Le New York Times a consacré un article bouleversant à l’histoire d’Omer Chem Tov, jeune israélien laïc enlevé par le Hamas, qui témoigne de la façon dont sa foi en la Providence divine, le respect des mitsvoth et les bénédictions sur sa nourriture l’ont aidé à survivre à l’enfer de sa captivité dans les tunnels de Gaza. Le récit évoque aussi une synchronicité poignante : sa mère et lui récitaient chaque jour le même psaume sans le savoir.
Be’hadré ‘Harédim
Chaque matin, Shéli Chem Tov, la mère d’Omer, pénétrait dans la chambre vide de son fils et récitait le Psaume 20 du Livre des Tehilim. Elle ignorait qu’au même moment, Omer, à 40 mètres sous terre, captif dans un tunnel obscur du Hamas, prononçait les mêmes versets : « Que l’Éternel te réponde au jour de détresse… »
À 20 ans, Omer menait une vie tranquille, travaillant dans un restaurant pour économiser en vue d’un voyage à l’étranger. Tout a basculé le matin du 7 octobre 2023, pendant la fête de Sim’hath Tora, lorsqu’il a été enlevé dans la région de Réïm lors de l’attaque meurtrière du Hamas.
La foi comme point d’ancrage
Quelques jours après le début de sa captivité, Omer a commencé à parler à D’. Il a pris sur lui d’adopter de bonnes résolutions, de bénir chaque morceau de nourriture, même les plus maigres. Il dit avoir formulé des requêtes – certaines exaucées, il en est convaincu, grâce à la miséricorde divine.
« Tu cherches un point d’appui, un repère. Le premier endroit vers lequel je me suis tourné, c’est le Créateur », a-t-il confié dans une interview donnée chez lui à Herzliya.
« J’ai senti une force immense me traverser. La foi m’a maintenu en vie. J’ai toujours cru que je rentrerais chez moi, même sans savoir quand ni comment. »
Et le salut est venu. Omer a été libéré fin février, après 505 jours de captivité, dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Il avait 22 ans. Il explique que même s’il avait toujours eu une étincelle de foi, il n’était pas pratiquant. Le New York Times souligne que de nombreux autres anciens otages ont vécu des expériences similaires de retour à la spiritualité et au respect des traditions juives pendant leur détention.
Prières dans l’obscurité
Le journal évoque également Éli Sharabi, un autre otage libéré après 491 jours de captivité, qui a appris que sa femme et ses deux filles avaient été assassinées le 7 octobre. Il récitait chaque jour le Chema’ Israël dans l’obscurité et, chaque vendredi soir, il tentait de faire le kiddouch sur de l’eau, faute de vin.
Une providence partagée
Durant la captivité de son fils, Shéli Chem Tov a elle aussi entamé un chemin spirituel. Elle a commencé à observer le Chabbath, après avoir reçu au hasard une carte distribuée par une association de soutien aux familles d’otages. Sur cette carte figurait le Psaume 20, justement associé au nom de son fils, Omer – ce qu’elle ne savait pas.
Pendant les 27 premiers jours de sa détention, Omer entendait les soldats israéliens au-dessus de lui. Une fois ceux-ci éloignés, ses ravisseurs lui ont remis des documents abandonnés par l’armée – y compris des textes religieux qu’ils soupçonnaient contenir des codes militaires. Parmi ces documents, un feuillet imprimé avec le Psaume 20.
Observance religieuse en captivité
Dès la semaine suivant son enlèvement, Omer décide de respecter les règles de la cacherouth autant que possible. Si ses ravisseurs lui donnaient à la fois de la viande et des produits laitiers, il n’en consommait qu’un type, selon la loi juive interdisant de les mélanger. Il fit un vœu : s’il survivait, il mettrait les tefilinnes et prierait chaque matin.
Après l’échec du premier cessez-le-feu, Omer est ramené dans les tunnels, cette fois isolé dans une cellule étroite et suffocante pendant 50 jours. Il recevait un biscuit par jour et quelques gouttes d’eau salée. Il vivait dans l’obscurité presque totale, souffrant d’asthme et peinant à respirer.
Ses ravisseurs lui ont finalement apporté un inhalateur. Un jour, au bord de l’effondrement, il implora D’ de le transférer ailleurs, à n’importe quel endroit, tant qu’il survivrait.
Dix minutes plus tard, les ravisseurs vinrent le transférer dans une pièce plus grande et ventilée, avec électricité.
« C’était le paradis », dit-il.
Mais deux jours plus tard, ils annoncèrent qu’il allait retourner dans la cellule précédente. Il paniqua – mais une frappe de Tsahal bloqua le passage du tunnel cette nuit-là. Il resta donc dans la cellule confortable. Une autre preuve, selon lui, de la providence divine.
Une foi retrouvée
Omer est resté fidèle à sa nouvelle relation avec D’. Il bénissait sa nourriture, posait sa main sur sa tête à la place d’une kippa pour prier, ce qui amusait ses ravisseurs. Il vient de rentrer d’une tournée de témoignages aux États-Unis, où il a raconté son histoire émouvante dans des communautés juives. Il continue, comme promis, à mettre les tefilinnes chaque matin chez lui et à prier.
Une histoire de survie, d’espoir et de foi dans les ténèbres.