« C’est à ce propos que les dirigeants disaient : « Venez à ‘Hechbon ! Cité de Si’hon, qu’elle se relève et s’affermisse ! » (Bamidbar 21,27).
Parmi les hommes aisés qui prélèvent une partie de leur argent pour soutenir ceux qui étudient la Torah certains en tirent une certaine fierté, car ils sont dépendants d’eux.
Mais en vérité, l’argent parvient, du Ciel, aux personnes aisées sous forme de dépôt, afin qu’ils le distribuent aux autres. Ils doivent savoir que par le mérite de ceux qui étudient la Tora, le monde entier bénéficie de l’abondance et de la parnassa, comme l’expliquent nos Sages (Berakhoth 17b) : chaque jour, une Bath Kol (voix céleste) sort du mont ‘Horev et déclare : le monde entier est nourri par le mérite de Mon fils ‘Hanina.
Les ouvrages sacrés indiquent que celui qui étudie la Tora est comparable à l’arche de l’alliance du Beth Hamikdach, où étaient déposées les deux Tables de l’alliance. Nos Sages (Sota 35a) affirment à propos de l’arche qu’elle porte ceux qui la transportent : superficiellement, les Cohanim semblaient tenir les barres de l’arche et porter l’arche qui était très lourde, mais en réalité, l’arche se transportait de manière miraculeuse, et portait ceux qui la portaient. De la même façon, les érudits en Tora portent ceux qui les soutiennent, car par le mérite de leur soutien, l’argent est versé à ceux qui les soutiennent.
C’est pourquoi il est méritoire pour les commerçants et les travailleurs de s’efforcer de soutenir ceux qui étudient la Tora de sorte qu’ils aient une large subsistance, et qu’ils puissent se consacrer librement et sereinement à l’étude. Il faut être persuadé de tout cœur que de cette façon, des influx positifs se déverseront sur le monde, avec largesse et sans restriction.
On raconte à ce sujet qu’un jour, le rabbi Yissakhar Dov de Belz zatsal, dans la ville de Kalov, vit une lettre de la plume de mon vénérable ancêtre rabbi Yits’hak Eizik de Kalov, adressée aux chefs de communauté de la ville de Kalov, pour demander une hausse de salaire, car il n’avait pas de quoi subvenir aux besoins de sa famille. Le rabbi de Belz fit remarquer qu’il comprenait désormais pourquoi les bons influx étaient déficients à cette époque, au début de l’entrée en fonction de mon vénérable ancêtre de Kalov. En effet, lorsqu’un Tsadik bénéficie d’une large parnassa, c’est un bienfait pour lui, pour ses enfants et pour le monde entier, et si que D’ préserve, il n’a pas de parnassa, c’est nuisible pour lui, ses enfants et pour le monde entier.
Le soutien à ceux qui étudient la Tora est indispensable au maintien du monde, car le monde a été créé pour la Tora, comme il est dit (Yirméyiahou 3325) : » Si Mon pacte avec le jour et la nuit pouvait ne plus subsister, si Je cessais de fixer des lois au ciel et à la terre » : le monde ne peut subsister sans travail ni parnassa, et de ce fait, Hachem a orchestré un partenariat entre ceux qui se consacrent exclusivement à l’étude de la Tora et ceux qui travaillent : au travers de ce partenariat, le monde peut exister. Mais lorsque ce partenariat est démantelé, le fondement du monde est ébranlé et comme l’affirment nos Sages : « Si vous avez observé des localités qui ont été détruites, sachez qu’ils n’ont pas maintenu le salaire des Sofrim (scribes). »
L’étude au Collel constitue une protection pour la ville face à toutes sortes de calamités, comme il est dit (Vayikra 26,3) : « Si vous vous conduisez selon Mes lois (…) vous demeurerez en sécurité dans votre pays. Je ferai régner la paix dans ce pays, et nul n’y troublera votre repos. » Rachi commente : « Si vous vous conduisez selon Mes lois : vous vous donnez de la peine dans l’étude de la Tora. »
Outre le salaire matériel obtenu par le mérite du soutien aux Collelim, on obtient un grand bénéfice en termes de spiritualité, car la force de la grande spiritualité des Avrékhim du Collel qui étudient ensemble la Tora pendant toute la journée, expulse et affaiblit beaucoup l’impureté dans la ville, car même un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité. Cela contribue à aider les Juifs de la ville à surmonter le Yetser Hara et à se rapprocher de la sainteté. On raconte sur l’Admour de Loubavitch zatsal, qu’à son arrivée à New York à l’époque de la Shoah, il demanda que l’on ouvre les fenêtres du Beth Hamidrach aux heures d’étude de la Tora, afin que l’haleine des paroles sacrées sorte dans la rue pour purifier l’air souillé par l’impureté.
De la même façon, lorsqu’il existe dans un lieu un noyau dur de personnes qui étudient la Tora, qui s’élèvent ainsi en crainte du Ciel et dans la pratique méticuleuse des Mitsvoth et cultivent les bons traits de caractère, eux et leur famille servent d’exemple à tout leur environnement, qui observe une conduite digne et intègre, et dans ce sillage, de nombreux Juifs qui s’étaient relâchés se renforcent. Lorsque ces hommes de Tora viennent parler à des Juifs, ils les influencent à se renforcer en Tora et dans la pratique des Mitsvoth. Et si les Avrékhim réservent une heure spéciale pour étudier avec ces hommes, comme c’est le cas dans les Collelim des élèves de la Yechiva de Lakewood, fondés dans plusieurs pays, l’influence est immense et les bénéfices considérables. En outre, le Collel est un lieu d’où émanent des Rabbanim, des Dayanim (juges rabbiniques) et des Raché Yechivoth, qui enseignent à tous les Juifs des lieux.
J’ai constaté ce phénomène depuis de longues années dans le monde entier : dans les lieux où un Collel a été formé, même si, au préalable, la population ne comptait pas beaucoup de Juifs pratiquants, le nombre de Juifs qui respectent les Mitsvoth a augmenté, ce qui n’est pas le cas des lieux dépourvus de Collel.
C’est pourquoi le Yetser Hara s’évertue de toutes ses forces à mettre des bâtons dans les roues à ceux qui désirent soutenir l’étude de la Tora, et de ce fait, le nombre de Collelim n’est malheureusement pas suffisant. Chacun est tenu de procéder à un examen de conscience à ce sujet pour déterminer s’il fait tout son possible pour soutenir l’étude de la Torah et préserver le monde de la Tora.
Nous pouvons affirmer que tel est le sujet de notre verset de la Paracha : « C’est à ce propos que les dirigeants disaient » : ce sont eux qui sont maîtres de leurs penchants, comme l’indique la Guemara (Baba Bathra 79b) : « Venez à Hechbon » : établissons le calcul (‘Hechbon signifie : calcul) du monde, « Cité de Si’hon, qu’elle se relève et s’affermisse ! » : la construction et la préservation d’une ville ont lieu grâce aux paroles de Tora qui y sont étudiées, selon l’interprétation du Targoum Yonathan : le terme Si’hon vient du terme Si’ha (discussion) sur des sujets de Tora.
Chabbath Chalom !