Le rabbi de Kalov, par. Michpatim : La prière, une arme puissante

0
47

«Or, s’il se plaint à Moi, Je l’écouterai, car Je suis compatissant » (Michpatim 22,27).

En période de malheur, on constate que le Juif qui a confiance dans la Providence du Créateur demeure constamment serein et joyeux, et ne sombre pas dans la tristesse comme les autres. En effet, le croyant sait que tout dépend de Hachem, et lorsqu’il est nécessaire de faire sa part d’efforts, il s’exécute uniquement pour accomplir la volonté du Créateur. Ses efforts se concentrent surtout sur la prière adressée au Saint béni soit-Il, le Tout-Puissant, qui Se chargera de sa demande, ce qui n’est pas le cas de ceux qui ont le sentiment que le poids du malheur repose sur leurs épaules.

Le célèbre Maguid de Douvna écrit à ce sujet une belle parabole : un Juif prit la route, portant une lourde charge sur son dos, et chemin faisant, un cocher s’arrêta et l’invita à monter gratuitement dans sa calèche. L’homme monta dans la calèche et le cocher poursuivit sa route.

Quelque temps plus tard, le cocher remarqua que le Juif, dans la calèche, portait encore le sac sur son épaule, il lui demanda : « Pourquoi ne pas déposer ton sac et t’asseoir pour prendre du repos ? » Le Juif répondit : « Tu me rends déjà service à moi, je ne veux pas t’imposer en plus ma charge. »

Le cocher le réprimanda : « Idiot, la calèche te porte dans tous les cas avec ta charge, lorsque tu continues à la porter sur ton épaule, tu épuises tes forces pour rien et tu ne contribues nullement à faciliter le trajet de la calèche…»

La morale de l’histoire : toute la création et les créatures sont portées par le Créateur du monde, comme il est dit (Yechayahou 46,4) : « Comme Je l’ai fait, Je continuerai à vous porter, à vous soutenir, à vous sauver.» Certains sont d’avis qu’ils doivent aider Hachem à prendre en charge leurs soucis. Or, l’homme ne parvient à rien en se tourmentant, et il est dans son intérêt d’appliquer ce passage des Tehilim (55,23) : « Décharge-toi sur D’ de ton fardeau, Il prendra soin de toi. »

Le ‘Hozé de Lublin commente le verset (Beréchit 21,15) : « Elle abandonna l’enfant au pied d’un arbre » : il est difficile de prendre ce verset au pied de la lettre, d’imaginer que Hagar ait jeté son fils malade, Yichma’ël, car c’était l’enfant qu’elle avait eu avec Avraham, qui était précieux pour elle comme la prunelle de ses yeux. Il faut l’entendre dans le sens où Hagar se répandit de toutes ses forces en prière à Hachem, pour la guérison de son fils. Elle se reposa sur Hachem. Le ‘Hozé de Lublin affirme qu’une telle prière se nomme : E’had hasi’him, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une prière de valeur, et c’est à cela que doit ressembler une prière. Au terme de la prière, on laisse tout aux mains de Hachem.

La Tefila même apporte la guérison de l’esprit humain, car l’homme, de nature, désire se libérer de son sac de soucis. Lorsqu’il sait que notre Père céleste prête une oreille attentive à la prière de chacun, par sa prière même, Il nettoie et purifie son esprit des soucis qui le préoccupent. Les études scientifiques prouvent qu’une personne qui prie chaque jour diminue les risques de contracter une maladie au cœur, par rapport au reste de la population.

Rabbi Aharon de Karlin zatsal dit au nom de rabbi Acher de Staline zatsal, que telle était l’idée du roi Chelomo, consignée dans le Livre de Michlé (12,25) : « Le souci abat le cœur de l’homme » : il distraira son inquiétude par la prière à Hachem, comme nos Sages l’indiquent (Berakhoth 26b).

Rabbénou Moché Alchikh interprète ainsi le verset : « Il répand sa plainte devant l’Éternel » : dans la prière, l’homme répand toute sa détresse en lui vers l’extérieur, à l’instar de quelqu’un qui répand un ustensile rempli d’eau. De la même manière l’homme vide son cœur de ses soucis.

Le roi David dit dans les Tehilim (77,4) : « Je réfléchis et mon esprit se voile de tristesse » : lorsqu’on se libère de ses soucis dans la prière adressée à notre Père céleste, notre esprit bénéficie d’un renforcement qui le protège et lui évite de perdre le moral et d’être tourmenté et soucieux.

Lorsque le Juif croyant adresse une prière à Hachem, il se sent comme un enfant qui décrit ses besoins à son père, et ensuite, est persuadé que son père bien-aimé mettra à sa disposition tous ses besoins. S’il n’obtient pas ce qu’il a demandé, c’est le signe que son père, dans sa grande sagesse, comprend que ce n’est pas pour son bien.

De même, lorsqu’un père confie son fils à un médecin qui doit effectuer une intervention importante, le père fait abstraction des cris de son enfant qui souffre. L’enfant intelligent comprend que son père agit ainsi pour lui sauver la vie, et de la même façon, nous comprenons que notre Père met notre cœur à l’épreuve dans notre intérêt.

Il arrive parfois que du Ciel, un grand malheur soit décrété, qui est pour notre bien et par le biais de prières, on agit pour amoindrir l’épreuve. Il arrive parfois que le malheur frappe dans toute son intensité, et le mérite de la prière leur sert pour d’autres choses, car chaque prière a une certaine action, qu’on ne voit pas toujours dans notre demande. En effet, Hachem est omniscient et agit en notre faveur.

Nous en avons une indication dans notre verset : «  Or (Vehaya) : ce terme, Vehaya, introduit toujours un langage de joie (Beréchit Rabba 42,4). Un Juif peut être joyeux, même dans une période de malheur, lorsqu’il sait que « s’il se plaint à Moi, Je l’écouterai » : notre Père céleste entend les cris de notre prière. En effet : « Car Je suis compatissant », il est certain qu’il recevra ce qu’il doit recevoir pour son bénéfice.

Chabbath Chalom !

Aucun commentaire

Laisser un commentaire