Après la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007, Israël, ne voulant pas que les revenus lui parviennent, a bloqué le développement, ce qui a conduit BG Group à geler le projet, puis à l’abandonner. En juin 2023, Israël a approuvé le projet de développement du champ par la société égyptienne EGAS, peu avant le déclenchement de la guerre des Épées de Fer.

Baron soutient qu’Israël dispose de son propre approvisionnement en gaz et que tant qu’un État palestinien doté d’un gouvernement unifié sera reconnu, Israël n’aura aucune motivation ni aucun droit légal d’empêcher la Palestine d’exploiter sa seule ressource naturelle importante.

1 Commentaire

Laisser un commentaire