Le rabbi de Kalov, par. Vayé’hi : abolir le désir de revanche

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« Yossef pleura » (Beréchith 50,17).

En période de guerres, certains sont obsédés par la recherche d’«images de victoire» et perdent beaucoup de temps à réfléchir aux dégâts, aux blessés et aux morts de la partie adverse, pour satisfaire au désir de revanche qui brûle dans le cœur de ceux qui veulent se venger des ennemis.

Or, un Juif doit veiller à ne pas développer ces sentiments de vengeance, et il faut s’imprégner de l’idée que tous les maux proviennent de Hachem. En effet, aucun homme ne bouge le petit doigt ici-bas si cela n’a été décrété en haut (‘Houlin 7). Un homme, doté du libre-arbitre, qui décide de maudire, de frapper ou de porter atteinte sur le plan financier à son prochain, sera redevable aussi bien selon les lois humaines que divines pour son mauvais choix, et malgré tout, le tort a déjà été décrété dans le Ciel. D’ a de nombreux messagers, et si cet homme n’avait pas agi, un autre l’aurait fait à sa place.

C’est pourquoi, même à notre époque où les dirigeants du peuple d’Israël sont tenus, dans le cadre de leur obligation, de partir en guerre de Mitsva contre les ennemis d’Israël qui ont maltraité des Juifs et profané l’honneur du Ciel, ils ont tenu à avoir à l’esprit la Gloire divine, et à ne pas se laisser entraîner par les désirs de vengeance. À ce sujet, le roi Chelomo (Michlé 24,17) nous a mis en garde : « Ne te réjouis pas de la chute de tes ennemis. » Nos Sages (Yalkout Chimoni Michlé) affirment que ce verset s’applique même aux Égyptiens, et de ce fait, nous ne lisons pas le Hallel entier le septième jour de Pessa’h, jour où ils se sont noyés dans la mer.

Nos anciens expliquent que c’est une des raisons pour lesquelles les Bené Israël ont reçu cet ordre, lors de la plaie de l’obscurité (Chemoth 12,22) : « Que pas un d’entre vous ne franchisse alors le seuil de sa demeure, jusqu’au matin. » En effet, si des membres du peuple juif avaient franchi le seuil de leur maison le soir et, vu le tumulte, ils auraient pu en éprouver un plaisir de vengeance, allié à une cruauté et ils auraient chuté du niveau élevé qu’ils avaient acquis grâce à la mitsva du Korban Pessa’h.

De même, il est écrit dans les ouvrages sacrés (Méchekh ‘Hokhma, notamment) que tous les peuples fixent une fête le jour de victoire marquant la chute de leurs ennemis, ce qui n’est pas le cas des Bené Israël qui ne se réjouissent pas de la chute de leurs ennemis et ne fixent pas de fête à ce sujet. C’est pourquoi à propos de la fête de Pessa’h, il n’est pas mentionné : « Il fit justice en Égypte », mais : « Il fit sortir les Bené Israël d’Égypte ». De même, à ‘Hanouca, on commémore uniquement le miracle de la Menora, lorsqu’on inaugura le service divin au Temple, et non la victoire militaire. De même, pour le miracle de Pourim, on ne célèbre pas de jour de fête le jour où Haman fut pendu ou celui où les Juifs tuèrent leurs ennemis. Le jour de fête est fixé lorsqu’ils ont obtenu rémission de leurs ennemis.

Il est rapporté également (Sifté Tsadikim) au nom de notre maître le Ba’al Chem Tov, qui interprète le sens d’un texte de nos Maîtres (Yoma 23a) : « Tout Talmid ‘Hakham qui ne se venge pas et n’est pas vindicatif comme un serpent n’est pas un Talmid ‘Hakham.»

Lorsqu’un érudit en Tora est tenu, selon la Tora, de punir des mécréants qui lui portent atteinte, il doit agir à l’instar d’un serpent, qui tue, mange et consomme les autres sans en éprouver de plaisir. En effet, la Guemara (Ta’anit 8a) affirme que tout ce que le serpent goûte a le goût de poussière, de la même manière, l’intention du Talmid ‘Hakham doit être entièrement orientée vers le Ciel, dénuée de tout plaisir personnel. Dans le cas contraire, il ne mérite pas le titre de Talmid ‘Hakham.

Dans cette perspective, ils interprètent le verset dans notre Paracha (Beréchit 49,17) : « II sera, Dan, un serpent sur le chemin» : Ya’akov Avinou bénit Chimchon Haguibor qui était de la tribu de Dan : lorsque le peuple d’Israël voulut se venger des Plichtim, qu’ils n’éprouvent pas de désir de revanche dans leur propre intérêt, mais que tous leurs actes ressemblent à ceux d’un serpent qui mange sans éprouver aucun plaisir.

On observe chez de nombreux Tsadikim que si certains portaient atteinte à leur honneur, même s’il y aurait pu avoir une nécessité d’agir contre eux pour défendre l’honneur de la Tora, ils préféraient s’abstenir de toute action et leur pardonner, car ils redoutaient que leurs actions soient légèrement teintées d’un intérêt personnel.

Les Tsadikim qui vivaient avec une parfaite Émouna que tout émane du Ciel ne se contentaient pas de s’abstenir de se venger de leurs agresseurs. Ils se préoccupaient d’eux et priaient pour eux. Comme l’indique mon vénérable ancêtre de Kamarna : un jour, un homme dona une gifle sur la joue à notre maître rabbi Elimélekh de Lizensk, et le rabbi répondit aussitôt : « Maître du monde, je lui pardonne de tout cœur, et que personne ne soit puni par ma faute. »

Il est ainsi possible d’interpréter ce passage dans notre paracha : il ne vint pas à l’idée de Yossef Hatsadik de se venger de ses frères, car il vivait avec une Émouna parfaite que tout provient du Saint béni soit-Il, y compris la vente par ses frères. C’est pourquoi il s’écarta au maximum du désir de vengeance, qui lui était très répugnant.

De ce fait, lorsqu’ils dirent : « Or, les frères de Yossef, considérant que leur père était mort, se dirent : « Si Yossef nous prenait en haine ! S’il allait nous rendre tout le mal que nous lui avons fait souffrir ! », alors : « Yossef pleura » : il pleura en raison de cette grande détresse qu’il ressentit, s’imaginant qu’ils pourraient le soupçonner de faire appel à la vengeance, provenant d’un manque d’Émouna, comme nous le voyons dans la Guemara de Yoma (19b) lorsque le Cohen Gadol pleurait lorsqu’on le soupçonnait d’être un Tsedouki. Ils lui annoncèrent ensuite que « D’ l’a combiné pour le bien » : tout provient du Ciel, et tout ce que Hachem fait est pour le bien, et en sa qualité d’homme croyant, il est très vigilant de ne pas se laisser entraîner par un désir de vengeance.

Chabbath Chalom !

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