Le rabbi de Kalov, par. Lekh Lekha : Mener à bien sa mission personnelle

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“ Éloigne-toi de ton pays et de ton lieu natal” (Beréchith 12,1).

Le Yetser Hara’ œuvre continuellement pour tenter chaque individu, en insinuant que son lieu de résidence n’est pas adapté à la progression spirituelle et qu’il doit tenter sa chance ailleurs : un autre lieu, une autre communauté, un autre rav, d’autres conditions, qui pourraient l’aider, mais dans la situation où il se trouve, il n’a aucune chance de progresser. Or, lorsque l’homme commence à suivre ces incitations du mauvais penchant et constate qu’il ne réussit pas non plus, le Yetser Hara’ tente à nouveau de le convaincre qu’il doit tenter autre chose, et ce cycle est sans fin.

Pour éviter cette situation, il faut renforcer notre croyance dans la Hachga’ha Pratit, la Providence divine particulière : tout homme est tenu de retenir que si le Créateur l’a placé dans un lieu et une situation particulière, c’est le signe qu’Il désire qu’on Le serve à partir de ce lieu et de cette situation, et qu’il est obligé de se mesurer à ces circonstances. Même s’il rencontre des difficultés, il faut déployer des efforts et il bénéficiera d’une aide du Ciel pour mener à bien sa mission particulière dans ce monde.

Le verset (Devarim 6,5) : “Tu aimeras l’Éternel de tout ton cœur”, est commenté par nos Sages (Sifri Devarim 32) ainsi : “que ton cœur ne soit pas partagé sur le Makom” : le sens simple indique que le terme Makom désigne ici Hachem, qui est le lieu du monde, car “le monde est empli de Sa gloire”. Mais rabbi Chelomo de Karlin, que son mérite nous protège, l’interprète d’une autre façon : l’homme ne doit pas être partagé sur le lieu où il réside : qu’il ne prétende pas que son lieu de résidence n’est pas propice au service de D’, loué soit-Il, et évite ainsi de Le servir jusqu’à ce qu’il réside ailleurs. Or, la volonté de Hachem, loué soit-Il, est de Le servir au lieu où on se trouve, car s’Il désirait qu’on Le serve ailleurs, Il nous aurait fait naître ailleurs.

La Providence du Créateur à cet égard est mentionnée dans les ouvrages sacrés, expliquant qu’il existe des étincelles de Kedoucha éparpillées dans le monde entier. Lorsqu’un Juif se consacre à la Kedoucha, une partie de ces étincelles s’attache à son âme, parcelle du divin, et ainsi, il les élève et les ramène à leur racine. Tel est le rôle des Juifs en exil : élever ces étincelles dispersées aux quatre coins du monde. Un homme a une attache à ces étincelles de sainteté qui se trouvent dans un endroit précis et il est envoyé par le Maître du monde dans ce lieu précisément pour rectifier ces étincelles qui lui appartiennent.

C’est pourquoi, lorsqu’un homme souhaite quitter un certain lieu, compte tenu des difficultés qu’il vit, il doit s’interroger s’il ne s’agit pas d’une tentation du Yetser Hara’ qui veut l’empêcher de rectifier ces étincelles liées à la racine de son âme, et son rôle est de surmonter le mauvais penchant en ce lieu. C’est comparable à l’armée, composée de divers bataillons, qui ont chacun un rôle précis à jouer et un soldat ne peut pas passer de son bataillon à un autre. De ce fait, c’est uniquement au cas où son rav lui indique de quitter les lieux qu’il doit le faire.

De plus, le mauvais penchant glisse également à l’homme qu’il n’est pas en mesure de surmonter les tendances innées qu’il abrite en lui. Récemment, la vision libérale s’est développée de plus en plus, stipulant que les hommes nés avec de fortes tendances aux pulsions négatives n’ont pas le choix de les surmonter et de ce fait, impossible d’accuser ceux qui commettent des actions négatives et immorales, et il convient de respecter même un meurtrier et un adultère notoire et avoué.

Mais les Bené Israël savent que même une personne née avec de mauvais traits de caractère est capable de les surmonter avec l’aide de Hachem, loué soit-Il. On connaît ce récit mentionné dans les textes sacrés (Or Pné Moché, paracha ‘Houkhath) : un roi savait lire sur le visage, les traits de caractère de l’homme. Il affirma que le visage de Moché Rabbénou indiquait qu’il possédait des traits de caractère négatifs et immoraux, qui feraient de lui un meurtrier et un adultère et qu’il possédait tous les mauvais traits de caractère possibles. Moché Rabbénou confirma cela, mais ajouta qu’il les avait transformés ensuite dans le bon sens.

Nous voyons dans le Midrach (Mekhilta, paracha Yitro) qu’avant le don de la Tora, Hachem demanda aux descendants d’Essav le mécréant s’ils désiraient recevoir la Tora. Ils refusèrent, arguant qu’ils ne pourraient pas respecter l’injonction de “Tu ne tueras point”, car ils avaient hérité cette propension au meurtre de leur ancêtre Essav. De même, les descendants d’Amon et de Moav répondirent qu’ils ne pourraient pas respecter l’interdit de “Tu ne commettras point d’adultère”, car ils avaient hérité cette tendance de leur ancêtre Loth. Et ainsi de suite pour les autres nations : chacune d’entre est caractérisée par une certaine tendance largement présente en leur sein : toutes affirmèrent qu’elles ne seraient pas en mesure de surmonter ces tendances innées. Mais lorsque Hachem interrogea les enfants d’Israël, ils répondirent aussitôt : “Tout ce qu’a dit Hachem, nous ferons et nous entendrons.”

Au fil des ans, j’ai remarqué de multiples fois que lorsque je demandais à des jeunes gens de respecter les règles de la sainteté ou d’autres Mitsvoth, certains d’entre eux me répondirent que les psychologues leur avaient indiqué qu’avec leur nature, ils n’en étaient pas capables, mais suite à mes explications destinées à les rassurer qu’ils en étaient bien capables, ils acceptèrent de s’engager à respecter ces Mitsvoth et constatèrent qu’ils avaient la capacité à surmonter leurs tendances.

À ce sujet, il existe une règle essentielle dans la Tora : Hachem n’envoie jamais d’épreuve à l’homme qu’il n’est pas en mesure de la surmonter. En effet, Hachem désire que l’homme combatte son mauvais penchant et en triomphe et le fait que Hachem l’ait mis à l’épreuve dans ce domaine prouve qu’il est capable de la surmonter, et c’est le rôle particulier assigné à son âme.

Ainsi, c’est le sens des propos de Hachem dans notre Paracha : “ Éloigne-toi” : suis la voie de ton service divin particulier, correspondant à la racine de ton âme, en servant le Créateur précisément “de ton pays” : au lieu où on t’a placé du Ciel. “Et de ton lieu natal” : à partir de tes caractéristiques innées” : tu as été créé pour ce rôle : briser ta nature pour servir le Créateur, loué soit-Il, et par ce mérite, tu mériteras des bénédictions dans ce monde et dans le suivant, comme l’indique Rachi sur les termes “Éloigne-toi” : “Pour ton bonheur et pour ton bien.”

Chabbath Chalom !

Illustration : site Hidabrouth

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