À Khan Younès, une attaque coordonnée de combattants du Hamas a frôlé la catastrophe pour l’armée israélienne avant d’être enrayée par la réaction de la brigade Kfir. L’épisode, survenu en plein jour, éclaire un double visage du terrain : une guérilla tenace, structurée et inventive côté Hamas ; une bravoure tactique côté troupes au contact, contrastant avec des angles morts persistants du renseignement.
Car à Khan Younès, le Hamas conserve une infrastructure aguerrie qui défie les forces israéliennes. Les derniers mois ont été marqués par une série d’actions asymétriques : engins explosifs improvisés, dispositifs placés en hauteur pour atteindre les commandants exposés en tourelle, raids contre des véhicules blindés. On se souvient de l’attaque contre un Puma du 605e bataillon du génie de combat — qui a coûté la vie à un officier et à six soldats —, ou encore de l’attaque contre un véhicule Tigre de la patrouille Golani, où un officier et un soldat ont été tués. Dans cette guerre d’usure, l’initiative revient souvent à ceux qui choisissent le moment et le terrain.
Si l’échec d’anticipation est patent, le volet tactique a, lui, déjoué le pire. Prévenus par leur propre vigilance, les combattants de Kfir ont engagé un combat rapproché, neutralisant au moins dix assaillants et en blessant d’autres. Leur détermination, improvisation et maîtrise du feu ont évité un bilan autrement plus lourd. Ce contraste — performance au sol, carence en amont — résume la leçon du jour : sans capteur, l’épée frappe à l’aveugle.
Les suites devraient être immédiates : enquêtes croisées de Tsahal et des services de défense, audit des capteurs ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance), remaillage des sources humaines, actualisation des cartes de tunnels et des procédures de contre-guérilla. La 36e division, au cœur du dispositif, devra conjuguer contrôle de zone, fouille méthodique et neutralisation des axes souterrains — faute de quoi, l’initiative restera du côté adverse.
Derrière les chiffres et les organigrammes, l’enjeu reste humain : des équipages en tourelle, des fantassins en progression, des sapeurs à l’ouvrage. Leur sécurité dépend d’une chaîne qui commence bien en amont du premier coup de feu. C’est pourquoi l’appel à un « remaniement » du renseignement vise moins une rotation de postes qu’un changement de posture : capteurs plus proches du terrain, boucles de décision raccourcies, diffusion rapide de l’alerte jusqu’au dernier trinôme.
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