par le Dr Yossi Mansharof
Premier signe inquiétant en provenance d’Iran: Téhéran semble déterminé à accroître la portée de ses missiles balistiques à des distances intercontinentales, soit 5 500 kilomètres et plus. Le député Mohsen Zanganeh a récemment déclaré à la télévision iranienne que les lumières non identifiées aperçues dans le ciel iranien deux jours plus tôt et qui ont suscité la curiosité du public étaient en fait le résultat d’un essai réussi d’un missile intercontinental. Il pourrait s’agir du missile balistique Khorramshahr-5, dont la portée serait de 12 000 kilomètres, mais qui, selon le ministre de la Défense Nazirzadeh, n’est pas encore entré en service opérationnel.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a démenti les affirmations du Premier ministre Benjamin Netanyahou après l’essai, selon lesquelles Téhéran travaillerait sur des missiles intercontinentaux lui permettant de menacer Washington et New York. Cependant, Ahmad Bakhshaish Ardestani, membre de la commission des Affaires étrangères et de la Sécurité du Parlement, a confirmé cette information. Dans une interview accordée aux médias iraniens, il a déclaré que le Guide suprême, Ali Khamenei, avait supprimé la limite antérieure qui maintenait la portée des missiles iraniens à moins de 2 200 kilomètres, et que l’Iran développait désormais son programme de missiles autant qu’il le souhaitait, car il devait renforcer ce qu’il a qualifié de sa principale puissance militaire, à savoir son programme de missiles.
Parallèlement, le scientifique nucléaire Mahmoud Reza Aghamiri, président de l’Université Shahid Beheshti de Téhéran, pays sous sanctions américaines et européennes en raison de ses liens avec le programme nucléaire, a déclaré la semaine dernière que si l’Iran était un jour contraint de fabriquer la bombe atomique, il pourrait y parvenir. Il a ajouté que l’Iran avait la capacité et les ressources nécessaires pour développer des armes nucléaires, mais qu’il n’en avait pas l’intention.
Installations nucléaires iraniennes (Archives), Photo : AFP
Troisième signe inquiétant en provenance d’Iran : parallèlement aux deux précédentes initiatives, Téhéran affiche sa détermination à reconstruire son réseau de relais malgré les changements majeurs provoqués par la guerre au Moyen-Orient. Comme l’a révélé le compte rendu en persan du Mossad sur X, Abdollah Saberi a été nommé à la tête de la branche palestinienne de la Force Al-Qods pour remplacer Saeed Izadi, éliminé lors de l’opération « Lion insurgé ». À ce titre, Saberi sera chargé de reconstruire le Hamas et le Jihad islamique dans la bande de Gaza, au Liban et en Syrie.
Saberi devrait s’appuyer sur l’unité 840 de la Force Qods, l’unité responsable des opérations spéciales que ces dernières années Tsahal et le Shin Bet ont déjouées dans leurs tentatives de faire passer en contrebande des armes de pointe et révolutionnaires aux acteurs terroristes en Judée-Samarie ; sur l’unité 340, l’unité d’assistance technique de la Force Qods qui fournit un savoir-faire et des équipements technologiques aux réseaux régionaux iraniens ; et sur l’unité 190, qui est responsable de la contrebande d’armes au réseau, dont le commandant Henam Al-Hiryari a également été tué lors de l’opération Am Kelavi.
Le traumatisme est toujours là
Cette tendance se reflète également dans la réponse de la République islamique au message transmis récemment par le président russe Vladimir Poutine, de la part du Premier ministre Netanyahou, selon lequel Israël n’a pas l’intention de reprendre la guerre contre l’Iran. Le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré que les forces iraniennes restaient en état d’alerte face à la possibilité d’une reprise de la guerre, car il s’agit très probablement d’une tromperie israélienne.
Parallèlement, afin de freiner la chute brutale de la monnaie nationale et d’apaiser les troubles susceptibles de déclencher des manifestations, le régime adresse des messages d’apaisement à sa population. Des responsables de la sécurité ont déclaré aux médias que l’ennemi n’oserait pas reprendre la guerre et que la probabilité d’une telle reprise était faible. Le chef d’état-major des forces armées, Mohammad Bagheri, et le commandant en chef du CGRI, Mohammad Pakpour, ont souligné dans des déclarations aux médias que les forces iraniennes étaient pleinement prêtes à affronter avec force toute menace ou agression.
Néanmoins, les camps modérés et réformistes remettent en question sa politique, comme en témoignent les vives critiques suscitées par le refus du président Pezhakian d’assister à un sommet organisé par Trump à Charm el-Cheikh. Selon eux, sa participation aurait pu ouvrir la voie à une reprise des négociations avec les États-Unis et à un apaisement des tensions. Cependant, compte tenu de la profonde méfiance et du manque de confiance de Khamenei envers Trump, il semble que, pour l’instant, le dirigeant iranien continuera de poser des conditions strictes à la reprise des négociations et prônera une politique conçue pour résister à l’ère Trump.
À la lumière de ces développements, Israël devrait se préparer à l’éventualité d’un retour de l’Iran en Syrie, notamment dans un scénario où Khamenei serait convaincu par des responsables radicaux appelant au développement d’armes nucléaires. La tentative de l’Iran de moderniser son programme de missiles et de restaurer l’« Axe de la Résistance » démontre une fois de plus que Téhéran restera au cœur des calculs stratégiques d’Israël.
Le soutien national au développement de l’arme nucléaire, l’isolement international croissant de l’Iran, les missiles que Téhéran tente de développer contre l’Occident et, pour l’instant, la fin de la guerre de Gaza sont autant d’occasions pour Israël de renforcer son partenariat stratégique avec les États-Unis sous la présidence Trump. Israël devrait donc s’efforcer d’élargir ce partenariat aux principaux États européens, ce qui permettrait de développer une large coopération contre l’Iran, d’intensifier la pression sur Téhéran et de légitimer toute action cinétique et économique contre lui.