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« Comme les enfants se bousculaient en elle, elle dit : ‘Si cela est ainsi, à quoi suis-je destinée !’ Et elle alla consulter Hachem » (Beréchit 25,22).
La faute de mépriser les Maîtres en Tora est très grave dans le judaïsme. En effet, le maintien du judaïsme dans chaque communauté juive dépend de l’influence du rav de la communauté, et si on porte atteinte à son honneur, cela entraîne une désobéissance, et peut conduire à un rejet du joug divin, en particulier chez les enfants qui grandissent dans une telle atmosphère.
Dans ce domaine, le Yetser Hara’ s’évertue au maximum afin que les Juifs méprisent les grands Maîtres et évitent d’honorer les érudits en Torah, de sorte qu’ils ne suivent pas les restrictions imposées par les Maîtres juifs, implantés par Hachem à chaque époque pour maintenir le judaïsme authentique.
On observe ce phénomène à toutes les époques : dans les communautés où l’on a méprisé l’honneur des rabbanim, le judaïsme a été détruit et certains sont devenus hérétiques. On a relevé aussi des cas de Juifs éminents, membres de communautés notables, qui ont affiché un mépris pour les rabbanim, et dans ce sillage, leurs enfants ont dérivé et rejeté le joug de la Tora et des Mitsvoth.
Dans une localité polonaise, l’état du judaïsme au dix-huitième siècle était au plus bas. En effet, les Maskilim avaient réussi à entraîner les Juifs à mépriser leurs rabbins. Lorsqu’ils voulaient donner un salaire décent au rav, les hommes criaient : « Pourquoi lui donner à manger de la crème ? Quoi, du lait caillé ne lui suffit pas ?! » Puis rabbi Chimon Sofer obtint le poste de rav à Cracovie et réussit à rétablir l’honneur du rabbinat, et tout autour, le judaïsme s’améliora considérablement, du fait qu’on avait des égards à l’égard du rav.
Les Sages de la Tora de toutes les époques, qui ont étudié la Tora pendant de longues années, sont comparables à des « médecins spécialisés » qui comprennent bien la santé mentale des hommes de leur génération. En conséquence, Hachem nous a prescrit de nous plier à leur avis, qui reflète celui de la Tora, comme il est dit dans la paracha de Choftim (Devarim 17,11) : « Selon la Tora qu’ils t’enseigneront, selon la règle qu’ils t’indiqueront, tu procéderas ; ne t’écarte de ce qu’ils t’auront dit ni à droite ni à gauche. »
Lorsque ces médecins de l’âme donnent des instructions et des conseils à des fins thérapeutiques et de santé mentale, il faut les suivre de la même manière que l’on suit les instructions d’un médecin qui s’occupe de la santé du corps. En conséquence, ce n’est qu’en les respectant et en suivant leurs conseils que l’on peut guérir les malades mentaux de l’époque, et que les enfants marchent dans leurs pas. Mais si, que D’ nous en préserve, on ne les respecte pas et on ne les estime pas à leur juste valeur, ils ne sont pas en mesure d’influer et de jouer leur rôle.
Nos Sages affirment dans la Guemara (Chabbath 119b) : « Jérusalem n’a été détruite que parce que les érudits en Tora ont été méprisés, comme il est dit (Divré Hayamim II, 36,16) : ‘Mais ils raillaient les messagers de Hachem, dédaignaient ses paroles et tournaient en dérision ses prophètes, jusqu’à ce que le courroux de D’ s’accrut contre Son peuple de façon irrémédiable.’ Que signifie : ‘de façon irrémédiable’ ? Rabbi Yehouda, rav dit : toute personne qui méprise les Talmidé ‘Hakhamim n’a aucun remède à son mal. »
Les auteurs des ouvrages sacrés expliquent que lorsqu’on humiliait les sages et qu’on les dédaignait, les Sages ne pouvaient pas les réprimander sur leurs méfaits, et ils n’avaient pas la possibilité de les remettre sur le droit chemin, car ils n’étaient pas prêts à accepter les remontrances et refusaient d’accepter une autorité. Dans ce sillage, la destruction du Temple s’ensuivit, du fait qu’ils n’écoutèrent pas les remontrances du prophète de la génération et ne corrigèrent pas leurs méfaits.
C’est le sens de l’affirmation de Rav : « Celui qui méprise un Talmid ‘Hakham n’a aucun remède à son mal », c’est-à-dire du mal de la maladie mentale, car le mépris l’empêche d’accepter une remontrance de la part d’un Sage, et il n’a pas de remède, car il n’écoute pas les propos de Moussar (éthique juive) qui redressent le cœur.
À ce sujet, on raconte qu’un jour, un Talmid ‘Hakham demanda à rabbi Chelomo Zalman Auerbach zatsal : « Pourquoi ai-je des difficultés à éduquer mes fils dans la voie du bien, tandis que mon voisin, un homme simple, réussit dans l’éducation de ses enfants ? »
Rabbi Chelomo Zalman, qui connaissait bien ces deux familles, lui répondit : « Toi, pendant les repas du Chabbath, entouré de ta famille, tu t’exprimes contre tel rav et tel rabbi et tu rejettes leurs propos. L’enfant qui entend ce discours se dit que l’étude de la Tora et les rabbanim sont dénués d’importance et, de ce fait, il n’écoute pas leurs propos, et ne respecte pas les restrictions imposées par les Maîtres, et ainsi, il quitte la voie du bien. Ce n’est en revanche pas le cas de ton voisin, qui valorise ceux qui étudient la Tora et les respecte. Ses enfants ressentent ce respect et cette estime à l’égard des rabbanim et désirent marcher dans leurs traces. »
Dans cette perspective, nous pouvons interpréter les propos de Rivka Iménou, que la paix soit sur elle, dans notre paracha : « Comme les enfants se bousculaient en elle » : lorsqu’elle passait devant les tentes de Tora de Chem et Ever, Ya’akov courait et se débattait pour sortir, tandis que lorsqu’elle passait devant les portes des cultes idolâtres, ‘Essav se débattait pour sortir. De ce fait, Rivka dit : « Si cela est ainsi » : si la puissance du Yétser hara’ est si forte qu’il peut attirer le fils d’un homme saint à poursuivre le culte des idoles, « à quoi suis-je destinée » : comment puis-je compter sur moi, estimant que j’ai le pouvoir de l’éduquer et de le protéger, seule, du puissant Yétser hara ? « Et elle alla consulter Hachem » : elle alla consulter « Et Dalet », c’est-à-dire ce qu’ont commenté nos Sages (Baba Kama 41b) : « Tu craindras Hachem ton D' » (Devarim 6,13) : cela inclut les Talmidé ‘Hakhamim. »
Lorsque les parents se renforcent dans leur crainte des érudits en Tora, se plient à leurs directives et veillent à respecter toutes leurs restrictions fixées par les grands Maîtres de la génération conformément à la Tora, c’est la meilleure part d’efforts possible afin que nos descendants soient protégés des épreuves de l’époque, et suivent la voie de la droiture et du bien.
Chabbath Chalom !
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