«De Hor-la-Montagne vous la continuerez jusqu’à ‘Hamath, d’où la démarcation aboutira à Tsedada» (Bamidbar 34,8).
Le roi Chlomo affirme (Michlé 3,34) : « Il accorde Sa bienveillance aux humbles. » Le rabbi de Korits interprète ce passage dans son ouvrage Imré Pin’has : tout ce que fait un bébé est charmant et bien accueilli par tous, car il agit sans arrière-pensée, de la même manière, un homme qui agit sans arrière-pensée est bien accueilli par tous, même lorsqu’il se livre à des actions qui sortent de l’ordinaire.
J’ai entendu à ce sujet de mon beau-père, l’Admour de Vijnitz zatsal, qui l’avait entendu de rabbi Chelomo Eliézer Wiesel zatsal, Président du tribunal rabbinique de Terniva, qui l’avait entendu de la bouche même de l’intéressé : ce dernier était le Melamed de rabbi Chalom de Skahl et après son mariage avec la fille du rabbi et auteur de l’Ahavat Israël de Vijnitz, on envoya ce Melamed de Belz à Vijnitz pour qu’il continue à étudier là-bas avec lui. Pour les Jours de Pénitence, il renta chez lui à Belz, et lorsqu’il s’apprêta à prendre congé de son rabbi, le rabbi de Belz zatsal, avant de reprendre la route pour Vijnitz, le rabbi lui demanda d’attendre un peu, fit ses préparatifs pour procéder à l’ablution des mains, et ensuite, il lui dit : « Transmets mes amitiés à mon Mr’houtan de Vijnitz. » Lorsque notre homme décrivit à Vijnitz la préparation du rabbi de Belz, le rabbi de Vijnitz déclara : « Bien sûr, je l’aime, car il étudie la Tora de façon désintéressée, mais je ne comprends pas pourquoi il m’apprécie. » Lorsqu’il retourna à Belz et rapporta ces propos, le rabbi de Belz lui dit : « C’est pour cette raison que je l’aime, car il ne comprend pas ce qu’il y a à aimer chez lui. »
C’est pour cette raison que la Tora n’a pas été transmise sur de hautes montagnes, mais uniquement sur le petit mont Sinaï. En effet, les montagnes élevées étaient considérées comme imparfaites et l’homme orgueilleux s’apparente à un homme imparfait, qui ne trouve pas grâce aux yeux de Dr et de l’homme et ne peut se rapprocher de Hachem par le biais de l’étude de la Tora. Il est dit dans la Guemara (Méguila 29a) : « Que signifie ce verset : ‘Pourquoi regardez-vous de travers, ô montagnes aux sommets élevés, la montagne que D’ a choisie pour demeure « ? Une voix divine se fit entendre et dit aux montagnes : pourquoi cherchez-vous à entrer en conflit avec le mont Sinaï ? Vous êtes toutes imparfaites par rapport au mont Sinaï, comme il est écrit ici : « Hautes » et il est écrit là, à propos des imperfections qui disqualifient un prêtre : « Ou bossu ou nain » (Vayikra 21:20). Rav Achi a dit : ‘Apprenez de cela que l’homme arrogant est considéré comme imparfait.' »
C’est l’un des facteurs responsables de la disparition de la Chekhina, la Présence divine, chez l’orgueilleux. En effet, compte tenu de son orgueil, il n’est pas apprécié par les autres qui ne le respectent pas. Ainsi, il en vient à s’emporter contre les autres, a du mal à vivre en paix avec les autres, condition de la présence de la Chekhina.
Il existe une autre raison pour laquelle l’orgueil est la raison principale de l’augmentation de la colère, qui mène aux controverses. L’orgueil conduit l’homme à accuser les autres de ses échecs et à déverser sa colère sur eux. L’orgueilleux, en effet, estime toujours qu’il n’est pas suffisamment honoré ni récompensé comme il lui revient, et il se met en colère à ce titre.
L’intensification de cette colère détruit la vie de nombreuses personnes et familles. Nos Maîtres le mentionnent (Nedarim 22a) : « Toute personne qui se met en colère est dominée par plusieurs formes d’enfer ». En d’autres termes, par la colère, l’enfer domine sur lui dans tous les domaines de ce monde, car celui qui se met en colère pour tout, commet toutes les erreurs. Si une personne intelligente se met en colère, son intelligence disparaît, elle perd son jugement, et elle est susceptible de crier, d’humilier ou de frapper comme un fou. Après avoir vu la bêtise qu’elle a faite, elle s’irrite et s’emporte encore davantage et accuse les autres, puis replonge dans l’erreur, etc. Elle se crée ainsi de nombreux ennemis, et est méprisée par les autres et ne parvient pas à son but, celui de protéger son honneur et son statut. À son sujet s’appliquent les propos de nos Sages (Kidouchin 41a) : « Un homme qui se met en colère n’obtient rien de son irritation ; la seule chose qui lui reste, c’est son irritation. »
La colère entre un homme et sa femme est très regrettable, car elle conduit au divorce qui entraîne dans son sillage de nombreux malheurs et regrets. Toute leur vie est détruite et surtout, les enfants souffrent énormément. Même s’ils ne divorcent pas, la dégradation de l’entente conjugale entre le couple est très préjudiciable, car pour l’éducation des enfants, celle-ci est impérative pour les conduire dans la voie du bien. Car lorsque l’un tire d’un côté et le second, de l’autre, les enfants sont perturbés et ne grandissent pas correctement. En raison de ce manque de respect mutuel, les enfants ne respectent pas les parents, et on constate une dégradation de l’amour et de la relation indispensable entre parents et enfants, afin qu’ils suivent la voie tracée par nos ancêtres.
De plus, la colère des parents ou enseignants contre les enfants est très nuisible, car cela les brise, et ils ne sont pas en mesure d’exploiter leurs talents. Ils mettent à profit leurs forces pour le mensonge et pour se lier d’amitié à de mauvaises fréquentations, et c’est ce qui explique aujourd’hui ces enfants égarés et faibles.
Lorsque, mû par la colère, on adresse des reproches à quelqu’un, cette réprimande n’est pas acceptée. Ainsi, nos Sages affirment (Avoth 2,5) : « Un impatient ne peut pas enseigner. » Dans le Séfer ‘Hassidim figure un récit sur un Sage qui donna l’ordre de recruter un enseignant au beau milieu de l’année, car il avait remarqué que l’enseignant en place était colérique.
C’est à ce sujet que les Écritures nous mettent en garde : « De Hor-la-Montagne » : lorsqu’on s’enorgueillit comme une montagne haute, « vous la continuerez jusqu’à ‘Hamath » : vous en arriverez à la colère, « d’où la démarcation aboutira à Tsedada » : vos descendants s’écarteront ainsi de la voie du bien et de la sainteté, que D’ préserve. De ce fait, il convient de surmonter l’orgueil pour avoir le privilège de mener une vie paisible et heureuse.
Chabbath Chalom !
Illustration : ‘Habad