Le rabbi de Kalov, par. Vayétsé : Les compliments, un outil pédagogique indispensable

0
3

« Yaakov se leva. Il fit monter ses fils » (Beréchith 31,17).

La relation entre parents et enfants nécessite, à notre époque, une nette amélioration, comme je l’ai constaté dans mes conversations avec des pères et fils dans le monde entier ces dernières années. Près de 90 % des parents ont une relation insatisfaisante avec leurs enfants.

Afin de rectifier cette situation, il faut savoir que lorsqu’on éduque et guide les enfants, il faut leur parler avec douceur, comme l’indique ce verset (Kohéleth 9,17) : « Les paroles des Sages dites avec douceur sont mieux écoutées. » De même, lorsqu’il est nécessaire de réprimander les enfants, il faut s’évertuer à le faire de manière agréable, tout en multipliant les compliments, plus nombreux que les réprimandes. On pourra dire, par exemple : « Cette conduite n’est pas digne d’un jeune homme avisé et éminent comme toi. »

On connaît ces propos du Chla Hakadoch (Devarim 19) qui commente ce verset dans Michlé (9,8) : « Ne morigène pas le railleur, car il te haïrait ; fais des remontrances au sage, et il t’en aimera davantage. » L’homme ne réprimandera pas son prochain en lui disant : « Tu es un railleur en te conduisant ainsi », « car il te haïrait » : une telle remontrance aboutirait chez celui qui est visé à une haine et ne l’encouragerait pas à améliorer sa conduite. On lui dira plutôt : « Tu es un homme intelligent et une telle conduite ne te sied pas » et ainsi : « Il t’aimera davantage. »

Nous découvrons dans la Guemara (Baba Metsia 85a) qu’après le décès de rabbi Elazar, fils de rabbi Chim’on, son fils quitta la voie de la Tora et commit de terribles actions. Lorsque notre Maître en fut informé, il l’appela et le traita avec beaucoup d’honneur, lui offrit un vêtement doré et le nomma « rabbi. » Dans ce sillage, le fils fit le vœu de ne plus replonger dans les méfaits, fit Techouva et devint un grand Maître en Tora.

Ce principe est impératif pour un fils qui vit de grandes épreuves, comme l’indique rabbi Aharon de Zitamir zatsal, dans son ouvrage sacré Toldot Aharon, sur la paracha de Toldot. Son rav, rabbi Lévi Yits’hak de Berditchev zatsal, rapprochait les Juifs éloignés encore plus que ses élèves. Ainsi, le rabbi de Zitamir zatsal commente ce passage : « Yits’hak préférait ‘Essav parce qu’il mettait du gibier dans sa bouche » : il décela sa ruse dans sa manière de proférer des mensonges et ne suivait pas la voie de la droiture, et de ce fait, il le rapprocha par des signes manifestes d’amour, dans le but qu’il se rapproche de la sainteté. En revanche, Ya’akov qui était intègre et droit, n’avait pas autant besoin d’être rapproché.

De même, nos Maîtres expliquent ainsi la conduite de Ya’akov, qui manifesta ouvertement un amour particulier à son fils Yossef Hatsadik. Il lui acheta une tunique rayée, qu’il n’avait pas achetée à ses autres fils. En effet, il avait vu par esprit prophétique que Yossef affronterait une terrible épreuve et réfléchit à la manière d’ancrer dans son cœur le courage de surmonter cette épreuve. Il aboutit à la conclusion que le moyen d’y parvenir consistait à lui manifester un amour particulier, dépassant celui de ses autres fils.

Cet amour, en effet, sauva Yossef Hatsadik de la grande épreuve qui se présenta à lui en Égypte. Lorsqu’il était un jeune homme de dix-sept ans, l’âge où l’on est fougueux, l’épouse de Potifar revêtit de beaux vêtements et l’incita à commettre une faute, une habitude coutumière en Égypte. Mais grâce à l’amour manifesté par son père, il réussit à se contenir, refusa ses avances et s’enfuit.

De la même manière, à notre époque, alors que les épreuves de la rue abondent, il faut être encore plus attentif, en évitant de réprimander sévèrement les enfants, mais il convient de les guider et de les renforcer à l’aide de compliments et d’amour.

À ce sujet, l’auteur du Pélé Yoets affirme que, tout comme dans le domaine médical, au fil des époques, la nature et les remèdes ont changé et les remèdes efficaces autrefois ne le sont plus aujourd’hui, le même principe s’applique à la guérison de l’esprit : à notre époque où l’insolence est très présente, les réprimandes sévères n’ont pas l’effet escompté, comme c’était le cas dans les époques antérieures.

Rabbi Chelomo de Radomsk zatsal écrit dans son ouvrage Tiféret Chelomo (Pirké Avoth 1,6), au nom des Tsadikim de son époque : à notre génération, il faut veiller à ne pas réprimander notre prochain par des reproches, mais, au contraire, lui parler avec calme et gentillesse, le rapprocher avec amour et l’initier à la crainte divine.

Si le rabbi de Radomsk zatsal s’est exprimé de cette façon à son époque, c’est à plus forte raison nécessaire à notre époque où les jeunes gens peuvent se lier facilement à des garçons peu fréquentables par le biais des outils technologiques. Il est donc impératif pour les parents et enseignants de cultiver une relation solide avec les enfants en leur exprimant de la tendresse, et même les propos de Moussar indispensables devront être exprimés avec affection, en adressant plus de compliments que de reproches.

Lorsque les enfants obtiennent et ressentent l’amour des parents, ils ne chercheront pas d’affection à l’extérieur, ne seront pas accros des réseaux sociaux, ni incités à suivre des personnes qui cherchent à s’accaparer leurs esprits, et ils ne se lieront pas d’amitié à de mauvaises fréquentations. Ils s’attacheront uniquement aux parents, unis par un lien indéfectible, et seront motivés à suivre la voie ancestrale.

Cette conduite est décelable chez Ya’akov Avinou, que la paix soit sur lui : à la fin de la période où il résida avec sa famille dans l’entourage de Lavan l’Araméen où vivaient des mécréants, il est écrit : « Ya’akov se leva » : Ya’akov eut le mérite de conserver son statut spirituel avec sa famille composée d’individus craignant le Ciel, bien qu’ayant vécu dans un environnement rempli d’épreuves. Cela est dû au fait que : « Il fit monter ses fils  » : il relevait continuellement l’état d’esprit de ses fils par des compliments et des gestes d’amour, et de ce fait, il mérita de laisser derrière lui une descendance d’hommes pieux et intègres à qui il ancra le plaisir du service divin, comme il est dit (Yechayahou 58,14) : « Alors tu te délecteras dans Hachem (…) et Je te ferai jouir de l’héritage de ton aïeul Ya’akov. »

Chabbath Chalom !

Aucun commentaire

Laisser un commentaire