« Tu engendreras des fils et des filles et ils ne seront pas à toi » (Devarim 28,41).
Il existe à notre époque une théorie erronée, consistant à permettre aux tout jeunes gens de faire eux-mêmes des choix de vie, suivant leurs désirs, et l’expérience et le bon sens de l’adulte ne peuvent guider ou obliger le jeune à abolir ses désirs qui s’opposent à la logique et à la droiture.
Dans cette optique, on prend des enfants qui ne sont pas équipés pour choisir et on leur expose des méthodes et des avis issus du monde entier, ce qui contribue à remplir leur esprit de doute et de confusion, et ils deviennent des adultes troublés.
Malheureusement, cette influence imprègne également une partie des membres du peuple juif, et récemment, on remarque que, même chez des parents dont les enfants fréquentent des établissements de Tora, certains sont d’avis qu’il faut permettre à l’enfant de lire ou d’être exposé à toutes sortes de livres et d’écrits, ainsi que d’effectuer des recherches sur Internet comme ils le désirent, au prétexte qu’ils développeront ainsi « une ouverture d’esprit. »
Mais ils doivent savoir que la réalité prouve que ces parents n’obéissent pas aux Rabbanim, et élèvent leurs enfants dans cette voie, et au final, cela conduit les enfants à développer un esprit obtus, et une partie d’entre eux se dégrade ainsi terriblement. Ils attristent et humilient leurs parents, qui voient leurs descendants les fuir et fuir leur éducation, et ils commettent des actes innommables. Au final, ces enfants sombrent dans la dépression et peuvent en arriver au suicide, que D’ préserve.
Chaque Juif doit donc réfléchir à l’idée que Hachem a créé l’homme de sorte à lui laisser le choix de choisir entre le bien et le mal, Il lui a conféré la ‘Hokhma (sagesse), la Bina (discernement) et le Daat (connaissance). Le but est que le cerveau exerce un contrôle sur le cœur afin qu’il surmonte, grâce à la faculté de la Nechama, les pulsions du corps ; que toute sa conduite soit alignée à la volonté du Créateur, comme le désire son âme. La tête doit être l’organe de choix qui domine tous les autres membres, et grâce à son Daat, l’homme se conduit correctement, et non en suivant les pulsions ancrées en lui. De cette façon, il mérite une belle vie dans ce monde et dans le suivant.
Il faut savoir que seule une personne qui vit avec cette faculté de maîtrise mérite le titre d’homme, comme l’indique l’ouvrage sacré (Yitav Lev), au nom du rabbi Tsvi Hirsch de Ziditchov, que son mérite nous protège. Il interprète ce passage de la prière de Cha’harit : « Oumotar haadam min habehéma ein » ainsi : « Motar haadam min habehéma » ce qui distingue l’homme de l’animal est sa capacité à dire « Ein », en d’autres termes, à dire non. En revanche, si on place devant un animal un aliment ou une boisson qu’il désire, il n’est pas capable de briser sa pulsion et de s’empêcher de boire et de manger. En revanche, l’être humain, qui est doté d’un cerveau et du libre-arbitre, est en mesure de dire non et de conquérir son désir.
C’est pourquoi l’homme a été créé de sorte que lorsqu’il est debout, la tête est au-dessus du corps, pour montrer que sa finalité est d’exercer sa maîtrise sur son corps, qu’il doit être guidé par son Daat, et non se soumettre à ses pulsions animales, à l’instar d’un animal dont la tête est rivée au sol.
En conséquence, lorsqu’on fait à un homme une proposition douteuse, il s’habituera toujours à répondre d’une voix forte et déterminée : « Non », comme l’indique le rabbi de Sinava, que son mérite nous protège : c’est pourquoi le taam (cantillation) du terme Vayeamen (Beréchit 39,8) est une chalchélet (chaîne) pour faire allusion au fait que Yossef Hatsadik répondit à l’épouse de Potifar à trois reprises : « Non, non, non », pour ne pas laisser de place au débat par lequel on risque de tomber dans les filets du mauvais penchant.
Il convient d’apprendre ce principe et de l’enseigner aux autres, et surtout à ses enfants, pour les éduquer afin qu’eux aussi, soient fermement déterminés à ne pas enfreindre les limites et les barrières de la Loi, car c’est le seul moyen de préserver sa sainteté.
On sait que les enfants apprennent davantage de la conduite observée chez leurs parents plutôt que des paroles que ces derniers prononcent pour tenter de les guider.
Si le père sermonne son enfant, mais s’abstient de se conduire correctement, même s’il donne un prétexte, l’enfant ne l’accepte pas en son for intérieur, et même si, sur le moment, il est obligé d’obéir à son père, il ne conserve pas cette éducation lorsqu’il devient adulte, estimant qu’il ne doit pas dépasser son père. Ainsi, un homme m’a confié un jour qu’il était très troublé : il possédait une usine, dirigeait aussi un Beth Hamidrach, et de ce fait, il n’étudiait pas, jusqu’au jour où il réprimanda son fils afin qu’il étudie, et le fils lui répondit : « Je sais étudier comme toi. »
C’est l’interprétation de ce verset (Michlé 22,6) : « Éduque l’enfant selon sa voie », en d’autres termes, l’enfant est éduqué selon la voie de son père, c’est-à-dire qu’il reproduit la conduite qu’il a observée chez son père, et de ce fait : « Même avancé en âge, il ne s’en écartera point. »
Il en ressort que, lorsqu’un enfant se voit opposer un refus par son père, défendant fièrement les idéaux de sainteté, sans aucune honte, l’enfant emploie le même langage. Ainsi, la Guemara corrobore cette idée (Soucca 56b) : « La parole d’un jeune enfant en public vient de son père ou de sa mère ». Ensuite, les hommes disent de lui : « Béni soit son père qui lui a enseigné la Tora. »
Nous pouvons, dans cette optique, interpréter le passage de la Paracha : « Tu engendreras des fils et des filles » : il est question d’enfants qui craignent le Ciel, qui, lorsqu’ils se soumettent à la Volonté divine, sont nommés « fils », et « et ils ne seront pas » : tes enfants seront capables de dire « non », et dans ce cas, la louange te revient « à toi » : c’est grâce à toi qu’ils ont appris à se conduire de cette façon, car toute l’éducation dépend de la conduite du père.
Chabbath Chalom !